“Prenons soin de nos vautours !” - La Semaine Vétérinaire n° 1592 du 04/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1592 du 04/07/2014

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Laurence Crenne*, Guy Joncour**, Marie-Pierre Puech***

Fonctions :
*praticienne à Sellières (Jura)
**praticien à Callac (Côtes-d’Armor)
***praticienne à Ganges (Hérault)

En complément à votre dossier « L’euthanasie : les questions à aborder », paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1587 du 31 mai 2014 (pages 25 à 30), nous aimerions apporter une précision importante : « Un animal euthanasié ne peut en aucun cas entrer dans la filière alimentaire »… dans celle des animaux non plus ! Ainsi, l’impact sur l’écosystème des molécules utilisées lors de l’euthanasie, notamment lorsque l’animal euthanasié peut être consommé par des charognards, est à prendre impérativement en considération, à l’instar d’autres molécules telles que le diclofénac1.

Souvenons-nous qu’en 2012, dans les Hautes-Pyrénées, sept vautours fauves sont morts après s’être nourris sur les cadavres d’une jument et d’une vache euthanasiées et laissées à l’air libre, sans bâche. Combien ont péri loin du site d’empoisonnement ? Malheureusement, plusieurs cas de ce genre sont à déplorer ces 15 dernières années (en 2013, par exemple, un âne euthanasié à l’Euthasol® a été mis à disposition des vautours dans le causse Méjean). Il est donc utile de rappeler qu’il existe des alternatives à l’euthanasie chimique classique2.

L’impact des euthanasiques sur la faune ne se limite pas aux quatre espèces de vautours rencontrés en France (vautours fauves, moines, percnoptères et gypaètes barbus) mais aussi aux milans noirs et royaux, aigles royaux, buses variables, quelques rares pygargues à queue blanche, grands corbeaux et toute une “petite faune” nécrophage qui évolue sous nos yeux et qu’on ne remarque parfois même plus.

Ces réflexions ne concernent pas que quelques confrères travaillant là où vivent les vautours dans des contrées montagneuses éloignées3. Ubi pecora, ibi vultures : là où il y a des troupeaux, il y a des vautours.

Il y a fort à parier qu’avec 25 % de son territoire en montagne, la France voit augmenter dans les années à venir l’aire de répartition de ses vautours et gageons que nous serons encore plus nombreux à devoir prendre en compte l’impact sur l’écosystème des molécules que nous utilisons et prescrivons.

Élargissons le débat ! Les vautours et autres nécrophages ont un rôle sanitaire éminemment positif en recyclant extrêmement rapidement des carcasses. Leur système digestif, avec un pH très acide dans l’estomac, permet une destruction de très nombreux agents pathogènes, ce qui empêche leur propagation.

De plus, la taxe à l’équarrissage ne fait qu’augmenter pour les éleveurs (et les contribuables), alors que pour ceux qui utilisent les placettes de recyclage écologique de proximité (où sont directement déposés par les éleveurs les cadavres pouvant être consommés par les vautours), la taxe se voit minorée jusqu’à 70 %. Cet équarrissage naturel est déjà la règle en zone d’estive où il est impossible d’aller chercher les animaux morts. La Commission européenne ne s’y est pas trompée en renforçant sa mise en place depuis 2011 (règlement 142/2011), s’inspirant de ce que la France avait initié dès 19984. En ces temps propices aux économies, voilà un bel exemple de service efficace et gratuit, loin des incinérateurs gourmands en énergie, producteurs d’impacts écologiques non négligeables (routage, climat, poussières, toxiques…) et parfois mêlés à divers scandales sanitaires (par exemple, l’encéphalopathie spongiforme bovine ou ESB). En 2010, l’action des vautours a permis d’économiser 430 000 € en équarrissage et près de 1 000 t d’émissions de CO25. Prenons donc soin de nos auxiliaires naturels, de nos charognards et recycleurs en général et de nos vautours en particulier, bien malmenés en ce moment par ses détracteurs qui maltraitent la vérité à coups d’ignorance.

Et nous, vétérinaires, restons vigilants dans nos prescriptions et dans nos actes.

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/3/2014 en page 9.

  • 2 Joncour G. Comment euthanasier en milieu inaccessible pour l’équarisseur ? Point Vét. 312:56-60, 2011.

  • 3 http://www.animal-services.com/vautours/welcome.htm

  • 4 AIM du 18 août 1998.

  • 5 Choisy J.-P. Courrier de l’environnement de l’Inra, déc. 2011.

  • Orabi P. Argumentaire et plan d’actions pour la conservation du vautour fauve en France. LPO, Paris 2011.

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