Explorer le contexte global des cystites ?

Après avoir longtemps pensé qu’il étudiait une maladie vésicale, Tony Buffington, enseignant à l’Ohio State University (États-Unis), estime depuis une dizaine d’années, qu’il s’intéresse à une maladie affectant, entre autres, la vessie. Le professeur a développé cette approche au cours de sa conférence présentée le 24 sep­- tembre. Celle-ci a été suivie en direct sur Internet par près de 500 vé­térinaires de toutes nationalités¹.

Une atteinte fréquente, associée à de la comorbidité

Les atteintes de la vessie et/ou du tractus urinaire, notamment les cystites interstitielles, sont les motifs de demande de remboursement les plus fréquents auprès de la principale compagnie d’assurance américaine. Chez des chats vus plusieurs fois en consultation pour des cystites, après avoir vérifié l’absence d’une autre cause urinaire (urolithiase, néoplasie, infection, etc.), Tony Buffington propose d’envisager un « syndrome de Pandore  », expression choisie parce qu’elle « ne signifie rien, ne pointe pas un organe, une affection ou un ordre d’apparition en particulier, elle nous encourage à réfléchir de manière large ». Il insiste sur l’importance d’un examen clinique complet, qui met souvent en évidence d’autres signes associés à ceux urinaires : des troubles gastro-intestinaux, comportementaux, dermatologiques, etc., dont l’ordre d’apparition n’est pas prévisible, mais pour lesquels l’influence du stress est à suspecter.

Les chats atteints semblent présenter un cortex surrénalien atrophié, entraînant notamment une faible libération de cortisol après une hausse de la sécrétion d’ACTH (adrenocorticotrophic hormone). D’autres hormones pourraient être impliquées. Une imprégnation de cortisol in utero et un contrôle épigénétique de l’expression des gènes, lié à l’environnement (in utero et après la naissance), pourraient être en cause. Le conférencier appelle les praticiens à participer à une grande enquête épidémiologique, au moyen de questionnaires disponibles en ligne².

Une prise en charge multimodale

Utilisant l’image d’une « migraine dans la vessie » pour décrire la douleur ressentie, Tony Buffington recommande l’usage de buprénorphine lors d’atteinte aiguë, voire d’acépromazine. Les autres familles médicamenteuses n’ont pas montré leur efficacité (anti-inflammatoires stéroïdiens ou non, antispasmodiques, pentosane polysulfate de sodium). Il prescrit cependant de l’amitryptiline (antidépresseur tricyclique) comme alternative à l’euthanasie, pendant au moins 3 mois, voire plusieurs années, lorsque le chat ne répond pas aux modifications environnementales et que les propriétaires sont découragés. Le conférencier insiste sur le fait qu’« aucune molécule n’est suffisamment efficace pour contrer le stress de l’administration sur un chat terrorisé lorsqu’on lui fait avaler un comprimé » : il convient alors d’arrêter le traitement.

Modifier l’environnement du chat a une importance majeure pour gérer les facteurs de stress. Il importe de bien accompagner les propriétaires, car 6 mois sont en général nécessaires pour obtenir une normalisation. Impliquer les ASV permet un gain de temps appréciable. Enrichir l’environnement d’un chat passe par une alimentation adaptée (tenant compte des préférences individuelles), avec un mode de distribution qui l’encourage à rechercher sa nourriture (jouets distributeurs), dans un lieu exempt de source de conflit. Il en va de même pour l’accès à l’eau, à la litière, et pour les jouets, chaque chat ayant ses préférences.

• 1 La conférence est accessible pendant trois mois sur le site internet de Vétoquinol.

• 2 The Indoor Pet Initiative : http://indoorpet.osu.edu/