Quels antiparasitaires utiliser chez les petits mammifères ? - La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014

Formation

NAC

Auteur(s) : Émilie Tessier

Fonctions : praticienne à Loos-les-Lille (Nord).
Article tiré d’une conférence
présentée par Émilie Tessier lors
de la journée de formation Afvac
Sud-Ouest, à Toulouse,
le 14 février 2014.

Les antiparasitaires sont, en général, utilisés en traitement curatif lors de parasitoses externes chez les petits mammifères de compagnie. Leur usage en médecine préventive est à ce jour quasi inexistant. Les parasitoses internes sont pour leur part sous-diagnostiquées. Il est souhaitable de déparasiter les animaux lors de leur acquisition, de préférence en réalisant une coproscopie au préalable. Le protocole antiparasitaire est ensuite adapté au mode de vie de l’animal (accès à l’extérieur ou non) et au contexte épidémiologique (présence d’autres animaux, des chiens notamment, introduction d’un nouvel arrivant, etc.). Tous les animaux sont à traiter en même temps. L’emploi des pipettes spot on est à privilégier. En effet, elles facilitent l’observance par rapport à l’administration de comprimés ou à la réalisation d’injections. Elles présentent également moins de risque de toxicité par rapport à des bains ou des poudres, dont il est difficile de contrôler la quantité utilisée. Le praticien est cependant responsable de l’utilisation hors autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces produits.

LE LAPIN

Parasites externes

Les symptômes d’une cheyletiellose, due à Cheyletiella parasitovorax, varient d’une simple perte de poils en arrière du cou à la présence de zones dépilées sur ce dernier et le dos, associée à des squames blanchâtres de grande taille. Le traitement systémique est très efficace, quelle que soit la molécule choisie. Il est possible d’utiliser de l’ivermectine, de la sélamectine ou de la moxidectine, trois fois à 15 jours d’intervalle.

Les autres parasites externes sont les puces du chien et du chat, les aoûtats (Thrombicula automnalis), des acariens orangés qui se fixent au niveau des doigts, des yeux et des oreilles, et les poux (Leporacarus gibbus). Le traitement est identique. L’imidaclopride est également un antiparasitaire externe efficace, avec une AMM chez le lapin pour l’Advantage®. Le fipronil, présent dans de nombreuses spécialités (vétérinaires ou de grandes surfaces), est à bannir chez le lapin en raison de sa toxicité. Lors de phtiriose ou de cheyletiellose massive, une affection sous-jacente est à rechercher.

Parasites internes

Il est conseillé de réaliser une coproscopie avant d’administrer un traitement contre les parasites internes, par étalement de fèces fraîches et flottation. Cet examen peut être pratiqué lors du bilan d’acquisition par exemple, selon les anciens vermifuges qui ont déjà été administrés.

→ Le portage de nématodes, tels que des oxyures (Passalurus ambiguus, aux marges de l’anus), mais aussi des trichures, des strongles ou des ascaris, est fréquent et asymptomatique. Les jeunes animaux et les adultes immunodéprimés ou atteints d’une autre maladie sous-jacente peuvent présenter une phase clinique lors d’infestation massive (amaigrissement, diarrhée). Le traitement repose sur l’administration de fenbendazole ou d’endectocides (antiparasitaires internes et externes), tels que l’ivermectine (voie sous-cutanée, per os, spot on), la sélamectine (spot on) ou la moxidectine (spot on, associée à l’imidaclopride). Selon la cible principale, le traitement peut être effectué toutes les deux semaines à tous les mois.

L’emodepside est une nouvelle molécule nématodicide étudiée chez le lapin (usage hors AMM : Profender® 0,14 ml/kg, Procox® 0,5 ml/kg). Elle est disponible en association avec le praziquantel ou avec le toltrazuril.

→ Les coccidioses (Eimeria spp), dues à une contamination orale, sont traitées selon la numération et l’agent identifié (pathogène ou non), à l’aide de sulfonamides antibactériens (sulfadiméthoxine 50 mg/kg le premier jour puis 25 mg/kg/12 heures, pendant 10 à 20 jours, sulfamides triméthoprime 20 à 30 mg/kg/ 12 heures pendant 10 à 20 jours) ou de toltrazuril (hors AMM, 10 mg/kg/jour pendant deux jours consécutifs, à renouveler cinq à sept jours plus tard). Un commémoratif de stress est à rechercher lors de coccidiose clinique chez un lapin.

