L’agence nationale du médicament vétérinaire, déjà 20 ans… - La Semaine Vétérinaire n° 1591 du 27/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1591 du 27/06/2014

Antibiorésistance

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Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

À l’occasion de son vingtième anniversaire, l’ANMV organisait dans ses locaux une table ronde sur le thème de l’avenir des médicaments vétérinaires.

Créée en 1994, l’agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), fait autorité en matière d’évaluation des médicaments vétérinaires. Elle délivre les autorisations de mises sur le marché (AMM), surveille les effets secondaires (pharmacovigilance), contrôle leur qualité et l’usage qui en est fait. L’ANMV assure le rôle de centre collaborateur de l’OIE pour le médicament vétérinaire depuis 1995 et a obtenu une certification ISO 9001, depuis le 30 septembre 2013, pour ses activités d’expertise scientifique et d’autorisations pour les médicaments et établissements pharmaceutiques vétérinaires et leur contrôle. Pour l’avenir, l’ANMV va continuer à s’investir dans la lutte contre l’antibiorésistance, la surveillance post-AMM des médicaments vétérinaires, mais aussi dans l’adaptation d’innovations thérapeutiques du secteur humain au monde animal.

À l’occasion de son vingtième anniversaire, une table ronde était organisée dans les locaux de l’ANMV à Javené (Ille-et-Vilaine), animée par Patrice Moyon, journaliste à Ouest-France, pour imaginer l’avenir du médicament vétérinaire.

Étaient invités Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation (DGAL), Jacques Bonin, directeur France de Merial, Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Catherine Choma, sous-directrice produits de santé à la direction générale de la santé, Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), et Joël Limouzin, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

Antibiorésistance : « le vétérinaire est la solution »

L’ANMV est impliquée dans la problématique de l’utilisation des antibiotiques depuis longtemps : un suivi des ventes est effectué annuellement depuis 1999, en partenariat avec le Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV). La mesure 34 du plan écoAntibio 2017 prévoit la poursuite de ce suivi ainsi que la création d’un observatoire de l’utilisation au sein de l’ANMV.

Une enquête effectuée auprès des 180 pays adhérents à l’OIE révèle qu’environ la moitié (dont certains sont des pays développés, comme les états-Unis) autorise les antibiotiques comme facteurs de croissance. L’étude fait également apparaître que la législation d’environ 110 pays ne permet pas le moindre contrôle sur l’usage des médicaments vétérinaires. Concernant la supervision de l’usage des antibiotiques chez l’animal, Bernard Vallat indique qu’« une des seules notions sur laquelle les pays s’entendent concernant la circulation et la distribution des antibiotiques est un contrôle par les vétérinaires ». Pour lui, « Le vétérinaire est la solution ».

Christophe Brard rappelle que « Les praticiens sont impliqués depuis plusieurs années dans la lutte contre l’antibiorésistance. Ils se sont engagés dès la mise en place du plan écoAntibio 2017 et sont moteurs pour l’élaboration des fiches d’utilisation, à la création d’un guide réglementaire ainsi qu’à la mise en place d’un monitoring des délivrances. Le volet formation (mesure 7 du plan) constitue un pilier. Les modules de formation sanitaire comportent un volet sur la pharmacie vétérinaire. » Des pistes sont envisagées par la Direction générale de la santé (DGS) et les professionnels du médicament (humain et vétérinaire) dans le domaine des antibactériens : statut réglementaire spécifique pour les antibiotiques, lignes directrices durant la conception plus flexibles, augmentation de la durée des brevets, incitations financières…

Le prix de la prévention

En novembre dernier, les vétérinaires ont défendu le système français de prescription et de délivrance des médicaments par les vétérinaires. Joël Limouzin considère que « le vétérinaire ne vend pas le médicament pour faire de l’argent ». Une opinion renforcée par Christophe Brard : « L’idée que plus on prescrit, plus on gagne, n’est pas le mode de fonctionnement de la profession. Le médicament est un outil, pas un but en soi, il est hors de question de faire de la surprescription. » Ce dernier explique que le découplage ne peut être envisagé comme une solution pour diminuer la consommation d’antibiotiques. En Europe, les pays qui ont séparé la prescription de la délivrance ne sont pas les moins consommateurs1. Il souligne aussi qu’« en France, la vaccination est en sous-réalisation, il y a une marge de progression dans ce domaine ». La difficulté de passer d’un modèle orienté sur le curatif vers un système qui privilégie le préventif demande une évolution des pratiques mais dépend également de l’aspect financier. Si Jacques Bonin précise que, lorsqu’il propose un vaccin, c’est pour faire gagner de l’argent à l’éleveur, il souligne surtout qu’actuellement le faible coût d’un traitement antibiotique et la commercialisation de génériques constituent un problème. « Il faudra que le coût de la prévention soit plus intéressant que celui du traitement. »

Joel Limouzin déplore la mauvaise image des éleveurs véhiculée dans l’opinion publique : « Laisser entendre que les éleveurs utilisent librement des médicaments est un procès d’intention insupportable. La réduction du recours au médicament est une priorité, mais c’est d’abord sur le plan sanitaire et sur celui de la prévention qu’il faut souligner les améliorations. » Les progrès technologiques apportés aux bâtiments d’élevage, dans le domaine de la gestion de la ventilation, de la température, de l’hygrométrie et même de l’espace demeurent méconnus.

« Le système sanitaire français est de haut niveau et il faut arriver à le faire savoir, insiste Patrick Dehaumont. Il est nécessaire d’expliquer tout ce qui a été fait par le passé, mais aussi les mesures actuelles. La loi d’avenir agricole devrait favoriser une production performante sur le plan économique, écologique et social. »

« Le système de production agricole français est reconnu dans le monde, mais il manque un outil de promotion, valorisant la qualité française pour inciter les autres pays à acheter nos produits », ajoute Jacques Bonin.

  • 1 La Semaine Vétérinaire, hors série n° 14, décembre 2013.

Rôles et missions de l’ANMV

Évaluation

→ des dossiers d’AMM, nationaux et européens,

→ des dossiers européens sur les limites maximales de résidus (LMR)

Autorisations

→ des essais cliniques pour les médicaments vétérinaires ;

→ de la mise sur le marché des médicaments vétérinaires ;

→ pour l’importation, l’exportation et l’utilisation temporaire des médicaments vétérinaires ;

→ de l’ouverture d’établissements pharmaceutiques de fabrication, de distribution et d’exportation des médicaments.

Contrôle

→ de la qualité des médicaments ;

→ du risque d’effets indésirables ;

→ des établissements pharmaceutiques vétérinaires ;

→ de la publicité autour des médicaments vétérinaires.

Missions européennes ou internationales

→ Centre collaborateur de l’OIE depuis 1995 pour le médicament vétérinaire : appui technique, formations, participation à l’élaboration des normes internationales.

→ Membre du groupe de coordination de la procédure de reconnaissance mutuelle et décentralisée vétérinaire (CMDV). La France est pilote dans 17 % des procédures européennes en 2013.

→ Préside la task force sur l’amélioration de la législation et au groupe de travail sur l’antibiorésistance en Europe.

→ Collaborations avec de nombreux pays.

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