Face aux inquiétudes, le ministère tente de rassurer - La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014

Congrès de l’Avef et rencontres syndicales

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Auteur(s) : Marine Neveux

Les journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) étaient couplées aux rencontres syndicales cette année à Pau. Elles ont réuni près de 600 participants.

Je suis un client assidu, un fondu de chevaux et un père de vétérinaire, a déclaré en guise d’introduction François Bayrou, maire de Pau et éleveur de chevaux, lors du temps politique de ces rencontres. C’est principalement une vocation qui devient ensuite une profession intéressante, car l’animal est le contact avec la nature, quelle que soit l’espèce, que nous recherchons si profondément. »

« Assurer un périmètre économique »

Jean-Yves Gauchot, président de l’Avef, a alerté sur le burn-out et le suicide des vétérinaires équins, dont la détresse est accrue par l’exigence de la clientèle, des banques, des charges sociales, etc. Ces praticiens s’investissent fortement, avec des horaires hebdomadaires qui dépassent 60 heures, et aussi financièrement dans le matériel, sans que le retour soit la hauteur. « Nous sommes au bas de la rémunération des professions réglementées », a-t-il indiqué.

Ces confrères participent pourtant au maillage vétérinaire tant plébiscité. « En retour, vos vétérinaires n’ont pas été entendus par votre ministre », a souligné Jean-Yves Gauchot en interpellant notre consœur Anne-Laure Fondeur, représentante du ministère de l’Agriculture. Il a également été constaté que le décret sur l’ostéopathie et la dentisterie n’avait toujours pas été publié. Concernant l’acte vétérinaire, « une dérogation a été permise », a rappelé le président de l’Avef. « Nous souhaitons nous appuyer sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale », mais le service juridique du ministère « traîne des pieds. C’est dommage alors que d’autres veulent aussi élargir les dérogations à l’échographie, l’identification, etc. ».

Le Réseau d’épidémiosurveillance de la filière équine (Respe) est cité comme un modèle, mais « il n’est aucunement soutenu à ce jour par un financement public et il peine à trouver sa place et son équilibre économique », a déploré Jean-Yves Gauchot. Ce dernier a appelé à la mise en place d’une taxe pour pérenniser le financement.

Le président de l’Avef est également revenu sur la fin de vie des équidés. Sa prise de position sur le sujet, en septembre dernier, avait suscité des débats1, surpris des partenaires de la filière par son manque de concertation et les conséquences de tels propos médiatisés. Le débat n’est pas clos, ainsi que l’a illustré un groupe de représentants de la fondation Brigitte Bardot venu manifester leur mécontentement devant le palais Beaumont face à la position du président de l’Avef.

Enfin, « respecter notre profession revient à lui assurer un périmètre économique », a revendiqué Jean-Yves Gauchot. Il convient de « chercher la stabilisation des professions qui rendent service à la société ».

Les professions réglementées insultées

Pierre Buisson, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), a dressé avec amertume la conclusion d’un cycle de quatre ans avec ces rencontres syndicales. « Les faits sont têtus », les chiffres du budget de la santé animale ont été divisés par deux. « Nous avons donc échoué à conforter le rôle des libéraux dans des missions importantes », a-t-il martelé. Il évoque « les insultes faites aux professions réglementées, non démenties à ce jour ». Et de poursuivre : « Quelle mouche a piqué le gouvernement pour qu’il vienne humilier cette profession créatrice d’emplois ? »

Pierre Buisson a dénoncé l’étude de l’Inspection générale des finances, qui relève de la méthode du « micro-trottoir ». « Un appui de notre ministère de tutelle serait le bienvenu. » Notre confrère a aussi mis en exergue « le mépris affiché par nombre de nos interlocuteurs sur la médecine des animaux de compagnie », alors que la profession vétérinaire a une double compétence de médiateur et de garantie sanitaire, ce qui en fait l’acteur du concept One Health par essence. Il rappelle également « les coupes sombres » dans le budget des écoles vétérinaires, la gestion des cas de tuberculose réémergents ou résiduels où le SNVEL « a dû s’inviter de force. Cette zoonose évolue sur des modèles épidémiologiques inédits. Les vétérinaires sanitaires ne seront plus longtemps les victimes expiatoires ! ».

Les confrères préoccupés par la loi d’avenir agricole

Présente dans tous les esprits, la loi d’avenir agricole a été évoquée lors de plusieurs sessions des rencontres syndicales et des journées de l’Avef.

Dans son discours au ministre, Pierre Buisson a indiqué que les négociations autour de l’article 20, devenu 48, ont mobilisé beaucoup d’énergie. Un texte dont les « objectifs sont louables », a-t-il reconnu, et qui « innove par l’apparition d’une régulation économique de notre activité sans qu’une étude d’impact n’ait été faite au préalable ». Cette loi fait suite à celle portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne dans le domaine du développement durable (Ddadue) et contient aussi des évolutions sur les missions de l’Ordre. « N’est-il pas commode de renvoyer à notre Ordre la charge ? », a d’ailleurs interrogé Pierre Buisson.

