Dermatite digitée : les pédiluves sont à éviter, le salut passe par le parage fonctionnel - La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1589 du 13/06/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Jean-Michel Bonnefoy*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*praticien à Replonges (Ain),
commission vaches laitières
SNGTV.
Article tiré de la conférence
présentée lors des journées
nationales des GTV à Reims,
en mai 2014.

Vous pouvez en confiance, appliquer à la lettre ce que j’ai présenté, je le fais tous les jours dans mon activité », a conclu Jean-Michel Bonnefoy lors de sa conférence sur la dermatite digitée ou maladie de Mortellaro, à Reims le 22 mai dernier. « C’est notre quotidien, la maladie perdure, mais nos interventions peu­vent la faire reculer », assure notre confrère, qui a préféré les alexandrins à la prose pour détailler son expérience sur cette maladie et faire passer plusieurs messages importants.

REPÉRER LES LÉSIONS POUR PARER LE PIED

Même si elle est connue, la dermatite digitée, ulcération de la peau en talon avec inflammation du derme, continue d’évoluer dans les troupeaux, sous les trois formes décrites par Mortellaro il y a 40 ans : ulcérative, proliférative et hyperkératosique (en forme de fraise ou de framboise). La nomenclature actuelle classifie plus précisément les lésions. Cependant, selon notre confrère, quel que soit le stade, le seul traitement efficace est le parage fonctionnel qui respecte le talon et « répartit, de façon équivalente, l’appui sur les parties les plus dures de chacun des deux onglons du pied, et réalise un creux axial lisse et uniforme dans la zone médio-plantaire de l’espace interdigité ». Les traitements locaux sous forme de spray ou de pommades sont prescrits avec un suivi durant quelques jours. Le pansement n’est pas conseillé, pour éviter le développement de germes anaérobies qui aggraveraient la lésion.

La prévention est importante : « Soustraire les animaux aux sources d’infection, c’est limiter au mieux les zones humidifiées, la forte promiscuité, les longs déplacements et l’accumulation des purins et lisiers », précise notre confrère. En effet, l’apparition de la maladie est due à des germes anaérobies, Dichelobacter nodosus et Fusobacterium necrophorum, et compliquée par des spirochètes du genre Treponema. Toutefois, cette prévention est difficile : « Le passage du racleur sur les aires d’exercice et dans les allées macule les pieds des animaux et fournit aux anaérobies un milieu favorable pour générer les maux et poursuivre l’entretien de cette maladie. Voilà un des paradoxes qui peuvent nous expliquer du combat sanitaire toute la difficulté. »

PRÉFÉRER LA PULVÉRISATION LOCALE

Toutefois, selon Jean-Michel Bonnefoy, les pédiluves ne sont pas très efficaces pour prévenir la dermatite digitée : « Je réviserai mes idées pré­conçues sur l’usage et l’emploi de ces traitements de masse qui peuvent donner espoir, mais sont peine perdue. Quant à ceux d’entre nous qui, par délit technique, qui, par facilité, parce que ça marche bien, conseillent des pédiluves à base d’antibiotiques, je ne les juge pas, je leur dis : ce n’est pas bien. » Notre confrère préfère la pulvérisation locale au pédiluve. Surtout, seul un parage fonctionnel, une à deux fois par an, permet de vérifier l’apparition de lésions et de les traiter rapidement. Un parage doit, de plus, être entrepris pour les pieds arrière de tout animal qui boite d’un postérieur et pour les quatre pieds lors de boiterie antérieure : « Il est fondamental de repérer les lésions et d’agir au plus vite. Rétablir les aplombs, traiter régulièrement, demeurent les maîtres mots. »

Cela est d’autant plus important que de nouvelles formes apparaissent, souvent ignorées alors qu’elles sont agressives et dangereuses pour la vie de l’animal, telles que la nécrose de l’apex de la troisième phalange. Celle-ci affecte le derme à l’intérieur de la boîte cornée, de façon anarchique et profonde. Lors du parage, la corne a un aspect spongieux et une odeur âcre. « Si Nigel et Karl, d’illustres Américains, ont baptisé cette forme du nom de black stinky, quand vous la côtoierez, vous verrez que c’est bien une lésion noire qui pue, c’est ce que ça signifie », explique notre confrère. Le traitement consiste à parer les lésions jusqu’au derme sain, donc parfois très profondément : « Le principe reste simple : aller en profondeur, débrider les lésions, atteindre le derme sain, gérer l’hémorragie. Même si ça peut faire peur, je peux vous l’assurer, vous aurez fait du bien », conseille-t-il. Si la corne est retirée en abondance, un dispositif orthopédique permet de soustraire l’onglon à l’appui au sol et à la douleur. Un pansement peut alors être prescrit, mais pendant peu de temps, et en veillant à ce que l’éleveur le retire bien après quatre jours au maximum.

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