Souches atypiques de Chlamydia chez le poulet - La Semaine Vétérinaire n° 1599 du 03/10/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1599 du 03/10/2014

Entreprise

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Lorenza Richard*, Karine Laroucau**

Fonctions :
*Anses, laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort (Val-de-Marne)

Plusieurs études mettent en évidence la présence de nouvelles souches atypiques de Chlamydia en France et dans différents pays, notamment chez le poulet. La synthèse des résultats de ces récentes publications a été présentée lors des dernières journées de la recherche avicole à La Rochelle (Charente-Maritime).

Le premier isolement de souches atypiques de Chlamydia est consécutif à des investigations vétérinaires menées dans un abattoir de volailles où des cas de pneumopathies atypiques ont été recensés chez trois membres du personnel.

DES SOUCHES APPARENTÉES MAIS DIFFÉRENTES

Des écouvillons cloacaux sont réalisés sur 16 lots de volailles (12 de poulets, 1 de canards, 3 de pintades) appartenant à des élevages clients de l’abattoir, dont 9 lots de poulets issus d’un même groupe de reproducteurs, ainsi que sur 8 lots (poulets et pintades) détenus par le propriétaire de l’abattoir, lui-même malade.

Une analyse à l’aide d’une polymerase chain reaction (PCR) en temps réel permettant la détection de l’ensemble des Chlamydiaceae met en évidence la présence de la bactérie dans 14 lots, en l’absence de tout signe clinique chez les volailles analysées. Six lots de poulets sont fortement excréteurs, avec la quasi-totalité des animaux testés positifs (100 % pour cinq d’entre eux, 90 % pour le sixième).

Les échantillons diagnostiqués positifs sont de nouveau analysés à l’aide d’une PCR spécifique à l’espèce C. psittaci, majoritairement présente chez les oiseaux et responsable de la chlamydiose aviaire, zoonotique, et susceptible d’être à l’origine des infections humaines observées. Toutefois, les résultats de ce génotypage sont positifs dans un seul lot, celui constitué de canards.

D’autres espèces de Chlamydia sont déjà mises en évidence de façon anecdotique chez les oiseaux (C. abortus, C. muridarum, C. pecorum, C. suis et C. trachomatis), mais les Chlamydia détectées chez ces poulets ne correspondent à aucune des espèces décrites à ce jour. Afin d’isoler ces souches, des prélèvements sont mis en culture par inoculation sur des œufs embryonnés de poules. Six souches atypiques apparentées, mais différentes, sont isolées. Le séquençage partiel d’un gène ribosomal (ARNr16S) et d’un autre codant pour une protéine de la membrane externe (ompA) montre que ces souches ont des séquences ARNr16S pratiquement identiques, mais que celles ompA sont toutes différentes.

Le lot de reproducteurs unique, dont sont issus les animaux des différents élevages analysés, se révèle négatif par PCR ciblant l’ensemble des Chlamydiaceae. Il ne semble ainsi pas être à l’origine de l’infection. La présence de ces chlamydia atypiques s’expliquerait davantage par une contamination environnementale. Des investigations supplémentaires sont en cours pour analyser l’environnement des oiseaux dans les différents élevages.

UN POUVOIR ZOONOTIQUE SUSPECTÉ

D’autres prélèvements issus de poulets français, slovènes, croates, grecs et chinois ont été analysés à l’aide, d’une part, d’une PCR en temps réel qui permet la détection de l’ensemble des Chlamydiaceae, d’autre part, d’une PCR spécifique de souches atypiques. La caractérisation des bactéries à partir de lots de poulets de ces différentes provenances met en évidence ces souches atypiques dans de nombreux lots de poulets, partout où elles sont recherchées.

Depuis ces études, trois souches dont la pathogénicité est à déterminer ont été décrites chez les oiseaux1 : C. gallinacea, mise en évidence chez des volailles, C. avium, chez le pigeon, C. ibidis, chez l’ibis.

De plus, même s’il est suspecté, le pouvoir zoonotique de ces nouvelles bactéries n’est pas encore établi. Les signes cliniques présentés par les trois employés de l’abattoir (forte fièvre et symptômes pulmonaires) étaient semblables à ceux décrits lors de psittacose, mais ils ne sont pas spécifiques d’une infection à Chlamydia. Les outils sérologiques ne permettent actuellement pas de différencier une infection à C. psittaci d’une autre par une souche atypique. Le personnel qui manipule les volailles doit prendre les mêmes précautions que celles recommandées pour limiter les risques d’infection par C. psittaci.

  • 1 Sachse K., Laroucau K., Riege K. et coll. Evidence for the existence of two new members of the family Chlamydiaceae and proposal of Chlamydia avium sp. nov. and Chlamydia gallinacea sp. nov. Systematic Applied Microbiol. 2014;37:79-88.

Pour en savoir plus

> Laroucau K., Vorimore F., Aaziz R. et coll. Isolation of a new chlamydial agent from infected domestic poultry coincided with cases of atypical pneumonia among slaughterhouse workers in France. Infect Genet Evol. 2009;9:1240-7

> Zocevic A., Vorimore F., Marhold C. et coll. Molecular characterization of atypical Chlamydia and evidence of their dissemination in different European and Asian chicken flocks by specific real-time PCR. Environ Microbiol 2012;14(8):2212-22.

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