L’immunocastration comme solution alternative à la castration chirurgicale aide à réduire l’empreinte carbone - La Semaine Vétérinaire n° 1591 du 27/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1591 du 27/06/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : Cyril Parachini-Winter

La durabilité et le respect de l’environnement sont deux concepts auxquels personne ne peut plus rester indifférent. L’industrie porcine ne fait pas exception ! Chaque année, aux États-Unis, l’Environmental Steward Award est attribué aux producteurs qui affichent une volonté réelle de faire respecter un équilibre entre la production porcine et la préservation de l’environnement.

En 2011, lors de l’exposition mondiale du porc à Des Moines (Iowa, États-Unis), le National Pork Board (NPB) a inauguré un nouvel outil qui permet aux éleveurs de la filière d’obtenir un profil détaillé de l’empreinte carbone de leurs unités de production. Celui-ci tient compte, en particulier, des pratiques alimentaires et de la gestion des effluents d’élevage, les deux facteurs qui contribuent le plus à augmenter cette empreinte. Une évaluation par un protocole Life Cycle Assessment (LCA, une méthode qui quantifie l’impact environnemental total de la production porcine, ainsi que des filières utilisant ses produits), confirme que la prise alimentaire et l’émission des déchets représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone de la filière (respectivement 23 % et 41 %).

UN NIVEAU TOLÉRABLE, MAIS À AMÉLIORER

En Europe, les résultats d’une étude menée en 2010 par des chercheurs de l’université de Wageningen (Pays-Bas) confirment que la production porcine est à peine en dessous de la production aviaire. Elle présente cependant de meilleurs résultats que celle bovine en termes d’empreinte carbone et d’utilisation de ressources par kilogramme de viande produite. Ainsi, la charge environnementale de la production reste tolérable. Néanmoins, des voies d’amélioration se sont progressivement esquissées au cours de ces dernières années. Des progrès en termes d’efficacité alimentaire et une meilleure gestion des effluents d’élevage apparaissent en ce sens comme des objectifs particulièrement avisés.

DES RÉDUCTIONS DE 6 % AVEC LA VACCINATION

Dans cette optique, de récents travaux révèlent que la vaccination1 qui vise à réduire « l’odeur sexuelle de verrat » de la viande issue de porcs mâles entiers est intéressante comparée à la castration chirurgicale des animaux. Ainsi, par rapport à cette dernière, la vaccination (ou immunocastration) permet de réduire de 6 % l’empreinte carbone liée à l’alimentation et de 6 % également celle liée à la production de lisier. L’ensemble génère une amélioration de l’empreinte carbone de 28,75 kg équivalent CO2 (voir encadré) pour un verrat de 115 kg, soit la quantité de CO2 produite par une voiture moyenne lors d’un trajet de 100 km.

Les porcs castrés chirurgicalement ont, en effet, une moins bonne efficacité de conversion alimentaire que ceux entiers. Les animaux vaccinés, en revanche, se développent sur le même schéma que les porcs entiers jusqu’aux dernières semaines avant l’abattage, et maintiennent leur efficacité alimentaire pendant presque toute leur durée de vie. Il en résulte une carcasse produite avec moins de nourriture. En outre, la viande des bêtes vaccinées est plus persillée et l’épaisseur des muscles est plus importante que celle des porcs castrés. Une diminution de la quantité de nourriture consommée, ainsi qu’une réduction des déchets émis sont donc notées. La vaccination (immunocastration), déjà connue comme une solution alternative intéressante à la castration, apparaît comme une aide précieuse pour réduire l’empreinte carbone en filière porcine. Avec quelque 500 millions de porcs élevés chaque année à travers le monde, les gains en termes de réduction de la charge environnementale et de progrès en matière de développement durable pour la filière sont colossaux.

  • 1 Lincoln N. Immunovaccination can help reduce carbon footprint. BSc (Hons), Pig Progress, vol. 28, n° 9.

BREF APARTÉ SUR LE CO2e

→ L’empreinte carbone est usuellement exprimée en unités d’équivalents CO2, ou CO2e. L’impact sur l’effet de serre des gaz se calcule à l’aide de son pouvoir de réchauffement global (PRG). Ce dernier représente leur puissance de réchauffement climatique. Pour obtenir des équivalents CO2 en kilogramme ou en tonne, le pouvoir de réchauffement des autres gaz est rapporté à celui du CO2. Le PRG du CO2 est fixé à 1 (1 kg de CO2 = 1 kg équivalent CO2). Le PRG du méthane, par exemple, est de 21, c’est-à-dire que son pouvoir de réchauffement climatique est 21 fois supérieur à celui du CO2. Ainsi, une exploitation qui rejette 1 t de méthane se verra donc imputer 21 t équivalent CO2 dans son bilan d’émissions de gaz à effet de serre. L’emprunte carbone est calculée en mesurant l’ensemble des gaz à effet de serre produits (dioxyde de carbone, méthane, hydrofluorocarbone, perfluorocarbone, oxyde d’azote, hexafluorure de soufre, etc.) en les convertissant en équivalent CO2.

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