Plantes vénéneuses : exemple de l’empoisonnement à la swainsonine - La Semaine Vétérinaire n° 1587 du 31/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1587 du 31/05/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Un fait divers défraie la chronique en Nouvelles-Galles du Sud (Australie)1 : des moutons se sont suicidés en se cognant la tête après avoir ingéré une plante. À première vue, cela ressemble à un mauvais canular. Pourtant c’est loin d’être le cas, car ces animaux ont consommé une variété de pois sauvages toxique.

ÉTIOLOGIE

La swainsonine est un alcaloïde dérivé de la lysine, produit par un petit nombre de plantes et de champignons. Les plantes productrices sont identifiées en Amérique (Astragalus spp), en Asie et en Australie (Swainsona spp), mais ne sont pas présentes en Europe à l’état naturel. Certaines sont commercialisées comme fleurs d’ornement (graines vendues par correspondance). L’alcaloïde est présent dans toute la plante, avec des concentrations plus importantes dans les parties aériennes (surtout dans les fleurs et les graines) que dans celles enterrées. Chez certaines espèces, la concentration augmente lors de stress hydrique de la plante.

Les Swainsona sont des plantes robustes de la famille des Fabaceae, hautes d’une trentaine de centimètres avec des fleurs en grappe et des gousses laineuses de 10 cm environ. Elles sont réputées pour leurs fleurs très colorées. La Swainsona formosa ou pois du désert de Sturt est une des fleurs sauvages d’Australie les plus connues et emblème de l’Australie du Sud. Les astragales, qui sont également des fabacées, sont présentes sur tous les continents. La plupart ne sont pas toxiques, mais les vénéneuses sont divisées en trois groupes : celles qui accumulent le sélénium, celles qui produisent de la swainsonine et les dernières, des dérivés nitrés.

EFFETS TOXIQUES

La swainsonine est un toxique chronique qui inhibe les enzymes alpha-mannosidase et mannosidase II. Elle engendre une altération de la synthèse de sucres complexes et de certaines glycoprotéines, ainsi que de leur stockage. Le système nerveux central y est particulièrement sensible.

La maladie, appelée locoïsme, n’apparaît qu’après l’ingestion continue de la plante pendant plusieurs semaines, en général au début du printemps ou en automne, lorsque l’herbe est rare. Les chevaux, les chèvres et les ovins y sont plus sensibles que les bovins. Les signes cliniques peuvent apparaître après seulement deux semaines d’ingestion (quatre voire davantage chez les bovins). En Australie, les Swainsona présentent la particularité d’être addictives : les animaux y prennent goût et ne peuvent plus y résister.

Les symptômes ressemblent à ceux d’une hypothyroïdie et associent des troubles neurologiques (hypersensibilité au toucher, hyperexcitabilité puis dépression, incoordination, tremblements), un amaigrissement et un poil terne, une infertilité. Des avortements et des malformations chez les agneaux sont décrits pour certaines astragales aux États-Unis (Astragalus pubentissimus et A. lentiginosus) ou lors d’ingestion à long terme (plus de huit à dix semaines). L’intoxication peut aboutir à la mort ou laisser des animaux sans valeur économique : les lésions sur le système nerveux central sont permanentes après six à huit semaines d’ingestion.

Références

  • → Hakimat Bel-Kassaoui, thèse de doctorat, Université Mohamed-V, 2006-2007, Maroc.
  • → Panaccione D. et coll. Bioactive alkaloids in vertically transmitted fungal endophytes, Functional ecology, 2013, doi: 10.1111/1365-2435.12076.

QUI PRODUIT DE LA SWAINSONINE ?

Plantes

→ Genre Astragalus

– Amérique du Nord : A. earlei, A. mollissimus, A. pubentissimus, A. lentiginosis, A. wootoni ; A. nothoxys, A. tephrodes, A. humistratus (États-Unis).

– Argentine, Pérou : A. pehuenches.

→ Genre Oxytropis

– Amérique du Nord : O. lambertii, O. sericea, O. campestris (Canada).

→ Genre Swainsona : S. Canescens, S. luteola, S. greyana, S. galegifolia, etc.

→ Occasionnellement, la swainsonine se rencontre chez deux autres familles de plantes : les Convolvulaceae (Ipomoea et Turbina) et les Malvaceae (Sida carpinofolia).

Champignons

→ Undifilum oxytropis (anciennement : Embellisia), un champignon endophyte des genres Astragalus et Oxytropis (O. lambertii).

→ Rhyzoctonia leguminicola, agent pathogène du trèfle rouge (Trifolium pratense).

→ Metarhizium anisopliae, parasite des insectes, évalué dans le cadre de la lutte contre la gale bovine2.

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