Comment arrêter de courir après le temps ? - La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014

Dossier

Auteur(s) : Christophe Deforet

Vous avez le sentiment que des journées de 24 heures ne suffisent pas pour réaliser tout ce que vous avez à faire ? Vous avez constamment l’impression d’être en retard sur votre planning ? Vous êtes toujours pressé, remettez tout à demain ou prévoyez tout à l’avance ? Chacun entretient un rapport personnel avec le temps. Quel est le vôtre ?

Identifier les causes de sa difficulté à gérer le temps

Notre rapport au temps, le “temps psychologique”, est la perception la plus personnelle qui soit, car elle est la plus subjective. Les expériences d’isolement menées avec les spéléologues révèlent que ce temps psychologique a peu de liens avec notre horloge biologique interne.

Ce rapport ne se construit que vers l’âge de 8 ans, lorsque l’individu commence à acquérir la notion du temps qui passe. La capacité à se projeter dans l’avenir ou à revenir dans le passé est généralement acquise vers 12 ans. À partir de l’adolescence, l’expérience personnelle et les impressions subjectives lient intimement la notion de temps qui passe à la personnalité. Le temps social et les contraintes extérieures (horaires de cours, rythmes familiaux) permettent aux jeunes de se structurer petit à petit. Avec l’entrée dans la vie professionnelle, notre rapport au temps se stabilise, de manière très personnelle. Même s’il s’agit d’une expérience extrêmement subjective, il est toujours possible d’apprendre à mieux maîtriser celui-ci.

« Je suis trop perfectionniste »

Le vétérinaire doit, bien entendu, exercer son activité de façon rigoureuse, mais cela comporte des limites. Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Le temps dont chacun dispose au cours de la journée n’est pas extensible. Il convient de s’efforcer d’exercer certaines activités dans une durée limitée, tout en restant suffisamment consciencieux.

« J’attends toujours le dernier moment pour tout réaliser »

Vous êtes victime de procrastination. Ce comportement vous donne l’impression de courir en permanence, parce que vous faites tout au dernier moment. Anticiper les activités permet de se sentir plus à l’aise. Par exemple, préparer systématiquement le compte rendu de l’intervention chirurgicale ou d’hospitalisation lorsque le client est arrivé et que la salle d’attente se remplit, alors que le document aurait pu être établi avant, est peut-être un comportement modifiable.

« Je préfère faire plutôt que déléguer, c’est plus rapide »

Nous pouvons rencontrer des difficultés à confier certaines tâches à nos collaborateurs. Même s’il est parfois nécessaire de passer un peu de temps à expliquer celles-ci aux autres, cela permet à terme d’en gagner en se libérant de quelques contraintes. Il s’agit alors de définir la répartition des tâches entre les collaborateurs, selon leurs aptitudes.

« J’ai du mal à utiliser les nouvelles technologies »

Pour ceux qui n’appartiennent pas à la génération Y et qui ne sont pas parfaitement à l’aise avec les outils informatiques par exemple, il est possible, après un apprentissage (stage, initiation auprès de collègues ou d’amis), d’apprendre à mieux les utiliser pour, à terme, gagner du temps. Il est parfois utile, au départ, de confier ces tâches à un collaborateur plus habile dans le domaine.

« Les autres peuvent toujours compter sur moi, je suis toujours là pour faire les choses à leur place »

Ce côté “sauveur” peut finir par nuire à son possesseur. Chaque membre de l’équipe doit effectuer sa part du travail. Celui-ci gagne à être équitablement réparti, à la fois dans l’intérêt de la clinique, mais aussi pour l’évolution de chacun. Comment un jeune collaborateur apprendra-t-il une nouvelle tâche, si personne ne le laisse jamais la réaliser ? Travailler à sa place ne lui rend pas service et grève le budget “temps” du praticien.

Par ailleurs, les activités gagnent à être réparties de façon juste entre les associés, ne serait-ce que pour éviter des frustrations, préjudiciables à la bonne entente au sein de la structure.

