Diagnostic précoce de la dysplasie de la hanche - La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1603 du 31/10/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters*, Alexandre Guillemot**

Points forts

– La radiographie traditionnelle est une méthode tardive de diagnostic de la dysplasie coxo-fémorale.

– Le test d’Ortolani et l’angle de réduction permettent un diagnostic à 6 mois.

– La détermination de l’indice de distraction est précoce et fiable dès 4 mois.

La dégénérescence arthrosique de l’articulation coxo-fémorale décrite dans la dysplasie de la hanche trouve son origine dans une laxité articulaire précoce, responsable d’une subluxation de la tête fémorale. Celle-ci entraîne, par des contraintes mécaniques, une déformation du rebord du cotyle qui aggrave la subluxation.

Le diagnostic précoce de la dysplasie de la hanche a une importance individuelle, mais aussi collective pour la sélection des reproducteurs. Cliniquement, une laxité articulaire peut être mise en évidence dès 3 à 4 mois, alors que les lésions radiologiques sont bien plus tardives. Le diagnostic précoce de la dysplasie coxo-fémorale par examen clinique selon la méthode conventionnelle ne peut être réalisé avant l’âge de 3 à 5 mois. La douleur induite par cette dysplasie n’est en général perceptible qu’à l’âge de 6 à 8 mois.

MÉTHODE CLINIQUE

Test d’Ortolani

La laxité ligamentaire de l’articulation est un signe précoce de dysplasie susceptible d’être mis en évidence par le signe d’Ortolani dès l’âge de 16 à 18 semaines, malgré 37 % de faux négatifs (voir tableau 1). Le test d’Ortolani se pratique sur un animal en décubitus latéral, le fémur perpendiculaire à la colonne. Le manipulateur se place derrière l’animal, une main tenant solidement le genou et l’autre posée sur la colonne, au niveau de la hanche. Il applique une pression légère dans l’axe du fémur en direction de l’acétabulum en effectuant une abduction. Le test est positif si un “cloc” se fait entendre à l’abduction, qui correspond au retour de la tête fémorale dans l’acétabulum après l’étirement capsulaire et ligamentaire. Ce test ne permet pas le diagnostic de dysplasie mais celui de laxité. Il est impossible de faire la part des choses entre les laxités passive et active.

Angle de réduction

L’angle de réduction est celui mesuré au moment de la perception du “cloc” entre le fémur et une ligne verticale qui passe par l’acétabulum (manipulation identique, animal en décubitus dorsal). Le degré de l’angle augmente avec l’étirement capsulaire et ligamentaire.

Selon une étude comparative1 sur 73 chiens de 6, 12 et 24 mois, la mesure de l’angle de réduction à 6 mois est la meilleure méthode pour prédire le risque de développer une dysplasie à 2 ans (voir tableau 2).

MÉTHODES RADIOGRAPHIQUES

Radiographie traditionnelle

L’examen radiographique se pratique indifféremment sur un animal anesthésié ou tranquillisé à condition de ne pas utiliser d’acépromazine. Le cliché standard est réalisé en décubitus dorsal, fémurs parallèles, rotules au zénith, bassin parfaitement de face, trous obturés et ailes iliaques parfaitement symétriques. Sur cette incidence, la congruence osseuse, le recouvrement et les surfaces articulaires sont analysées. La morphologie de la tête fémorale et la déformation (remodelage) de l’acétabulum sont des éléments à noter, ainsi que la présence d’arthrose coxo-fémorale. Cette technique est peu sensible autour de 6 à 10 semaines (89 % de faux négatifs) ou de 16 à 18 semaines (56 % de faux négatifs) pour prédire le développement de dysplasie.

INDICE DE DISTRACTION

Prise de clichés radiographiques

La détermination de l’indice de distraction (ID) nécessite la prise de trois clichés radiographiques.

– Le premier, standard, est effectué selon la méthode précédemment décrite.

–  Le deuxième est pris en compression : décubitus dorsal, grassets relevés et symétriques dans le plan sagittal et frontal, sans superposer les grassets et les têtes fémorales. Les grassets sont maintenus à 90° environ. La compression est réalisée au niveau des hanches à l’aide de deux coussins en mousse afin de forcer les têtes fémorales au fond de l’acétabulum. La distance entre ces dernières est mesurée et reportée sur le distracteur.

– La radiographie en distraction est réalisée en plaçant un distracteur de Vezzoni entre les cuisses afin de provoquer une abduction sur celui-ci et de sortir les têtes fémorales de leur acétabulum.

Les hanches et les grassets sont positionnés de la même manière que pour la vue en contrainte (grassets à 90°, parfaitement symétriques et hanches à 110° d’extension environ). Une adduction des hanches est effectuée en serrant les grassets l’un contre l’autre pour induire une subluxation des têtes fémorales. Le distracteur doit être en regard des acétabulums. Le déplacement latéral des têtes fémorales matérialise la laxité articulaire.

Calcul

L’indice de distraction est calculé selon la formule ci-dessous.

Interprétation

La valeur de l’indice de distraction permet d’évaluer le risque de développement de la dysplasie (voir tableau 3).

L’indice de distraction varie avec l’âge et la race : le berger allemand est plus laxe que le labrador ou le rottweiler, par exemple.

À 12 semaines, l’interprétation de ce test est difficile et non significative. Elle devient possible à partir de 24 semaines : la mise en évidence d’une subluxation radiologiquement visible permet un diagnostic précoce et prédictif dès 4 mois. La valeur prédictive de l’indice de distraction augmente entre 2 et 4 mois pour être effective vers 5 à 6 mois (voir tableau 4).

La radiographie standard, réalisée après l’âge d’un an, reste la seule méthode officiellement reconnue pour le dépistage de la dysplasie de la hanche, que ce soit en France ou aux États-Unis. En revanche, les assurances de santé commencent à utiliser les radiographies en distraction comme clause précoce pour les contrats de prise en charge.

  • 1 Gatineau M., Dupuis J., Beauregard G. et coll. Palpation and dorsal acetabular rim radiographic projection for early detection of canine hip dysplasia: a prospective study. Vet Surg. 2012; 41 (1):42-53.

ID=d/r

d = différence entre les clichés pris en compression et en distraction entre la distance du centre de l’acétabulum et le centre de la tête fémorale

r = rayon de la tête fémorale

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