Analyser avec réserve un résultat PCR positif pour P. multocida en hiver sur écouvillon nasal profond - La Semaine Vétérinaire n° 1608 du 05/12/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1608 du 05/12/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Claire Pelletier*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*laboratoire départemental d’analyses de Saône-et-Loire.

Des réserves sont à émettre concernant l’implication de Pasteurella multocida dans les bronchopneumonies infectieuses (BPI) des jeunes bovins en hiver, sur la seule base d’un résultat polymerase chain reaction (PCR) positif sur écouvillon naso-pharyngé profond (ENP). Tel est le résultat d’une étude présentée par Claire Pelletier, du laboratoire départemental d’analyses de Saône-et-Loire (LDA 71) à Autun (Saône-et-Loire) en octobre dernier.

LA PCR AUGMENTE LA PRÉVALENCE APPARENTE

En effet, l’utilisation de la PCR multiplex en temps réel depuis 2010 par le LDA 71, en remplacement d’outils traditionnels tels que la culture, a amélioré la sensibilité et la spécificité du diagnostic. Elle a également augmenté de façon significative la prévalence apparente des agents pathogènes impliqués dans les BPI, chez des veaux malades. Sept pathogènes peuvent être détectés simultanément par cette méthode : virus syncytial respiratoire bovin (BoRSV), virus para-influenza de type 3 (PI-3), coronavirus respiratoire bovin, Mycoplasma bovis, et trois Pasteurellaceae : P. multocida, Mannheimia haemolytica et Histophilus somni. La prévalence apparente de P. multocida passe ainsi de 18 à 51 %, celle de M. haemolytica de 8 à 20 %, celle de H. somni de 2 à 18 %, par exemple.

De plus, l’augmentation de la prévalence apparente de P. multocida et du coronavirus respiratoire bovin est surtout observée sur des ENP, alors qu’elle reste moindre sur des prélèvements plus profonds, tels que le liquide d’aspiration transtrachéale (ATT) et le tissu pulmonaire (contrairement au BoRSV et à M. bovis, davantage mis en évidence dans les poumons).

Ces derniers résultats posent la question de la validité du diagnostic par PCR sur ENP, prélèvement le plus souvent réalisé par les praticiens en raison de sa facilité, et sur l’implication de ces deux agents dans la maladie observée.

DIAGNOSTIC ÉTABLI POUR CORONAVIRUS

Une étude a alors été menée1 avec la réalisation d’ENP chez 54 veaux de races allaitantes issus de 7 cheptels différents (30 bovins de 5 troupeaux en été, 24 de 2 cheptels en hiver), âgés de 1 à 240 jours et cliniquement sains, et par analyse des prélèvements sur 4 séries de PCR. Elle révèle que tous les ENP sont négatifs pour le BoRSV, pour PI-3 et pour M. bovis. Un seul veau est positif pour coronavirus en hiver. Ces résultats concordent avec le statut cliniquement sain des animaux.

En revanche, 6 cheptels sur les 7 sont positifs en Pasteurellaceae, dont 4 en P. multocida. La prévalence en P. multocida dans les troupeaux varie entre 16,7 et 40 % en été (10 % au total) et entre 74,2 et 100 % en hiver (87,5 % au total). Les pasteurelles sont des bactéries commensales du naso-pharynx. L’atmosphère confinée des bâtiments en hiver expliquerait qu’elles soient retrouvées dans les échantillons.

Ces résultats ont été comparés à ceux des prévalences apparentes des mêmes agents obtenus sur 227 ENP de veaux malades (voir figure). Ils confirment l’implication des autres pathogènes lors de BPI et, notamment, la valeur diagnostique d’un résultat positif en PCR sur ENP pour le coronavirus respiratoire bovin.

Ainsi, contrairement au coronavirus, un résultat PCR positif en P. multocida en hiver et sur ENP ne suffit pas, à lui seul, pour conclure à une BPI liée à cet agent. En revanche, un résultat positif sur un liquide d’ATT présente une meilleure valeur diagnostique2.

  • 1 En collaboration avec le laboratoire Zoetis.

  • 2 Voir l’article intitulé « L’aspiration transtrachéale est un bon compromis lors d’affection respiratoire » dans La Semaine vétérinaire n° 1599, du 3/10/2014, page 60 (conférence de Renaud Maillard ; JNGTV 2014, Reims).

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