Anses et DGAL émettent leurs recommandations

Suite aux récents foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N8 confirmés en l’espace de deux semaines dans des élevages de volailles fermés en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni¹, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le 17 novembre. Objectif : évaluer le niveau de risque d’introduction en France du virus IAHP H5N8, via l’avifaune, et le risque potentiel pour la santé publique lié à cette circulation virale. L’Anses a rendu public son avis le 21 novembre².

À la première question, les scientifiques du groupe d’expertise collective d’urgence (Gecu) répondent que plusieurs arguments sont en faveur d’une contamination des élevages par l’avifaune migratrice, et ce pour plusieurs raisons :

– la forte proximité phylogénétique des virus isolés en Europe avec des souches coréennes détectées dans des élevages et chez plusieurs espèces d’oiseaux sauvages en République de Corée, où l’avifaune a joué un rôle dans l’émergence et la diffusion des virus IAHP H5N8 en 2014 ;

– la période actuelle de pic migratoire des oiseaux d’eau, en particulier des anatidés, avec des migrations du nord-est au sud-ouest en Europe. Les migrations des canards, des oies et des cygnes sont actuellement maximales ou proches de leur niveau maximal ;

– enfin, la quasi-simultanéité des trois foyers paraît incompatible avec un phénomène d’amplification virale à partir du premier foyer chez des dindes en Allemagne.

Risque « modéré à plus élevé » en France

Ainsi, compte tenu de l’hypothèse estimée la plus probable, le Gecu considère que le niveau de risque d’introduction d’un virus IAHP H5N8 est « au minimum modéré » sur l’ensemble de la France métropolitaine (y compris la Corse). Il est, en outre, actuellement plus élevé dans toutes les zones à risque particulier (prioritaires et complémentaires) listées à l’annexe 7 de l’arrêté ministériel du 24 janvier 2008³, dans la mesure où, durant cette période de pic migratoire, quasiment toutes ces zones accueillent et sont occupées par des oiseaux migrateurs.

Concernant le risque pour la santé publique, les experts estiment que « bien que la probabilité de survenue d’une transmission à l’homme ne puisse être déterminée avec précision, le fait qu’aucun cas n’ait été recensé en Asie malgré un nombre probablement élevé de personnes exposées, et le fait que ce virus présente des caractéristiques typiquement aviaires conduisent à estimer la probabilité de survenue de cas humains dus au virus actuel, dans la population générale, comme minime, mais elle ne peut être totalement exclue pour des personnes travaillant au contact de volailles infectées, voire de l’avifaune infectée ».

Le Gecu rappelle que le risque de transmission à l’homme d’un virus IAHP H5N8 (comme des autres virus influenza aviaires) par la consommation de volailles peut être considéré comme nul à quasi nul.

Le Gecu recommande un renforcement de certaines mesures de biosécurité dans les élevages (protection de l’alimentation, de l’eau par rapport à un accès par des oiseaux sauvages et interdiction des eaux de surface) et de la surveillance événementielle dans l’avifaune.

Surveillance préconisée par la DGAL

De son côté, la DGAL précise, dans une récente note d’instruction⁴, qu’au moment des notifications des foyers dans ces trois pays, les taux de mortalité apparente variaient de 1 % (pondeuses) à 6 % (dindes et canards). Elle préconise les critères suivants de signalement aux directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).

→ Pour les petits élevages (moins de 100 oiseaux) : les cas d’augmentations inexpliquées de mortalité ou les symptômes de maladie grave.

→ Pour les autres élevages : les hausses de mortalité de plus de 4 % (toutefois une hausse de mortalité inférieure à ce seuil mais évoluant défavorablement dans le temps est un signe d’appel); les baisses de plus de 50 % sur une journée, ou de plus de 25 % par jour de la consommation d’eau ou d’aliment; ou encore les chutes de ponte de plus de 15 % sur une journée ou de plus de 5 % par jour sur trois jours consécutifs.

La DGAL rappelle que la détection d’une suspicion d’IAHP doit faire l’objet d’une notification immédiate à la Mission des urgences sanitaires de la DGAL par un message électronique à l’adresse : alertes.dgal@agriculture.gouv.fr doublé par un appel téléphonique au : 01 49 55 52 46 ou 50 85 ou 84 05 ou 81 91, et en dehors des heures ouvrables au 0149555869.

• 1 Voir la Semaine Vétérinaire n° 1606 du 21/11/2014 en page 22.

• 2 https://www.anses.fr/sites/default/files/documents/SANT2014sa0239.pdf

• 3 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000017991360#LEGIARTI000018259679

• 4 Note d’instruction DGAL/SDSPA/2014-902 du 19/11/2014.