Valoriser ses compétences avec les examens complémentaires - La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014

Dossier

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Si l’édition 2014 des journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV) ne comportait pas de grandes nouveautés, un point clair et détaillé sur les possibilités offertes aux praticiens en matière d’examens complémentaires et, surtout, des éléments de réflexion sur ce qui peut être proposé aux éleveurs – dans quelles conditions et pour quels objectifs – étaient au programme.

Les examens complémentaires se répartissent classiquement entre les analyses de sang et d’urines, l’histopathologie et l’imagerie médicale. Tout, ou presque, est possible : la pertinence de l’examen, son coût, la disponibilité du matériel et des outils nécessaires, ainsi que l’urgence sont autant d’éléments de choix pour le praticien. En ouverture des journées nationales des GTV, Cécile Hervé-Bazin (commission environnement de la SNGTV, voir interview p. 34) a exposé les trois grands principes fondateurs de la relation de confiance qui doit s’établir entre le praticien, son client et – lorsque c’est le cas – le laboratoire d’analyses vétérinaires : la compétence, la bienveillance et des valeurs partagées. Les examens complémentaires sont un des leviers qui permettent au praticien d’instaurer la confiance dans sa relation avec son client. Ce sentiment est le problème de celui qui veut obtenir la confiance d’autrui. Le praticien a donc intérêt à capitaliser sur ses compétences, mais aussi sur sa bienveillance à l’égard de l’éleveur. Si ce dernier ne comprend pas l’utilité d’un examen ou si le résultat n’est pas clair, il existe un risque de perte de confiance dans le test utilisé, ainsi que dans le vétérinaire. Il importe que les valeurs partagées par les deux interlocuteurs et ce qu’ils attendent d’un examen complémentaire soient, sinon identiques, du moins compatibles. Un dialogue ouvert, dans lequel l’éleveur est en mesure d’exprimer ses attentes et les faire partager au praticien, est un moyen d’augmenter le capital confiance.

DISPONIBILITÉ DES OUTILS, DU MALADE AU LABORATOIRE

Le déroulé des conférences, présentant chronologiquement ce qui peut être fait au chevet de l’animal, puis au cabinet et au laboratoire, a mis en évidence l’importance de l’organisation et de la logistique liée à ces activités. Qui dit examens auprès de l’animal implique d’avoir le nécessaire dans la voiture. Le rangement du véhicule requiert de l’organisation. Il convient de tenir compte de la fragilité de certains matériels (chocs, variations de température), ainsi que du partage des outils trop chers pour être possédés en plusieurs exemplaires (organisation des tournées, housses ou caisses de transports). Les différentes options d’aménagement des véhicules et leur coût ont été détaillés par le professeur Hugues Guyot (voir interview p. 32).

Concernant les investissements à réaliser pour équiper le cabinet, les options sont également nombreuses : tout dépend de la stratégie choisie (réaliser un maximum d’analyses soi-même ou les envoyer au laboratoire) et des compétences disponibles parmi les associés et le personnel du cabinet. Il ne faut pas oublier que ce qui sert à d’autres espèces peut tout à fait s’employer chez les ruminants. L’imagerie médicale est un exemple parmi d’autres. L’appareil de radiologie du cabinet pour les carnivores domestiques peut accueillir les veaux et les petits ruminants. Il est en outre possible de radiographier une vache avec un appareil d’équine.

L’échographie offre également de belles perspectives diagnostiques : la sonde transrectale destinée à la reproduction est parfaite pour l’ombilic, les trayons et une évaluation des lésions thoraciques lors de bronchopneumonie chez les veaux. Dans ce cas, notre confrère Sébastien Buczinski (voir interview p. 33) conseille de toujours regarder les deux côtés : la densification du poumon lors d’infection est visible très tôt, parfois dès les premières heures. Déterminer les risques de persistance de lésions chez les génisses laitières est alors susceptible d’aider un éleveur dans le choix de ses animaux.

Pour des examens moins conventionnels en médecine rurale (examen abdominal des vaches ou échocardiographie), un matériel un peu plus adapté (sondes de basse fréquence) est nécessaire, ainsi qu’un peu d’entraînement pour se lancer dans une échographie des reins, du réseau, de la caillette, visualiser une péritonite ou des lésions hépatiques (abcès, etc.).

ANALYSES, TESTS, ANTIBIOGRAMME : CONNAÎTRE LES LIMITES

Il convient de veiller à la bonne conservation des réactifs et des bandelettes urinaires, et notamment aux dates de péremption. En hématologie, il est préférable de prélever une vache à la veine jugulaire. En effet, une différence est notée dans la numération leucocytaire lorsque le prélèvement est effectué à la coccygienne. Il importe de veiller à bien remplir les tubes lorsqu’ils contiennent un anticoagulant.

En bactériologie, l’antibiogramme est controversé, de même que l’utilisation de la polymerase chain reaction (PCR). Le premier n’est pas prédictif de l’efficacité d’un traitement, que la bactérie soit dépistée sensible ou résistante : les éléments locaux (pus, profondeur de l’infection, biofilm, réactions immunitaires) sont des éléments qui modifient l’action des molécules antibiotiques par rapport à ce qui est observé in vitro sur des milieux spécifiques. La seconde est un indicateur de présence, actuelle ou passée, dont il faut nuancer les résultats selon chaque situation ou avec d’autres analyses.

Les tests de dépistage de maladies infectieuses, recours classique dans le diagnostic de confirmation, présentent une fiabilité dépendante du contexte. Les résultats sont évalués selon les paramètres du test : sa sensibilité, sa spécificité et les valeurs prédictives. Cependant, ces données ne sont pas toujours accessibles. Lorsqu’elles le sont, c’est au niveau individuel.

Pour raisonner à l’échelle d’un troupeau, Barbara Dufour (ENVA) a fourni des éléments de réflexion. La valeur prédictive positive (probabilité qu’un animal positif soit réellement infecté) est meilleure dans un contexte infecté. A contrario, la fiabilité d’un résultat négatif (valeur prédictive négative) est supérieure lorsque le contexte est favorable (élevage indemne sans facteur de risque). La sensibilité d’un test diminue avec la prévalence, mais elle augmente avec le nombre d’animaux infectés dans le troupeau. Plus le nombre de bêtes soumises au test est élevé, plus le risque de détecter un individu positif est important. Par conséquent, la spécificité diminue dans les grands effectifs. Pour un test qui a une spécificité individuelle de 99 %, lorsque 50 animaux sont pris en compte, la spécificité pour le troupeau est de 60 %.

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