Abordant le décret sur les antibiotiques critiques, celui-ci a en outre demandé s’il n’était pas d’abord temps de dresser le bilan du décret de 2007.

Le ministère de l’Agriculture veut rassurer

Dans une vidéo projetée devant l’assistance, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a mis en exergue l’engagement réciproque du ministère et de notre profession sur l’antibiorésistance : « Les chiffres montrent que nous avons progressé dans ce domaine et je me félicite de notre coopération. » Évoquant l’article 48 de la loi d’avenir : « Nous allons aussi dans la précision du cadre dans lequel nous inscrivons notre politique. Un cadre législatif avec des objectifs parfaitement calés, où vous vous êtes engagés et vous allez continuer à le faire ». Le ministre se veut rassurant : « Le débat sur le découplage est derrière, il n’y a pas d’inquiétude dessus. » Dans les couloirs et lors des discussions, le spectre de l’Europe n’apaise pas autant les confrères !

La représentante du ministère a renchéri avec ardeur par des propos rassurants : « Pour vous conforter (…), le gouvernement n’entend pas rouvrir les prérogatives liées aux professions réglementées, en particulier aux vétérinaires. » La question d’un éventuel découplage prescription-délivrance « est derrière nous ». La représentante du ministère a également expliqué que concernant « les ouvertures des professions de santé, la profession vétérinaire était déjà en avance sur le sujet avec la loi Ddadue. Donc, aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de relancer le débat ».

« Il n’est pas question de rouvrir les dits monopoles, cela n’a jamais été envisagé pour les vétérinaires ». Et de conclure : « J’ai bien entendu l’impression de mépris relatif aux professionnels des animaux de compagnie. Il s’agit d’une fausse impression. Aujourd’hui s’ouvre un débat, il faut absolument que vous en soyez les premiers acteurs. »

  • 1 Lire La Semaine Vétérinaire n° 1596 du 12 septembre 2014 en pages 16 à 18.

40 recommandations en antibiothérapie équine

Quarante mesures consensuelles ont été présentées lors de ce congrès. L’établissement de recommandations par consensus formalisé pour l’usage des antibiotiques est mené depuis plus de deux ans via un important travail qui rejoint la procédure méthodologique de la Haute autorité de santé1. Les mesures sur l’aérosolthérapie sont celles qui ont suscité le plus de débats, a indiqué Claire Scicluna, promotrice du projet. La troisième recommandation a posé la question de la difficulté d’application et concerne l’autorisation de prescription des antibiotiques critiques. « Nous serons surveillés, cette prescription d’antibiotique est un enjeu majeur de survie des cliniques, a expliqué notre confrère Laurent Mangold, copromoteur. La justification peut être tout à fait clinique, mais il faudra se poser les bonnes questions. »

« Nous allons mettre en place un outil de contrôle des consommations, a détaillé Claire Scicluna. Cette surveillance sera une des justifications de la surveillance. »

La mesure 12 concerne l’antibioprophylaxie. Laurent Mangold incite les confrères à expliquer au client ce que sont la pathologie de groupe et la prophylaxie, pour éviter l’antibioprophylaxie. « Il ne faut pas avoir peur d’appliquer des modèles bovins et ruraux à des écuries de chevaux, alors que nous avons la même problématique à gérer. » Concernant la mesure 17, « il ne s’agit pas d’arrêter les inhalations, mais d’arrêter de mettre des antibiotiques dans celles-ci ». En outre, la proposition 26 est présentée sous l’intitulé de proposition incertaine.

L’Avef et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) éditeront un document pour aider les confrères dans leur pratique.

1 Découvrez l’intégralité de ce texte en pages 46 et 47 de ce numéro.

Une médaille pour Pascal Ferey

À l’issue des discours, la profession a rendu hommage à Pascal Ferey (à gauche sur la photo), président de la fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) de Basse-Normandie pour son dialogue constructif avec la profession vétérinaire.

Pascal Ferey a reçu la médaille de la profession des mains de Pierre Buisson et de Michel Baussier, président du Conseil de l’Ordre des vétérinaires. La crise de la fièvre catarrhale ovine a été un événement « fort » et tendu pour le monde de l’élevage et les confrères. Les praticiens bourguignons s’en souviennent particulièrement !

Pierre Buisson et Michel Baussier ont félicité la démarche constructive de Pascal Ferey lors de cet épisode. « Nous avons travaillé ensemble, apporté des solutions à discuter au gouvernement, a rappelé Pascal Ferey, malgré des échanges animés sur l’acte vétérinaire, notamment dans le secteur équin, qui nous ont permis de régler un schisme vieux de 30 ans. » Il se félicite de l’originalité du système de santé animale français : « Il vaut mieux être un bovin en France qu’un être humain : en un quart d’heure, le premier a accès aux soins des animaux ! ».

Par ailleurs, le SNVEL a annoncé que quatre administrateurs ne se représentaient pas : il s’agit de nos confrères Claude Andrillon, Pierre Bonnemaison, Rémi Gellé et Hervé Hiard.

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