La gestion du stress en cabinet vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1594 du 29/08/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1594 du 29/08/2014

Entreprise

Auteur(s) : Lorenza Richard

Les symptômes provoqués par le stress au travail sont variables. Une étude, la première en son genre pour la profession, décrypte les divers niveaux de sensibilité à ces risques. Explications.

Le stress des praticiens est essentiellement lié à la charge de travail et à la relation avec la clientèle. « Le vétérinaire qui fait face à tout n’est plus d’actualité et la question de la gestion du stress au cabinet n’est pas négligeable », a déclaré Gil Wittke, de la société G1 coaching, à Reims (Marne)1, en introduction à la présentation des résultats de la première enquête réalisée en France sur le stress en cabinet vétérinaire.

LES CONFRÈRES ÉVALUÉS « ACTIFS »

Les vétérinaires sont classés parmi les « actifs ». En effet, « les praticiens ressentent un stress chronique, qu’ils peuvent avoir l’impression de maîtriser, mais qui est susceptible de provoquer des réactions psychiques et physiologiques, ainsi que des maladies mentales ou physiques », selon notre confrère. Afin de déterminer le niveau de stress en cabinet vétérinaire, un questionnaire a été envoyé via Internet. 494 praticiens, dont deux tiers de femmes, y ont répondu.

L’analyse des résultats révèle que les problématiques soulevées sont les mêmes quelle que soit l’activité (canine ou rurale). Les résultats de l’outil Job Content Questionary® de Karasek2, qui détermine un score de stress selon la charge de travail et la latitude de manœuvre, classent les vétérinaires parmi les « actifs ». Ceux-ci sont soumis à une grande charge de travail et font preuve d’une forte autonomie, ce qui est classiquement le cas des dirigeants d’entreprises et des cadres (voir infographie ci-contre). C’est la catégorie la plus sensible aux risques de stress, après celle des « tendus ».

Le stress perçu est essentiellement lié à la durée et à la somme de travail, à la prise en charge des urgences et des euthanasies, mais aussi aux exigences émotionnelles corrélées à la relation avec la clientèle. Afin d’éviter les tensions pour ne pas perdre le client (prendre sur soi pour faire face à des objections de prix ou de traitements, etc.), ces dernières génèrent un stress chronique délétère. Les gardes, notamment, sont redoutées par 56 % des vétérinaires interrogés.

LES SURCHARGÉS AVEC BEAUCOUP D’AUTONOMIE

Les praticiens qui estiment ne pas avoir une grande marge de manœuvre se classent parmi les « tendus ». De façon étonnante, les collaborateurs se sentent moins autonomes que les salariés. Il apparaît également que la moitié des « tendus » rencontrent des problèmes relationnels avec les collaborateurs ou les supérieurs hiérarchiques. Ils souffrent d’un soutien insuffisant au sein de l’équipe. Les salariés déclarent également ressentir davantage de comportements méprisants à leur encontre. Toutefois, la majorité des vétérinaires maîtrisent leur stress en se reposant sur leur famille, même s’ils ont du mal à dégager du temps personnel.

Le score de stress des femmes semble supérieur à celui des hommes, car elles seraient plus « dures au mal ». Cependant, elles n’hésitent pas à dire quand elles ont mal. De nombreuses études en psychologie sociale portent sur cette thématique, car les chefs d’entreprise, dont les vétérinaires, sont majoritairement des hommes. Le stress, la souffrance ou la douleur sont sous-estimés.

LES ASV ET LES CONFRÈRES EXPÉRIMENTÉS TRÈS « TENDUS »

Les praticiens qui exercent depuis plus de 30 ans et les auxiliaires sont très « tendus ». Un syndrome de stress, probablement lié à la fin de l’installation dans la vie professionnelle et familiale et aux changements de valeurs (crise de la mi-vie), est noté chez les vétérinaires qui exercent depuis cinq à dix ans et chez leurs confrères qui travaillent depuis plus de 30 ans. Ces derniers sont souvent classés parmi les « tendus ». La crise précède la retraite…

Les jeunes praticiens sont d’ailleurs 46 % à déclarer qu’ils n’envisagent pas de poursuivre leur métier jusqu’à 60 ans.

Cette enquête soulève également un autre problème : le stress des auxiliaires vétérinaires. Le graphique (voir ci-dessous), établi à partir des 438 réponses récoltées, met en évidence qu’ils sont très tendus, voire classés en dehors du tableau. Une surcharge de travail, liée à une absence de postes et de missions définies, ainsi qu’à une faible autonomie, à la relation directe avec la clientèle et à l’absence de reconnaissance, semble évidente. Selon notre confrère, les auxiliaires sont en grande souffrance, car les vétérinaires n’ont souvent aucune notion de management. Ces résultats sont à méditer, afin d’améliorer l’organisation du travail de chacun et l’entretien d’un bon relationnel.

  • 1 L’article est tiré de la conférence présentée par Gil Wittke lors des journées nationales de la SNGTV à Reims le 21 mai.

  • 2 Le Job Content Questionary® de Karasek (JCQ) est un questionnaire d’évaluation des conditions psychosociales au travail. Le modèle Karasek distingue quatre classes de travailleurs (détendu, passif, actif ou tendu). L’échelle de mesure du stress perçu, Perceived Stress Scale (PSS 10 de Cohen et Williamson, questionnaire de 10 items) permet une évaluation du stress personnel. Le graphique est tiré du JCQ et des questions de la Dares (autoévaluation de 6 dimensions de stress).

LES FACTEURS DE RISQUE POUR ÉVALUER LA SANTÉ MENTALE

Les six facteurs de stress au travail reconnus par la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sont les exigences au travail, celles émotionnelles, le manque d’autonomie, celui de soutien social et de reconnaissance, les conflits de valeur et l’insécurité de l’emploi.

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