→ Les cestodoses sont sous-diagnostiquées. Le lapin domestique est l’hôte intermédiaire du ténia du chien Taenia pisiformis. Les larves, responsables de kystes hépatiques, sont susceptibles d’effectuer des migrations erratiques dans le cerveau ou les poumons. Le lapin peut aussi être un hôte définitif (tel que le lapin sauvage) pour Cittotaenia variabilis. Des proglottis sont alors retrouvés dans les fèces.

→ Les trématodes (vers plats comme la petite et la grande douves) sont rares chez le lapin d’intérieur, car leur cycle fait intervenir plusieurs hôtes (escargots, fourmis, etc.).

Il est intéressant de traiter les lapins contre les cestodes et les trématodes, notamment lors de contacts rapprochés avec un chien, à l’aide de praziquantel. Douloureuse en injection, cette molécule est également disponible sous forme de comprimés, de pâte et en spot on.

LE FURET

Parasites externes

La gale des oreilles à Otodectes cynotis est une parasitose fréquente chez le furet. Elle est très contagieuse et parfois récalcitrante. Il est conseillé d’utiliser un traitement systémique à base de sélamectine ou d’une association d’imidaclopride et de moxidectine en pipettes, trois fois à 14 jours d’intervalle. Le traitement local associé comprend un nettoyage et l’usage d’une pommade auriculaire (type Oridermyl® ou Otimectin®). Un contrôle microscopique est effectué avant la fin du traitement. Les autres animaux présents dans la maison sont à traiter simultanément. Le furet est également sensible aux puces du chien et du chat. De nombreux antiparasitaires développés chez le chien et le chat sont utilisables chez le furet. L’Advocate® (imidaclopride et moxidectine) et le Frontline® (fipronil) sont les seuls à posséder une AMM à ce jour.

Parasites internes

Les furets sont beaucoup moins parasités que les chiens et les chats. Il convient de les vermifuger lors de l’acquisition, puis deux fois par an.

Les coccidioses sont les affections les plus fréquentes. Elles touchent surtout les jeunes animaux. Elles peuvent être traitées à l’aide de sulfadiméthoxine (50 mg/kg le premier jour, puis 25 mg/kg pendant cinq à neuf jours) ou de toltrazuril (5 à 10 mg/kg deux jours consécutifs, à renouveler cinq à sept jours plus tard). Un contrôle coproscopique est pratiqué en fin de traitement. Les furets sont également sensibles à la dirofilariose : une prévention est recommandée lors de voyage en zone endémique, dans le sud de la France par exemple, (moxidectine, avec une AMM pour l’Advocate®, une pipette par furet).

LE COBAYE ET LE CHINCHILLA

Le cobaye est sensible à la gale du corps, aux puces et aux poux. Il peut également être atteint de toxoplasmose. Plusieurs endectocides sont susceptibles d’être prescrits (hors AMM) : la sélamectine à 15 mg/kg, l’ivermectine à 0,5 mg/kg ou la moxidectine à raison d’une goutte pour 200 g. Une coccidiose à Eimeria caviae peut également survenir. Le traitement repose sur la sulfadiméthoxine (50 mg/kg/ 12 heures, pendant cinq à huit jours), le toltrazuril (25 mg/kg/ jour pendant deux à cinq jours), ou les sulfamides triméthoprime (50 mg/kg/ 12 heures pendant dix jours). Chez le chinchilla, les parasitoses externes sont surtout des cheyletielloses. Le traitement à base d’endectocides est identique à celui du cobaye. Cet animal est sensible à la giardiose, traitée de préférence avec du fenbendazole (50 mg/kg/jour pendant cinq jours). Le métronidazole peut être utilisé, mais il possède une toxicité hépatique et est associé dans toutes les spécialités vétérinaires à de la spiramycine, qui est à éviter. Des coccidioses sont également fréquentes. Le traitement est identique à celui du cobaye.

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