« Je fais en priorité ce qui me plaît »

Nous avons tous spontanément tendance à effectuer ce que nous préférons en priorité. Ainsi, lorsqu’une tâche à exécuter vous rebute, vous trouvez mille autres choses, moins fastidieuses, à faire ! Cependant, il est souvent préférable de commencer par ce qui est le plus rébarbatif et demande le plus d’efforts, alors que vous êtes encore frais et dispos, plutôt que de le garder pour la fin de journée quand la fatigue est accumulée.

« Le téléphone absorbe tout mon temps »

Il est, certes, indispensable de consacrer suffisamment de temps aux clients. Cependant, certaines personnes excessivement bavardes justifient que les entretiens soient écourtés grâce aux techniques de communication adaptées (recentrage des propos, questions fermées, explication courtoise et justifiée de la nécessité d’interrompre la conversation, etc.). Par ailleurs, laisser les ASV filtrer les appels efficacement évite des interruptions chronophages.

« Je commence différentes tâches et j’ai ensuite des difficultés à les achever »

Si une tendance à l’éparpillement est en cause, la planification écrite se révèle d’un grand secours. Il est possible de réaliser une to-do list en hiérarchisant par semaine, puis par jour, les tâches à effectuer, et de s’astreindre ainsi à terminer un travail avant d’en commencer un autre.

« J’ai du mal à abandonner une habitude »

Certaines personnes sont réfractaires au changement, aux nouvelles méthodes pourtant susceptibles de se révéler bénéfiques sur le plan de la gestion du temps. Elles affichent alors des résistances qui, en y réfléchissant bien, ne sont que des excuses pour ne pas changer… La première étape est d’en prendre conscience !

Quelles actions mettre en place ?

Face à la procrastination

Vous remettez trop souvent à plus tard, et vous vous retrouvez donc souvent à gérer dans l’urgence certaines tâches lourdes qui auraient pu être réalisées à moindre coût de stress. Dans ce cas, c’est le poids des habitudes qu’il convient de parvenir à changer. En général, vous débutez un projet et, avant même de l’avoir terminé, vous en entamez un nouveau, en étant persuadé que vous trouverez le temps de tout achever un jour…

Il est pertinent de s’interroger sur le bénéfice secondaire de cette procrastination : est-ce une peur d’affronter l’échéance qui dévoilerait sa propre valeur ? En s’y prenant à la dernière minute, le risque est moindre. Il est toujours possible de se convaincre qu’avec davantage de temps, le résultat n’en aurait été que meilleur. Cette stratégie est susceptible de masquer une peur de la critique ou de l’échec. Il serait profitable, pour ces tâches lourdes, d’établir un planning des différentes étapes et du temps nécessaire pour les réaliser. Afficher le calendrier est une bonne façon de le visualiser et de se préparer mentalement à chaque phase. Penser à se féliciter, à chaque étape franchie, et s’offrir une activité réconfortante à la fin de la réalisation est une bonne méthode pour favoriser cette nouvelle démarche à l’avenir.

Concernant des tâches moins lourdes, le simple fait de les repousser à l’échéance ultime n’est que la conséquence d’une propension à réaliser ce qui est à effectuer dans un ordre qui n’est pas nécessairement le plus judicieux (voir encadré à droite). Ici encore, la planification avec des to-do lists, posées en évidence sur le bureau, dont il est possible de rayer au fur et à mesure les items, constitue une voie de progression.

Vous êtes toujours débordé

Si votre emploi du temps de loisirs est aussi rempli et planifié que votre agenda professionnel, il est temps de vous interroger sur cette frénésie d’activités, cette hyperactivité : vous donne-t-elle la sensation de vivre intensément ? Il peut s’agir aussi d’une fuite, d’une appréhension de se retrouver face à soi-même. Cette impression de maîtriser ainsi le temps vient peut-être d’une peur de l’avenir ou de la solitude.

Ressentir les premiers symptômes somatiques du stress (insomnie, migraines, troubles du comportement alimentaire) est le signal qui indique qu’il devient indispensable de marquer une pause. C’est le moment de s’accorder du temps pour ne rien faire, flâner, se relaxer et essayer d’être à l’écoute de ses propres désirs.

