La lutte contre les parasites devrait tenir compte du cycle de la faune coprophage - La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : Lorenza Richard*, JEAN-PIERRE LUMARET**

Fonctions :
*UMR 5175, laboratoire de zoogéographie de l’université Paul-Valéry à Montpellier (Hérault)

Les vermifuges à large spectre, administrés pour contrôler les ectoparasites et les endoparasites du bétail, ont des effets environnementaux, notamment par leur impact sur les organismes coprophages présents dans les pâturages, et indirectement sur les espèces animales qui s’en nourrissent », a indiqué Jean-Pierre Lumaret, de l’université de Montpellier (Hérault). Après le traitement des animaux, les molécules actives ou leurs métabolites sont éliminés dans les urines ou les fèces (ou sont présentes, dans une moindre mesure, sur les poils perdus ou le lait) dans les pâturages, soit directement, soit lors de l’épandage du fumier présent dans les étables.

LA FAUNE COPROPHAGE IMPACTÉE

Très peu d’études portent sur les effets environnementaux des principes actifs rejetés par voie urinaire (lévamisole, nitroxinil, albendazole, diazinon et fenthion), qui ne touchent ni les coléoptères coprophages ni les mouches, mais dont les effets sont inconnus sur les autres invertébrés du sol (vers de terre, acariens, etc).

En revanche, une érosion de la biodiversité des pâturages, liée à l’élimination des molécules par voie fécale, est notée. Par exemple, l’effet sur les bousiers peut être mis en évidence par un ralentissement de la vitesse de dégradation des fèces en milieu méditerranéen, où ces insectes sont les plus nombreux. Un ralentissement est également noté, mais dans une moindre mesure, dans les régions plus tempérées où les vers de terre relaient les bousiers.

D’autres insectes, tels que les abeilles ou certains papillons, qui viennent prélever l’eau des fèces l’été, pourraient être affectés. Enfin, l’emploi d’antiparasitaires peut indirectement impacter des oiseaux ou des mammifères qui se nourrissent d’insectes coprophages (notamment certaines chauves-souris, mais aussi les hérissons, les taupes, etc.).

Les benzimidazoles, le morantel, le praziquantel, le closantel, le pyrantel et les salicylanilides, ainsi que leurs métabolites, n’auraient pas d’effet significatif sur la faune coprophage1. D’autres antiparasitaires, en revanche, sont toxiques pour les insectes, mais aussi pour les crustacés et certains mollusques aquatiques, à des degrés divers. Après le traitement, leur élimination peut se poursuivre sur plusieurs semaines ou mois. Des insectes morts sont ainsi susceptibles d’être retrouvés dans et autour des fèces à la suite d’un traitement systémique. Même si certaines molécules sont modérément toxiques, elles peuvent s’accumuler dans l’environnement en raison de leur faible biodégradabilité et de leur fixation à la matière organique ou à l’argile du sol.

ÉVITER LES TRAITEMENTS SYSTÉMATIQUES PRÉVENTIFS

Pour ces raisons, le développement de tests écotoxicologiques spécifiques et d’exigences réglementaires font partie des procédures d’obtention des autorisations de mise sur le marché (AMM). « La stratégie de lutte antiparasitaire doit tenir compte à la fois de la présence des parasites, du degré d’infestation des animaux, et du cycle et de la dynamique des organismes recycleurs », conseille Jean-Pierre Lumaret. Sans supprimer les traitements contre les parasites, il est nécessaire de mieux cibler la lutte afin d’en limiter l’impact, en évitant les traitements à large spectre, préventifs et systématiques. Il convient également de privilégier un niveau élevé de défense naturelle des animaux. Pour cela, une acquisition immunitaire efficace est à rechercher chez les jeunes et l’immunité acquise est à maintenir chez les adultes. De plus, si c’est possible, le praticien doit choisir les médicaments aussi efficaces, mais plus faiblement écotoxiques. L’idéal serait d’éviter de traiter les animaux durant les périodes de l’année où la majorité des insectes coprophages se reproduisent, leurs larves étant plus sensibles que les adultes. Le nombre d’espèces actives de bousiers atteint son maximum entre mars et octobre dans la région de Montpellier, par exemple. Le risque est alors maximal si des molécules toxiques sont rejetées dans les fèces à ce moment-là.

Les traitements pourraient ainsi préférentiellement être administrés de novembre à février afin de limiter leur impact sur cette faune, et en dehors de cette période. Lors d’utilisation de molécules toxiques pour les insectes, les animaux traités devraient être confinés pendant quelques jours dans un espace réduit afin que leurs déjections ne soient pas dispersées dans tout le pâturage.

  • 1 Lumaret J.P., Errouissi F. Use of anthelmintics in herbivores and evaluation of risks for the non-target fauna of pastures. Vet. Res. 2002;33:547-562.

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