DANS LES KEYS, LES TORTUES ONT LEUR HÔPITAL - La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014

Reportage

Auteur(s) : Brice Charton

La Floride est célèbre pour la beauté de ses plages de sable blanc et sa faune marine. De nombreux animaux prolifèrent dans les eaux du golfe du Mexique et de l’Atlantique. Visite de l’hôpital des tortues sur l’île de Marathon, dans l’archipel des Keys, au sud de l’État.

L’hôpital est à la fois une structure avec plusieurs salles (d’accueil, de soins, de chirurgie, de radiographie et d’analyses) pour les tortues, mais aussi un centre ouvert au public afin de le sensibiliser à la cause de ces animaux. Le bâtiment était auparavant un motel.

Différentes atteintes prises en charge

« Les tortues qui nous sont amenées souffrent de différentes affections, ce qui rend notre travail intéressant, explique le directeur de la structure, Richie Moretti. Les plus communes sont les plaies provoquées par les hélices des bateaux ou les filets. Les collisions endommagent aussi les carapaces et génèrent des troubles de la digestion. La fibropapillomatose est une autre maladie récurrente. »

La fibropapillomatose est une maladie infectieuse dont le premier cas remonte à 1938. Cette atteinte néoplasique se caractérise par la présence de lésions prolifératives cutanées, simples et multiples. Les fibromes peuvent atteindre 30 cm de diamètre. Les fibropapillomatoses affectent essentiellement les tissus dits mous, tels que les nageoires, le cou, les régions axillaire, inguinale et cloacale. Les yeux et la cavité orale sont également fréquemment atteints. Les lésions présentent une grande diversité de tailles et de couleurs. Elles peuvent être planes, pédonculées, avec une surface verruqueuse et pigmentée ou rugueuse. Les couleurs varient du blanc au brun clair, elles sont souvent rosées. Ces grosseurs sont surnommées choux-fleurs du fait de leur aspect.

La mortalité des tortues marines avait baissé avec l’arrêt de la chasse à grande échelle. Cependant, certaines espèces n’en restent pas moins menacées. En effet, les pêches accidentelles dans les filets, le développement touristique sur les plages de pontes, le braconnage de celles-ci et la pollution marine avec les déchets flottants sont des ennemis redoutables pour les tortues.

Des résidents choyés

« Nous faisons suivre un régime riche en fibres aux tortues qui présentent des troubles de la digestion, décrit Johanna, qui dispense les soins. Une fois que leur estomac fonctionne à nouveau normalement, nous les remettons à l’eau. Concernant les plaies, nous utilisons des antiseptiques et du miel ».

Les troubles inhérents à la fibropapillomatose sont la diminution de la prise alimentaire, des dysfonctionnements organiques et, bien entendu, une gêne plus ou moins importante en termes de motricité. « Dans les cas précoces d’évolution, nous effectuons une exérèse sous anesthésie, poursuit le directeur. Nous pratiquons aussi l’intervention chirurgicale si les masses sont situées de telle façon qu’elles entravent l’activité normale de la tortue. L’une des plus grosses tumeurs que nous avons enlevées pesait 1,2 kg. Évidemment, nous ne pouvons opérer que celles externes. Les tumeurs internes sont, quant à elles, malheureusement presque toujours fatales. Nous les détectons en pratiquant des endoscopies. En effet, l’affaiblissement de l’état général des tortues provoque des désordres métaboliques importants et des affections systémiques. Cet hôpital est l’un des rares endroits au monde qui accepte les tortues porteuses de cette maladie. Nous conduisons des recherches en collaboration avec l’université de Floride depuis 1986. »

La plupart des tortues soignées à l’hôpital ont été trouvées soit flottant en mer, soit échouées sur les plages, par des touristes ou par des habitants. « Nous envoyons un bateau les repêcher. Sinon, lorsqu’elles s’échouent, les habitants nous les ramènent ou nous appellent. Nous possédons une ambulance qui permet de les récupérer. »

Certaines tortues ne pourront, hélas, pas être remises à l’eau. « Ce sont nos résidents permanents. Ils sont aujourd’hui au nombre de 11. C’est le cas, par exemple, de Bubble Butt, qui a été heurté par un bateau. Sa carapace a été déformée et une bulle d’air est apparue, ce qui la maintient à la surface de l’eau. Nous leur apprenons à nager avec des poids mais nous ne pouvons les remettre dans l’océan, car les accessoires finiraient par tomber ».

L’arrivée d’un nouvel animal

Lorsqu’une nouvelle tortue arrive, « nous l’amenons dans notre salle de soins pour enlever les algues et les coquillages qui pourraient se trouver sur la carapace, indique Johanna. Nous pesons alors la tortue, la mesurons, puis lui dispensons les soins les plus urgents. Nous effectuons une prise de sang, analysée sur place. Si besoin, nous utilisons la radiographie afin de visualiser d’éventuels corps étrangers. Lors de fibropapillomatose externe, nous vérifions la présence ou non des tumeurs internes. Nos soigneurs sont aptes à réaliser les petits soins, mais nous faisons appel aux vétérinaires pour diagnostiquer les maladies et pour opérer. Nous travaillons avec plusieurs praticiens spécialisés en chirurgie, les Drs Douglas Mader et Geri Diethelm, tous bénévoles. »

Sensibiliser le public

Des visites sont organisées, essentiellement pour les familles et les groupes scolaires, afin d’expliquer le fonctionnement de l’hôpital et le suivi médical. Les visiteurs ont la possibilité de nourrir les tortues, sous la surveillance des soigneurs bien entendu. Ils peuvent aussi assister à des interventions à travers la grande baie vitrée de la salle d’opérations.

Derrière le bâtiment principal se trouve une enceinte avec 23 réservoirs individuels. Ceux-ci sont répartis en deux sections : l’une est réservée aux tortues porteuses de la fibropapillomatose, l’autre pour toutes les autres maladies afin d’éviter les contaminations. L’ancienne piscine du motel permet aux résidents permanents qui ne peuvent être remis en mer de nager en toute sécurité. Enfin, deux réservoirs de près de 10 000 l garantissent de conserver des ressources lors d’ouragan.

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