VÉTÉRINAIRES EN TURQUIE - La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014

Reportage

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Sauvages ou domestiques, les animaux sont omniprésents en Turquie. Les chats et les chiens errants sont partout : dans la rue, bien entendu, mais aussi dans les parcs, les palais ou les bazars. Les vétérinaires sont eux aussi nombreux.

Une série de conférences lors de la First International Veterinary Conference à Istanbul a été l’occasion de rencontrer de nombreux confrères turcs.

Se former et pratiquer

Parmi les enseignants et les doctorants, certains ont voyagé à l’étranger pour quelques mois ou années, le plus souvent aux États-Unis ou en Europe. Ruby, étudiante à Istanbul, confirme que la féminisation de la profession s’accentue au fil du temps. Les écoles vétérinaires sont publiques et le port du voile y est interdit : les étudiantes et les clientes le retirent avant d’entrer.

Les 27 écoles vétérinaires de Turquie forment une multitude de praticiens. Sur 22 000 vétérinaires environ, près de 5 000 seraient au chômage ou exerceraient une autre profession. Il semble cependant que chaque politicien régional veuille créer sa propre école vétérinaire, avec l’espoir de stimuler l’économie locale. Les compagnies de pet food sont omniprésentes dans les écoles, les cliniques et lors des congrès, qu’elles subventionnent largement. La société Hill’s, par exemple, aide au financement de l’étude d’ossements découverts lors d’une excavation colossale réalisée pour construire un tunnel sous le détroit du Bosphore, qui reliera l’Europe à l’Asie.

Pour les praticiens en exercice, le tarif minimum des actes vétérinaires est fixé par l’association vétérinaire locale.

Né en Iran, notre confrère Huseyin Nassaghi a créé PetBursa, une clinique particulièrement bien équipée à Bursa, qui n’a rien à envier à la clinique occidentale la plus moderne. Son appareil d’anesthésie gazeuse, par exemple, dispose de deux cuves, l’une d’isoflurane, l’autre de sévoflurane. La salle d’attente est surprenante : elle dispose de canapés, d’une télévision à écran géant et d’une cuisine équipée. Cela permet de passer le temps nécessaire avec les clients afin de répondre à leurs questions et de gagner leur confiance.

S’impliquer pour la protection animale

Le mouvement de protection animale est particulièrement important en Turquie. L’euthanasie n’est d’ailleurs autorisée que dans les cas extrêmes, lorsque l’état de santé de l’animal n’est plus susceptible de s’améliorer.

Ancienne capitale de l’empire ottoman, Bursa est située à quatre heures de route au sud d’Istanbul. Le refuge animalier de la ville est superbe, propre et bien équipé. Notre consœur Aysu Ilman, qui a reçu une formation de chirurgien, dirige ce centre. Elle encadre une équipe composée d’un autre chirurgien, de trois confrères généralistes, de trois infirmières et de six assistants. Les chiens et les chats errants sont capturés, lavés, vaccinés, vermifugés, stérilisés et hospitalisés. Au bout d’une semaine d’observation, ils sont relâchés là où ils ont été trouvés, à moins qu’ils ne soient adoptés. Lors de notre visite, le centre hébergeait 350 chiens, 130 chats, 15 chevaux et une vingtaine de chèvres. Un programme dynamique permet l’adoption d’une trentaine d’animaux par semaine.

La ville est également le siège de l’université Uludag, qui héberge une école vétérinaire. Notre consœur Nilufer Aytug est une énergétique professeur de médecine interne des animaux de compagnie. Elle s’occupe aussi d’un sanctuaire qui abrite une soixantaine d’ours bruns. Les premiers pensionnaires ont été confisqués à des bohémiens, qui les utilisaient comme ours danseurs (voir encadré). Depuis la raréfaction de ces derniers, les nouveaux arrivants sont souvent récupérés après un accident de la voie publique. Quant aux oursons, ils arrivent en général quand leur mère a été tuée par un chauffard ou un chasseur.

DES RACES D’ORIGINE TURQUE

Plusieurs races d’animaux sont d’origine turque. Le chat et le lapin angoras sont parmi les plus connus, mais il existe aussi un furet angora. Le turc de Van est un chat vairon originaire de la région du lac de Van. Il est aussi appelé chat nageur en raison de son attirance pour l’eau. Les races de chiens sont surtout ceux de troupeau : l’akbash, le berger d’Anatolie et le kangal. Il existe aussi des races d’animaux de ferme turcs, telle que la chèvre angora.

CONDITIONNER UN OURS À DANSER

Capturés en bas âge, les oursons sont placés sur une plaque métallique chaude, tandis que de la musique entraînante est jouée. Afin de tolérer la douleur, l’ourson sautille spontanément d’un pied à l’autre. Un réflexe se développe petit à petit, jusqu’à ce que l’animal apprenne que le son de la musique signifie sauter d’un pied sur l’autre. Les bohémiens voyageaient de village en village afin de montrer leurs ours danseurs.

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