Vous êtes perfectionniste

Dans ce cas, il est nécessaire de se rendre compte qu’il n’est jamais possible de tout réaliser parfaitement. Si le temps consacré à une tâche est excessif, il faudra en abandonner d’autres ou les bâcler, ce qui n’est pas réellement en accord avec cette volonté de perfection. L’évidence de ce paradoxe doit amener à se donner des limites raisonnables dans la conscience professionnelle.

Vous vous faites voler votre temps

Si c’est le cas parce que vous voulez faire plaisir aux autres, la première étape est de se demander pourquoi tant de sollicitude envers autrui au détriment de vous-même. Existe-t-il un sentiment de culpabilité lié au plaisir personnel ? Est-ce votre éducation qui vous a inculqué le sens du sacrifice et de l’abnégation ? En prendre conscience est le premier pas pour chercher à se dégager de ce surmoi étouffant et réussir, petit à petit, à dire non à toutes les sollicitations qui empiètent sur votre temps.

La compensation de ce refus doit être agréable : s’accorder alors du temps pour soi, se faire plaisir. Il n’est possible de bien s’occuper des autres qu’à condition d’être en paix avec soi-même, centré sur ses propres besoins. Cela vaut également dans la vie privée, envers ses enfants notamment : leur consacrer tout son temps, sans s’accorder des moments pour se ressourcer, n’est pas leur rendre service. Des parents exténués et irascibles ne sont pas bénéfiques.

Chercher de l’aide auprès des autres et déléguer n’est pas votre nature profonde

Rechercher la cause de ce phénomène aide à s’en distancier : est-ce un manque de confiance dans ses associés et ses collaborateurs ? Par quoi est-il justifié ? Il peut juste s’agir de s’adresser aux bonnes personnes pour ce faire : la technique des petits pas permet de confier des tâches mineures tout d’abord pour s’assurer de la fiabilité de la personne, puis d’élargir la délégation si l’expérience est concluante. S’il est question d’une volonté de contrôle absolu, c’est alors sur le lâcher prise qu’il conviendra de se concentrer dans le cadre d’un travail de développement personnel. Faire appel aux autres n’est pas une faiblesse, mais au contraire une façon d’augmenter son efficacité personnelle, donc sa force.

Quel que soit votre profil, l’affirmation « je n’ai pas le temps » devrait ainsi, selon les situations et les personnalités, être remplacée par la question « comment vais-je trouver le temps pour… ? ».

Cette liste n’est, bien entendu, pas exhaustive. Chacun peut trouver les freins à son efficacité professionnelle qui lui sont propres. Une fois ceux-ci identifiés, il devient plus facile d’y remédier.

RESTER AU MIEUX DE SA FORME PHYSIQUE ET MORALE

Comment est-il possible d’être efficace pour bien organiser sa journée et disposer au mieux de son temps en étant épuisé dès l’arrivée à la clinique ?

Il est indispensable de s’accorder suffisamment de repos et de détente hors de cette dernière. Certes vous avez des contraintes dans votre vie privée qui sont également chronophages (qui occupent le temps que vous devriez consacrer à vous-même). Mais sont-elles toutes réellement incontournables ?

Le trajet domicile-travail ampute une partie de votre repos ? Des solutions existent peut-être pour le rendre moins contraignant (transport en commun où il est possible de se reposer ou de lire, aménagement des horaires de travail). Votre vie de famille ne vous laisse aucun répit ? Est-il indispensable de passer votre jour de congé à conduire les enfants à droite et à gauche dans de multiples activités ? Là encore, des aménagements, avec d’autres parents par exemple, ou des changements d’activités permettraient sans doute de vous ménager des moments pour vous, afin de vous ressourcer. Avoir une activité sportive régulière permet, en outre, d’arriver plus en forme au travail, de mieux dormir et d’éviter le surmenage qui donne l’impression que les journées de travail sont trop pénibles.

Il faut parfois s’arrêter de courir dans tous les sens, se poser et réfléchir à des aménagements de vie qui seront bénéfiques pour tout le monde : conjoint, enfants, associés, collaborateurs et surtout pour vous-même !

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