Antibiorésistance des bactéries isolées lors de mammite chez les ovins laitiers

Peu de données étaient disponibles sur la résistance aux antibiotiques des bactéries isolées lors de mammites chez les ovins. Un premier état des lieux a été présenté durant l’atelier “petits ruminants” des journées des GTV.

AVEYRON

Les souches de mammites cliniques, essentiellement aiguës ou suraiguës, isolées dans 50 éle­vages ovins laitiers représentatifs de ce bassin, en race lacaune, ont été analysées deux fois à sept ans d’intervalle, en 2003 et en 2010.

Staphylococcus aureus est l’agent étiologique principal. Il est isolé (seul ou avec un autre germe pathogène) dans près de deux tiers des cas (65 % et 61 % respectivement, en 2003 et 2010). Ensuite, les staphylocoques à coagulase négative (16 et 12 %), les pasteurelles (8 et 11 %), les streptocoques (7 et 10 %), E. coli (3 et 8 %) sont trouvés (^{voir graphique}). Il n’y a pas de différence significative entre les résultats des deux années.

Sensibilité aux antibiotiques

Pour Staphylococcus aureus, les résultats d’antibiogrammes réalisé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Lyon révèlent que :

> le pourcentage de souches résistantes à la céfoxitine, la streptomycine, la gentamicine, la florfénicol, l’érythromycine, la spiramycine, la tylosine, la tilmicosine, la tulathromycine, l’azithromycine, la lincomycine, la tiamuline, la rifampicine et l’enrofloxacine est inférieur à 2 % ;

> le pourcentage de souches résistantes à la pénicilline G est de 10 et 14 %, respectivement pour 2003 et 2010 ;

> le pourcentage de souches résistantes à la tétracycline est respectivement de 30 et 38 %, avec une distribution des diamètres d’inhibition nettement bimodale.

La proportion d’élevages où les souches sont résistantes aux antibiotiques autres que la pénicilline G et les tétracyclines est inférieure à 4 % (2003) et 3 % (2010). Des souches résistantes à la pénicilline G sont isolées respectivement dans 17 et 22 % des troupeaux, et dans 45 et 37 % pour la tétracycline. Une corésistance à ces deux familles d’antibiotiques n’est notée que dans quatre exploitations.

Le typage moléculaire révèle que la distribution des types spa évolue peu entre les deux années étudiées. Il ne permet pas de mettre en évidence de relation nette entre les phénotypes de résistance et les sous-types de S. aureus. Les souches résistantes appartiennent à plusieurs types spa (12/29 en 2003 et 5/17 en 2010) qui possèdent également des phénotypes sensibles.

PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

Les résultats d’antibiogrammes réalisés sur des laits issus de mammites (épizootiques et enzootiques) dans le secteur de production basco-béarnais sont un peu différents des précédents. La proportion de souches de Staphylococcus aureus résistantes à la pénicilline G est de 5 % pour des laits analysés entre 2007 et 2013, et légèrement supérieure pour les staphylocoques à coagulase négative. Durant la même période, le pourcentage de souches de S. aureus résistants aux tétracyclines varie de 21 à 25 % (selon la technique utilisée) et celui des staphylocoques à coagulase négative est de 32 %.

FRANCE

Les résultats d’antibiogrammes enregistrés par le Résapath sont peu nombreux chez les ovins. Ils concernent essentiellement des souches isolées lors d’affections digestives (E. coli), avec 34 à 40 % seulement de souches sensibles aux tétracyclines entre 2009 et 2012.

Dans ces trois zones (Aveyron, Pyrénées-Atlantiques, France), les tétracyclines font partie des classes d’antibiotiques vis-à-vis desquelles des germes à Gram + ou - présentent les fréquences de résistance les plus élevées. Elles constituent une famille d’antibiotiques largement utilisée chez les ovins. Leur spectre d’action est large, ainsi que leur diffusion dans l’organisme. Les tétracyclines sont éliminées sous forme active par voie urinaire. Leur mode d’action chez les bactéries est une inhibition réversible de la synthèse protéique. L’acquisition de résistance se fait essentiellement par transfert de gènes par le biais de plasmides ou de transposons entre bactéries (de même famille et genre, ou non), ou plus rarement par mutation. Actuellement, plus de 38 gènes sont connus pour la résistance aux tétracyclines. Ils codent pour des protéines de protection des ribosomes, d’altération de la perméabilité membranaire, de modifications de régulation de l’efflux, etc.

• Bergonier D. et coll. « Antibiorésistance acquise des staphylocoques chez les ovins. Usages et consommation des tétracyclines ». Proceeding des JNGTV 2014, 289-300
• Bergonier D. « Les mammites de la brebis laitière : diagnostic et maîtrise. Actualités sur la maîtrise des infections mammaires des brebis laitières », 2005. Intervet éd., 27-44.
• Bergonier D., Lagriffoul G. et Berthelot X. « Etiologie, épidémiologie et diagnostic des mammites ovines ». Bulletin des GTV. 2006;36:98-108.
• Burriel A.R. « Resistance of coagulase-negative staphylococci isolated from sheep to various antimicrobial agents. Research in Veterinary Science. 1997;63:189-190.
• Kunz F. et coll. « Antimicrobial resistance of Staphylococcus aureus and coagulase negative staphylococci isolated from mastitis milk samples from sheep and goats  ». Schweiz Arch Tierheilkd. 2011;153:63-69
• Roberts M.C. and Schwarz S. « Tetracycline and chloramphenicol Resistance Mechanisms », 2009. Antimicrobial Drug Resistance (DL Mayers Ed.), chapter 15, 183.