Dynamiques expérimentales de diffusion et d’excrétion du virus de la PPA chez des porcs domestiques - La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : Nathalie Devos

La peste porcine africaine (PPA) s’est diffusée depuis 2007, à partir de la Géorgie, à travers l’Europe de l’Est. Les dynamiques de propagation et d’excrétion de la souche virale qui circule actuellement dans certains pays touchés sont mal connues. Une récente étude1 a donc investigué les signes cliniques et l’excrétion virale chez des porcs infectés expérimentalement par la souche virale hautement virulente Georgia 2007/1, ainsi que chez des animaux contacts.

PROTOCOLE

De jeunes truies exemptes d’organismes pathogènes spécifiés (EOPS) sont étudiées à l’institut de Pirbright (Royaume-Uni), réparties en 4 groupes (A, B, C et D) dans des pièces séparées.

Dans chaque lot, des animaux sont inoculés par voie intramusculaire (inoculum de 102 HAD50 : 50 % hemadsorbing doses) : 5 sur les 10 du groupe A, 4 sur 12 dans les groupes B et C, et 3 sur les 6 du groupe D. Les autres constituent les sujets contacts. Les animaux sont examinés chaque jour. Afin d’évaluer la sévérité de la maladie, une liste de dix signes cliniques est définie avec l’attribution d’un score quantitatif. Les individus qui présentent une température rectale de plus de 40,5 °C durant 3 jours consécutifs ou qui expriment trois signes cliniques au minimum sont euthanasiés pour respecter les règles de bientraitance animale. Des échantillons de sang et de sérums sont collectés tous les 2 jours à J3 postinoculation, chez tous les animaux, et ce jusqu’à la fin de l’expérimentation. Des écouvillons oraux, nasaux et rectaux sont réalisés quotidiennement à partir de J2 postinoculation. Une titration virale et une polymerase chain reaction (PCR) quantitative sont effectuées sur le sang et les écouvillons. Une recherche d’anticorps spécifiques est entreprise dans les sérums. Les organes (cœur, reins, nodules lymphatiques, amygdales, rate, poumons) sont examinés après l’euthanasie.

RÉSULTATS

> Tous les animaux (inoculés et contacts) se révèlent sensibles à l’infection par la souche Georgia 2007/1 et développent une forme aiguë de la maladie. Les sujets inoculés (sauf un) sont euthanasiés à J9 postinoculation. Celui qui ne l’est pas survit 12 jours après l’inoculation expérimentale. Les animaux contacts sont euthanasiés entre J14 et J18 post­exposition.

> La majorité des porcs présentent une fièvre supérieure à 40 °C durant plus de 2 jours consécutifs, une perte d’appétit, de la léthargie et de la diarrhée.

Toutefois, les chercheurs observent une différence significative dans l’apparition temporelle des symptômes des différents individus. Ceux-ci se manifestent 3 à 4 jours postinoculation environ chez les sujets inoculés, versus 10 à 13 jours postexposition en moyenne pour les animaux contacts.

> Du virus infectieux est retrouvé dans le sang des animaux inoculés 3 à 4 jours postinoculation environ et son génome est détecté généralement 2 jours plus tard dans les écouvillons. Chez les animaux contacts, du virus infectieux est isolé dans le sang entre 10 et 14 jours postexposition environ et son génome est décelé quelques jours plus tôt dans les écouvillons. Les observations sont donc significativement différentes.

> Concomitamment à l’apparition des symptômes, les plus hauts titres viraux sont retrouvés chez tous les animaux dans le sang comparativement aux fluides nasaux et rectaux. Dans le sang, ils sont de 106 à 108 HDA50/ml versus 102 à 104 dans les écouvillons nasaux et rectaux, et significativement plus importants chez les inoculés.

> Même si des copies d’ADN viral sont détectées dans les écouvillons oraux, aucun virus infectieux n’y est isolé, alors qu’il est retrouvé occasionnellement dans les écouvillons nasaux et rectaux des différents groupes.

> La période infectieuse est également significativement différente entre les animaux inoculés et ceux contacts. Chez les premiers, du génome viral et du virus infectieux sont détectés dans le sang plus longtemps que chez les seconds, alors que l’inverse est noté pour les écouvillons oraux, nasaux et rectaux.

> Les anticorps spécifiques ne sont décelés que chez un seul animal inoculé expérimentalement (celui qui n’est pas euthanasié 9 jours postinfection), et ce 12 jours postinoculation.

DISCUSSION

Selon les auteurs, ce travail suggère que la souche virale Georgia 2007/1 possède un potentiel limité, dans un environnement contrôlé, de causer une infection persistante chez les porcs domestiques.

Cette étude souligne également le rôle du sang dans la transmission du virus, comme cela est également suggéré chez les sangliers. Or, en élevage, les bagarres entre les porcs sont parfois à l’origine de blessures cutanées, et l’écoulement de sang qui en résulte peut facilement contaminer l’environnement.

Les observations indiquent, en outre, que la détection du génome du virus de la PPA dans les écouvillons oronasaux se révélerait être un outil pertinent pour un diagnostic précoce.

  • Guinat C. et coll. Dynamics of African swine fever virus shedding and excretion in domestic pigs infected by intramuscular inoculation and contact transmission. Veterinary Research, 26/9/2014, 45:93. http://www.veterinaryresearch.org/content/45/1/93

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