Données épidémiologiques et de portage de Dictyocaulus viviparus chez les laitières - La Semaine Vétérinaire n° 1588 du 06/06/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1588 du 06/06/2014

Formation

Productions animales/bovins

Auteur(s) : CHRISTOPHE CHARTIER*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*Lunam université, Oniris, unité des animaux d’élevages.

Une enquête d’abattoir met en évidence une prévalence apparente de portage de Dictyocaulus viviparus de 13 % en moyenne chez une centaine de vaches laitières qui proviennent de différentes régions de France, entre mars et octobre 2011. La recherche du parasite est effectuée par perfusion de l’artère pulmonaire (perfusion d’Inderbitzen modifiée par Oackley1). Les stades parasitaires sont classés en trois catégories selon leur taille (adulte, juvénile et hypobiotique). Cette méthode ne permet pas de récolter tous les vers, notamment au stade inhibé : la prévalence du portage des dictyocaules est donc sous-estimée. Toutefois, ces résultats corroborent ceux de plusieurs études européennes qui évaluent la prévalence d’animaux adultes porteurs (détectés par sérologie ou coproscopie) entre 4,8 et 14 %. Des parasites au stade juvénile (entre 1,5 et 20 mm) sont essentiellement isolés.

UNE EXCRÉTION IMPORTANTE CHEZ LES PRIMIPARES

La dynamique d’excrétion larvaire a été étudiée chez 50 vaches laitières adultes en Haute-Normandie, de la fin de l’hiver au début de l’été 2012, en associant une coproscopie réalisée tous les 15 jours et un test Elisa Major Sperm Protein (MSP, actuellement non commercialisé) effectué sur du lait individuel et de tank tous les mois. Ce troupeau est à ris­que (cas répétés de bronchite vermineuse). Les animaux ont été traités avec de l’éprinomectine en automne à la suite d’un épisode clinique. Des échantillons d’herbe, prélevés en mars, en avril et en juillet, montrent une très faible contamination des pâtures en L3 de D. viviparus, probablement liée au climat froid de l’année 2012, non favorable à la survie des larves.

Les résultats des coproscopies révèlent que la prévalence apparente instantanée2 varie de 2 à 6 % entre mars et début juin, avec une intensité d’excrétion de 1,3 L1/30 g de fèces, pour bondir à 27 % à partir du 25 juin, avec une excrétion de 5 L1/30 g de fèces le 25 juin et de 11,3 en moyenne le 9 juillet. Au total, 40,4 % des vaches ont excrété une fois au minimum de mars à juillet (prévalence cumulée).

La faible excrétion avant la mise à l’herbe peut être liée au traitement administré en automne. Toutefois, les animaux porteurs latents constituent la source de vers qui permet la reprise des cycles parasitaires au printemps. L’excrétion soudaine de la fin du mois de juin s’expliquerait par la reprise de développement des stades larvai­res inhibés présents dans les fines bronchioles des individus porteurs latents, associée à une augmentation des températures et des précipitations le mois précédent, qui permet le recyclage parasitaire. Lors du suivi, les multipares n’excrètent pas ou très peu, tandis que, chez les primipares, l’excrétion est plus intense et fréquente.

DES PERSPECTIVES DE SUIVI D’INFESTATION

Les valeurs des ratios de densité optique (ODR) de l’Elisa MSP sont stables entre mars et juillet chez les multipares (entre 0,107 et 0,178 en moyenne), alors qu’elles augmentent significativement chez les primipares (de 0,096 à 0,384 en moyenne). Les tests réalisés sur le lait de tank mettent également en évidence une élévation des ODR (de 0,109 à 0,301 en moyenne). Cela révèle, également, une relation significative entre les ODR et l’excrétion larvaire.

Ainsi, en début de saison, les primipares s’infestent davantage que les multipares avec les larves déposées par les porteurs latents. Elles contribuent au recyclage parasitaire, qui amène les multipares à s’infester fortement à leur tour en seconde partie de saison. Parallèlement à l’augmentation de l’excrétion larvaire, la toux, qui apparaît fin juin, est légère et ne concerne que quelques vaches. Cependant, dans les deux premières semaines de juillet, elle touche 20 % du troupeau. Les vaches sont traitées de façon individuelle fin juillet, puis un traitement collectif à base d’éprinomectine est administré le 12 août.

Ainsi, la dynamique d’infestation dépend du nombre de primipares dans l’élevage, de la période, de la conduite de pâturage, des conditions météorologiques et du statut immunitaire du troupeau adulte. La concordance des ODR de l’Elisa MSP obtenus sur les laits individuels et de tank avec l’excrétion permet d’envisager des perspectives pour le suivi des infestations, en particulier des primipares.

  • 1 Oackley G.A. The recovery of Dictyocaulus viviparus from bovine lungs by lung perfusion: a modification of Inderbitzen’s method. Res. Vet. Sci. 1980;29:395-396.

  • 2 Prévalence apparente instantanée : nombre de vaches excrétrices à un instant T par rapport au nombre total d’animaux échantillonnés.

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