Nouveaux indicateurs de déficit énergétique chez la vache laitière en peripartum - La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Guillaume Forgeat*, Lorenza Richard**

Le déficit énergétique en peripartum s’évalue différemment selon le moment : par le dosage des acides gras non estérifiés (AGNE) prepartum, qui élargit le panel à la disposition du praticien pour détecter précocement les animaux à risque de développer une cétose subclinique, et par celui du béta-hydroxybutyrate (BHB) postpartum. Lors du peripartum (3 semaines avant à 3 semaines après le vêlage), les besoins énergétiques des vaches laitières sont doublés voire triplés, et réorientés du fœtus vers la mamelle. Toutefois, les apports alimentaires sont limités par une baisse des capacités d’ingestion et le quart des besoins énergétiques ne seraient pas couverts à l’entrée en lactation. Guillaume Forgeat, praticien à Digoin (Saône-et-Loire) recommande de distinguer ces deux périodes pour détecter un risque de cétose.

Avant le vêlage

Chez les vaches taries, un seul test est conseillé : le dosage du taux d’AGNE sanguin, dont l’augmentation met en évidence une lipomobilisation excessive. Un appareil portable permet de mesurer directement les AGNE en clinique (DVM Nefa Test(r)1). Une étude menée chez 96 vaches laitières de la Bresse (Saône-et-Loire) durant l’hiver 2012-2013 révèle :

– une excellente corrélation entre les taux d’AGNE dosés avec ce lecteur et ceux déterminés par le laboratoire (avec une légère surestimation, qui reste linéaire) ;

– que le taux d’AGNE mesuré dans les 10 jours avant le vêlage permet de prédire un risque de cétose après celui-ci, avec un seuil de 0,29 mmol/l.

Le pic de concentration des AGNE intervient avant le repas. Il est donc préférable de se rendre dans les élevages toujours à la même heure. Pour la mise en évidence d’un problème à l’échelle d’un troupeau, il est nécessaire de prélever 10 % des animaux (avec un minimum de 12 vaches), 10 jours avant la date prévue du vêlage. Les échantillons peuvent être con­gelés au fur et à mesure des prélèvements si besoin jusqu’à l’obtention du nombre suffisant. Le seuil maximal retenu est de 0,3 mmol/l (sensibilité de 77,3 %, spécificité de 73,9 %).

Notre confrère nous invite à oublier le dosage du BHB avant le vêlage, car son augmentation est consécutive à celle des AGNE et à l’amaigrissement, donc survient en début de lactation. Il en est de même pour celui du glucose : en effet, aucun lien n’est établi entre la glycémie et la cétose.

APRÈS LE VÊLAGE

Chez les vaches fraîches vêlées, en revanche, le dosage du BHB (corps cétonique le plus intéressant à doser car il est le plus stable) reste le plus pertinent (gold standard).

BHB sanguin

Le dosage est réalisé dans les 3 semaines post-partum, chez 10 % des animaux avec un minimum de 12 vaches pour une évaluation au niveau d’un troupeau. Il ne doit pas être effectué sur des prélèvements à la veine mammaire, où les taux sont significativement inférieurs à ceux réalisés à la veine jugulaire ou caudale. Le pic de concentration se situe dans les 4 à 5 heures qui suivent le repas. Le seuil est de 1 à 1,4 mmol/l selon les auteurs et les affections évaluées. Le seuil d’alerte du troupeau est atteint lorsque 10 % des animaux présentent une concentration supérieure à 1,4 mmol/l (seuil individuel supérieur à 1,2 mmol/l). Le lecteur portable Optium Xceed tend à surestimer la valeur lorsque les échantillons sont froids. C’est pourquoi le seuil troupeau à utiliser est plutôt de 1,4 mmol/l (sensibilité de 90 % et spécificité de 98 %).

BHB dans l’urine

Les taux sont deux à quatre fois supérieurs à ceux du sang. Le seuil retenu avec le kit Ketastix(r) est de 4 mmol/l. Toutefois, ce test entraîne de nombreux faux négatifs, qui coûtent cher à l’éleveur. Les bandelettes doivent être lues en cinq à dix secondes au maximum pour être interprétables.

BHB dans le lait

La concentration est moins importante et la corrélation plus ou moins bonne. Le freestyle Optium ne donne pas de bons résultats sur le lait et ne doit être utilisé que sur le sang. Les bandelettes Ketolac(r) ou Ketotest(r) ont un seuil de 0,1 mmol/l, mais de faux positifs existent. Les documents de l’élevage ne sont, en outre, pas à négliger : contrôle laitier, rapport taux butyreux sur taux protéique, note d’état corporel, etc. Enfin, un index est actuellement en cours de développement : IDEC (index de déficit énergétique et de cétose). Il doit être validé à VetAgro Sup afin d’être intégré aux résultats du contrôle laitier.

  • 1 Un appareil équivalent, proposé par Elanco, sera utilisable en ferme.

Pour en savoir plus

Forgeat G., Commun L. Indicateurs biochimiques utilisables pour la mise en évidence d’un déficit énergétique chez la vache laitière lors du peripartum : acquis et nouveautés. Proceedings 24es rencontres GTV Rhône-Alpes VetAgro Sup. Marcy-l’Étoile. 2014:24-39.

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