Place de l’échographie dans le dépistage et le suivi de la polykystose rénale féline - La Semaine Vétérinaire n° 1601 du 17/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1601 du 17/10/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Harriet Hahn*, Pascaline Pey**

Fonctions :
*assistante d’imagerie
**Service d’imagerie médicale, Chuva, ENVA.
***diplomate ECVDI, maître de conférences en imagerie médicale.
****Service d’imagerie médicale, Chuva, ENVA.

Points forts

– Le dépistage échographique est fiable à partir de 10 mois et va de pair avec un dépistage génétique.

– Un examen échographique négatif n’exclut pas le portage de la maladie et son développement ultérieur, d’où l’importance du dépistage génétique associé.

– Un suivi échographique est à réaliser tous les ans a minima chez les chats positifs, pour contrôler l’évolution et la gravité de la maladie, avec un suivi des paramètres rénaux et une analyse d’urine.

– La PKD se manifeste cliniquement à tout âge, mais le plus souvent chez le chat adulte (âgé de plus de 7 ans).

ÉTIOPATHOGÉNIE

La polykystose rénale féline est une maladie génétique qui touche principalement les chats persans et apparentés, tels que les exotic shorthair. Elle est aussi décrite de façon sporadique chez d’autres races, telles que le chartreux, le ragdoll ou le british shorthair1. Elle est la néphropathie héréditaire la plus fréquente chez le chat.

Cette maladie se caractérise par un nombre plus ou moins important de kystes dans le cortex et la médulla rénales. Elle s’accompagne dans un petit nombre de cas d’une polykystose hépatique et/ou moins fréquemment pancréatique. La polykystose rénale (PKD) progresse avec le temps, plus ou moins rapidement selon les chats atteints, et détruit progressivement le parenchyme rénal. Elle conduit dans la majorité des cas à une insuffisance rénale au-delà de 7 ans. La moyenne d’âge des chats symptomatiques d’insuffisance rénale atteints de PKD est de 12,2 ans, selon une étude menée en 2008 en Slovénie2.

Une origine génétique

Le gène impliqué est le gène PKD1. Cette maladie se transmet sur un mode autosomique dominant, sans différence entre les sexes. Un dépistage par test génétique existe depuis quelques années. Celui-ci est un moyen fiable de savoir si le chat est porteur du gène PKD1. Cependant, il ne fournit pas d’indication sur la sévérité et la progression de la maladie. Par ailleurs, d’autres gènes peuvent être impliqués. Ceux-ci ne sont donc pas détectés par ce test génétique spécifique. L’échographie joue alors un véritable rôle de dépistage et, surtout, de suivi.

Prévalence

En 2003, la prévalence de la PKD était de 41,8 % chez le persan et de 39,1 % chez l’exotic shorthair en France3. En 2006, l’étude de Wills4 menée en Angleterre met en évidence une prévalence de 31 % dans leur population de persans et apparentés. Cette valeur semble toujours d’actualité dans différents pays du monde (Chine, Brésil, Slovénie selon de récentes publications). Un dépistage rigoureux dans les élevages et la mise de côté des reproducteurs positifs est toujours indispensable à ce jour.

DÉPISTAGE ET SUIVI ÉCHOGRAPHIQUE

Le dépistage échographique de la PKD peut être pratiqué avec un bon degré de confiance chez le chat âgé de plus de 10 mois. L’étude de Biller5 révèle que la détection de la PKD s’effectue avec une spécificité de 100 % et une sensibilité de 91 % chez le chat de plus de 36 semaines (9 mois). Cette dernière diminue à 75 % chez le félin de moins de 16 semaines (4 mois). Cependant, le diagnostic peut être faussement négatif si les kystes sont de très petite taille ou si le manipulateur manque d’expérience.

L’examen échographique rénal du chat se réalise en décubitus dorsal (ou latéral). La tonte n’est pas obligatoire, mais elle est recommandée lorsque cela est possible. Les deux reins doivent être rigoureusement examinés, en coupes longitudinale, sagittale et transversale.

Description des lésions

Un kyste se présente comme une cavité anéchogène, de taille plus ou moins importante, avec un artefact de renforcement postérieur dû aux ultrasons qui ne sont pas réfléchis par le liquide contenu dans le kyste. Si la cavité paraît délimitée par une paroi épaisse ou contient un matériel échogène, la probabilité qu’il s’agisse d’un kyste est faible et un abcès est notamment à envisager. La taille des kystes varie de 1 mm à plus de 20 mm.

Interprétation des résultats

La présence d’un kyste au minimum sur l’un des deux reins permet de conclure à un dépistage positif. Cependant, chez le chat adulte atteint de maladie rénale chronique, il est possible d’observer des kystes rénaux d’origine dégénérative, souvent en petit nombre, couplés à d’autres signes d’insuffisance rénale chronique (rein de petite taille, hyperéchogène, atténuation de la distinction cortico-médul­laire, néphrolithes, etc.).

Lors de diagnostic positif, le nombre, la taille des kystes et la quantité du parenchyme rénal occupé par les kystes peuvent être relevés pour un suivi échographique précis de la maladie. Selon les estimations, si plus de 75 % du parenchyme rénal est kystique, la PKD risque d’entraîner une insuffisance rénale chronique.

La répétabilité du dépistage échographique de la PKD est évaluée dans l’article de Wills4. Elle est de 100 % lors du contrôle à un an, chez des chats diagnostiqués PKD positifs en échographie à un âge supérieur à 10 mois.

Par ailleurs, cette étude permet de souligner la progression de la maladie chez la grande majorité des chats de l’étude en l’espace d’un an. Celle-ci se caractérise le plus souvent par une augmentation de la taille des kystes6, moins fréquemment du nombre. Ainsi, un suivi échographique tous les ans a minima semble nécessaire chez les chats PKD positifs. Il est systématiquement à coupler à un suivi des paramètres rénaux et à une analyse d’urine.

  • 1 Volta A., Manfredi S., Gnudi G. et coll. Polycystic kidney disease in a Chartreux cat. J Feline Med Surg. 2010;12(2):138-40.

  • 2 Domanjko-Petric A., Cernec D., Cotman M., Polycystic kidney disease: a review and occurrence in Slovenia with comparison between ultrasound and genetic testing. J. Feline Med Surg. 2008;10(2):115-9.

  • 3 Barthez PY, Rivier P., Begon D. Prevalence of polycystic disease in Persian and Persian related cats in France. J. Feline Med Surg. 2003;5(6):345-7.

  • 4 Wills S.J., Barrett E.L., Barr F.J. et coll. Evaluation of the repeatability of ultrasound scanning for detection of feline polycystic kidney disease. J. Feline Med Surg. 2009;11(12):993-6.

  • 5 Biller D.S., Dibartola S.P., Eaton K.A. et coll. Inheritance of polycystic kidney disease in Persian Cats. J. Hered 1996.87(1):1-5.

  • 6 Eaton K.A., Biller D.S., DiBartola S.P. et coll. Autosomal dominant polycystic kidney disease in Persian and Persian-cross cats. Vet Pathol. 1997;34(2):117-26.

Les auteurs remercient le service d’anatomie-pathologique de l’ENVA pour leur aide diagnostique précieuse et leurs illustrations.

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