Ostéopathie : des contours encore flous - La Semaine Vétérinaire n° 1584 du 10/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1584 du 10/05/2014

Dossier

Auteur(s) : Marine Neveux

Ces dernières années, le dossier de l’ostéopathie vétérinaire a subi des remous : du décret d’application pour l’ordonnance de juillet 2011, toujours attendu, au diplôme interécoles (DIE) d’ostéopathie, dont l’examen devrait être organisé en juin prochain. La réflexion avance. Des représentants des organisations professionnelles vétérinaires apportent leur éclairage sur la situation en France. Éclairages aussi à travers les pratiques d’autres pays et l’ostéopathie humaine.

En France, tout confrère a la possibilité de pratiquer l’ostéopathie. Il en existe deux sortes : les vétérinaires ostéopathes titulaires du diplôme interécoles (DIE) et ceux qui ont suivi des formations sans nécessairement aspirer à l’obtention de ce diplôme. Le Comité d’orientation et de formation (COF) et le DIE d’ostéopathie vétérinaire sont en cours de restructuration, comme s’y était d’ailleurs engagée notre consœur Brigitte Siliart, professeur à Oniris, à la fin de l’année 20131. Si ce diplôme a traversé des zones de turbulences, il doit aujourd’hui être pérennisé. Il est en effet le fruit d’un important travail. Sa concrétisation nécessite aussi bien des assises budgétaires que la cohérence des différents enseignements. Le référentiel de formation constitue donc un point clé, ainsi que le martèlent les différentes organisations professionnelles vétérinaires. L’exigence de critères de formation de haut niveau pour les vétérinaires est un atout pour valoriser la profession et la qualité de sa pratique.

QUELS DÉBOUCHÉS POUR LES CONFRÈRES ?

Au-delà du système de formation, une question mérite d’être posée : quels sont les débouchés professionnels dans le cadre de l’activité vétérinaire ? Selon les données de l’annuaire Roy 2013, plus de 500 praticiens acceptent de recevoir des référés. Ceux-ci sont répartis sur l’ensemble de l’Hexagone. Quels sont les besoins des clients en termes d’ostéopathie animale Tous les secteurs sont concernés : les chiens, les chats, les bovins, mais aussi les équidés, chez qui la pratique de l’ostéopathie est bien ancrée dans les attentes des cavaliers et des propriétaires de chevaux. Chez l’homme, 20 % environ de la population consultent, rarement en première intention, un ostéopathe.

Notre profession mérite de s’engager dans cette discipline, car les vétérinaires détiennent une compétence issue de leur formation initiale, ainsi qu’une approche globale et médicale du malade. En outre, cette discipline thérapeutique offre une garantie de qualité, grâce à l’évaluation holistique de l’animal et à une mise en œuvre des techniques ostéopathiques uniquement si le cas le justifie.

Enfin, quels sont les débouchés pour les étudiants engagés dans des formations d’ostéopathie animale, qui se multiplient sur le territoire et présentent des durées, des tarifs et des critères de formation particulièrement variables ? Une communication auprès du grand public concernant les socles communs n’est-elle pas nécessaire ?

QUALITÉ INHOMOGÈNE EN OSTÉOPATHIE HUMAINE

L’ostéopathie humaine est confrontée à plusieurs problématiques. Le système français est relativement désorganisé en termes de régulation : plus de 25 associations d’ostéopathes médecins et une vingtaine d’autres d’ostéopathes non médecins sont comptabilisées. Ceux qui ne trouvent pas de travail sont parfois tentés de créer une école, ce qui conduit à une pléthore de structures, dont près d’une trentaine en formation initiale. Leur qualité n’est pas homogène… Les besoins ne sont pas non plus au rendez-vous et le marché peut susciter bien des désillusions chez les jeunes qui se lancent dans cette voie. À tel point qu’une réforme de la formation est envisagée pour cette année. La mise en place d’un nouveau référentiel et la gestion du nombre de diplômés sont prévues.

L’ambition européenne pour l’ostéopathie est d’arriver à un niveau minimal bac + 5. Les pays évoluent et l’instauration de référentiels aboutit à la fermeture potentielle d’écoles dont le niveau est insuffisant. L’Allemagne dresse actuellement ce bilan.

UNE SITUATION VARIABLE SELON LES PAYS

L’Osteopathic International Alliance (OIA) vient de publier en ce début d’année 2014 un état des lieux de l’ostéopathie humaine dans le monde. En médecine humaine, il existe deux types de praticiens : les médecins ostéopathes et les ostéopathes. La réglementation montre des diversités. Dans plusieurs pays d’Europe (tels que la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Suisse), la voie d’enseignement pour la reconnaissance du médecin ostéopathe nécessite comme première qualification celle de docteur en médecine, suivie d’une formation en ostéopathie. En Australie et au Royaume-Uni, les “registered” ostéopathes sont “cliniquement” responsables de leurs patients. Ceux “non enregistrés” ne peuvent prétendre qu’au titre de “massage therapist”. Dans certains pays, l’ostéopathie est régulée. Dans d’autres, il n’existe ni réglementation ni contrôle du niveau de formation. En France, le titre d’ostéopathe est protégé par la législation, mais il n’existe pas d’organisme unique de régulation. Les ostéopathes doivent enregistrer leur pratique auprès de l’agence régionale de santé (ARS).

En outre, la France compte un nombre élevé d’ostéopathes, comparativement à la population et aux autres pays. Beaucoup d’entre eux ne peuvent exercer leur métier. Face à la prolifération du nombre d’écoles privées, l’OIA préconise la mise en place de réglementations et d’accréditations des établissements. Enfin, face au manque de travail des ostéopathes de médecine humaine, certaines écoles créent des options dans le domaine animal.

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1564 du 13/12/2013.

L’OSTÉOPATHIE HUMAINE EN CHIFFRES

→ L’enquête 2013 de l’OIA, qui porte sur 33 pays, identifie plus de 88 000 médecins ostéopathes dans le monde, avec une augmentation de 70 % en dix ans. La majorité (82 500, soit 7,2 % des médecins américains) se trouve aux États-Unis.

→ L’étude recense environ 43 000 ostéopathes, dont le nombre a pratiquement triplé en une décennie. Les pays qui en comptent le plus sont la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Australie, la Belgique et le Canada. Au total, ils représentent 38 000 paraprofessionnels (soit 88 %).

→ Le nombre total d’élèves inscrits dans des écoles d’ostéopathie est passé de 14 409 (2006-2007) à 21 741 (2012-2013).

L’étude de l’OIA en 2013, qui porte sur 25 pays, identifie 14 750 étudiants, dont 10 000 en France.

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