Vers l’interdiction de l’antibioprévention - La Semaine Vétérinaire n° 1594 du 29/08/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1594 du 29/08/2014

Entretien avec Olivier Debaere

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SOCIOPRO

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Avant l’été, l’Anses a rendu un rapport et donné un avis sur l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire. Olivier Debaere (ISPV), en charge du dossier à la Direction générale de l’alimentation, en explique le retentissement.

Quelles suites seront données au rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ?

Le message clé à retenir du travail de l’Anses concerne l’interdiction de l’utilisation d’antibiotiques à titre préventif, à l’exception de quelques cas particuliers. Les familles de molécules et les prescriptions qui demandent un encadrement, en métaphylaxie et pour un usage curatif, seront définies. Par exemple, une interdiction pourrait concerner les antibiotiques à usage humain. L’emploi de certains antimicrobiens pourrait être conditionné à une obligation de réaliser un examen clinique ou des examens complémentaires (antibiogramme, isolement des bactéries pathogènes). Les familles de molécules visées en priorité seront vraisemblablement les céphalosporines de dernières générations et les fluoroquinolones.

Comment cela va-t-il se passer ?

Les recommandations de l’Anses seront intégrées aux réflexions et aux révisions réglementaires menées dans le cadre du plan ÉcoAntibio conjointement avec les parties prenantes (organisations professionnelles, éleveurs, vétérinaires, etc.). Il manquait une base juridique, qui sera fournie par la loi d’avenir agricole. Ensuite, les textes d’application de cette loi, la liste des antibiotiques critiques et les décrets du Conseil d’État visant à encadrer les règles de prescription et de délivrance (place des antimicrobiens dans le dispositif de prescription hors examen clinique et moyens de les sortir de celui-ci sans les en exclure totalement, limites d’emploi, durée des traitements et des prescriptions, modalités de renouvellement, etc.) seront publiés à partir de la fin 2014 et courant 2015. La loi d’avenir agricole introduit de nouvelles sanctions ou renforce celles qui existent déjà (voir dossier en page 23).

Quelles actions de communication sont-elles prévues ?

Les actions de sensibilisation, d’information et de formation sont indissociables de l’évolution réglementaire. Dans un premier temps, une campagne de communication va être lancée à partir du 15 septembre à l’intention des propriétaires d’animaux de compagnie. Elle est organisée conjointement par le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt et l’Ordre des vétérinaires, et comportera, d’une part, des programmes courts diffusés à la radio et, d’autre part, des affichettes distribuées auprès des professionnels (vétérinaires et pharmaciens) et lors de manifestations de rassemblement (expositions, concours canins et félins) pour sensibiliser les propriétaires sur la nécessité de restreindre l’utilisation d’antibiotiques, en rappelant les bonnes pratiques d’hygiène et d’observance des traitements.

Ultérieurement, une campagne d’information destinée cette fois aux éleveurs sera mise en place, afin de promouvoir la vaccination comme une solution alternative à l’administration d’antibiotiques.

Enfin, les ministères de la Santé et de l’Agriculture renouvelleront, le 12 novembre prochain, le colloque conjoint dédié au concept “une seule santé” appliqué à l’antibiorésistance en médecines humaine et vétérinaire.

Ces mesures ne vont-elles pas constituer une contrainte supplémentaire pour l’élevage français, avec le risque de l’affaiblir à l’international ?

La lutte contre l’antibiorésistance n’est pas perçue comme une entrave, mais comme la réponse à un défi, un danger important d’ordre mondial. La France prône cette démarche au sein de l’Union européenne, afin que chaque État membre instaure un plan de lutte national et fasse un usage raisonné et prudent des antibiotiques, mais également au-delà des frontières de l’Europe. Une grande attention est apportée aux pratiques des États-Unis d’Amérique, qui ont pris l’engagement de réduire l’emploi des antibiotiques comme facteurs de croissance. La position hexagonale sera défendue durant les négociations qui entourent les futurs accords transatlantiques, mais rien n’est encore signé.

  • Rapport et avis de l’Anses sur l’évaluation des risques d’émergence d’antibiorésistances liées aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santé animale, et La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/7/2014, en page 23.

  • Inspecteur en chef de santé publique vétérinaire.

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