Mycoplasma hyorhinis, contaminant majeur des lignées cellulaires humaines et porcines - La Semaine Vétérinaire n° 1587 du 31/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1587 du 31/05/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : Corinne Marois-Créhan*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*Anses, laboratoire de
Ploufragan-Plouzané (Côtes-d’Armor).
Article tiré de la conférence
« État actuel des connaissances
sur Mycoplasma hyorhinis »,
présentée lors des journées
de l’AFMVP à Paris, en décembre 2013.

La prévalence de Mycoplasma hyorhinis, présent dans les sécrétions nasales des porcs adultes ou à l’engraissement, est élevée (chez 5 à 8 % des truies, selon les études). Les femelles contaminent directement leurs petits de groin à groin dès les premiers jours de vie, mais une transmission indirecte n’est pas exclue. Chez les porcelets, M. hyorhinis est susceptible de coloniser les voies respiratoires profondes, puis de migrer vers les séreuses par voie hématogène et de provoquer des polysérites et des arthrites.

UNE INFECTION NON SYSTÉMATIQUE

Les symptômes se manifestent surtout chez les porcelets âgés de 3 à 10 semaines, et apparaissent entre trois et dix jours après l’infection : une hyperthermie, une perte d’appétit modérée, une hypertrophie des articulations des membres postérieurs, associées à une gêne dans les déplacements, et des signes respiratoires. Souvent, des otites, des conjonctivites et des pneumonies sont notées, mais pas de méningite (à la différence d’une infection par Haemophilus parasuis, responsable de la maladie de Glässer). En phase aiguë, les lésions d’inflammation séro-fibrineuse du péricarde, de la plèvre et du péritoine ressemblent à celles décrites dans la maladie de Glässer. Cependant, les arthrites à M. hyorhinis sont caractérisées par un œdème de la membrane synoviale et l’abondance de liquide synovial. En phase chronique, les adhérences sont fibreuses et le cartilage perd sa brillance, puis présente des érosions.

Les signes cliniques peuvent durer de trois à six mois. Parfois, aucun d’entre eux n’est visible dans certains élevages, alors que la proportion de porteurs du mycoplasme est élevée. Cela suggère l’existence de facteurs de virulence ou d’une variation de la composition antigénique de surface, qui favorise l’expression de l’infection.

M. hyorhinis résiste aux β-lactamines, mais il est généralement sensible aux antibiotiques efficaces sur M. hyopneumoniae, l’agent étiologique de la pneumonie enzootique. Les résultats des traitements ne sont pas toujours satisfaisants en phase aiguë. La prévention passe par la mise en œuvre des moyens qui permettent le contrôle des maladies respiratoires du porc (environnement, conduite d’élevage, qualité sanitaire, etc.) et la prévention des infections concomitantes (M. hyopneumoniae, H. parasuis, les virus influenza, etc.). Un vaccin est en cours de développement. Des vétérinaires rapportent l’utilisation d’autovaccins, mais l’efficacité de ces derniers n’est pas évaluée.

UN DIAGNOSTIC BACTÉRIOLOGIQUE OU MOLÉCULAIRE

La croissance in vitro de M. hyorhinis est rapide (deux à cinq jours), ce qui complique l’isolement d’autres mycoplasmes. Ses colonies sont caractéristiques, en forme d’œuf sur le plat, de 0,5 à 1 mm de diamètre. Le prélèvement idéal pour le diagnostic est le porc mort depuis peu qui n’a pas été traité par des antibiotiques, ou encore des tissus lésés (poumon, plèvre, péricarde ou articulations). La mise en évidence de M. hyorhinis dans ces tissus est révélatrice d’une infection, car il n’est pas présent à ce niveau chez un animal sain. En revanche, les écouvillonnages nasaux, trachéaux ou amygdaliens sur des porcs vivants ne confirment pas une infection systémique.

Le mycoplasme peut être détecté par des tests polymerase chain reaction (PCR) et typé par deux méthodes moléculaires mises au point par l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) : le séquençage du gène codant la lipoprotéine exogène P37 ou le multilocus sequence typing (MLST), fondé sur le séquençage de gènes de ménage. Toutefois, l’utilisation de cette dernière technique est limitée aux enquêtes épidémiologiques. L’Anses a également développé un test PCR en temps réel (TaqMan®), qui a pour cible la protéine P37 et dont le seuil de détection est dix fois inférieur aux tests PCR conventionnels (en cours de publication).

IMPLICATION DE M. HYORHINIS DANS LES CANCERS HUMAINS

Selon plusieurs études, M. hyorhinis est retrouvé chez l’homme dans 56 % des carcinomes gastriques, 55 % des carcinomes du côlon, 53 % des carcinomes du poumon, et mis en évidence dans 63,9 % des tissus gastriques cancéreux. De plus, il est détecté chez 36 % des hommes atteints d’une hyperplasie prostatique et plus de 50 % de ceux qui ont un cancer de la prostate. La protéine P37 serait un facteur de migration des cellules cancéreuses. Des discussions sont en cours concernant son utilisation comme cible potentielle pour la thérapie.

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