Rencontre avec un poisson légendaire

Quasiment inchangée depuis 400 millions d’années, la singulière anatomie du cœlacanthe – avec ses nageoires pédonculées et son poumon vestigial – l’a longtemps désigné comme l’ancêtre des tétrapodes. Alors qu’on le croyait disparu depuis 65 millions d’années (avec les dinosaures), la capture en 1938 d’un spécimen vivant fut une découverte zoologique fondamentale du xx^e siècle. Après l’identification de Latimeria chalumnae dans le canal du Mozambique, une seconde espèce, Latimeria menadoensis, fut découverte en Indonésie en 1997. Habitant des grandes profondeurs (plus de 200 m de fond), le cœlacanthe ne restait accessible qu’aux engins submersibles peu discrets. Sa découverte en 2000 dans les grottes sous-marines de la baie de Sodwana (Afrique du Sud) à des profondeurs relatives (120 m) rend possible son approche par des plongeurs autonomes. Le biologiste marin Laurent Ballesta l’a ainsi photographié en 2010. Rêvant de prolonger le face-à-face, ce dernier a organisé en 2013 une expédition scientifique (en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle) visant à étudier in vivo divers aspects de la biologie méconnue du “fossile vivant”. La chaîne Arte s’est associée au projet. Le documentaire qu’elle propose le 3 mai en prime time (à l’occasion d’une journée dédiée aux océans) rend justice à la dimension extraordinaire du poisson comme de cette odyssée scientifique et sportive.

Le Cœlacanthe, plongée vers nos origines de Gil Kébaïli, coécrit avec Laurent Ballesta, 2014, Arte France, Les Films d’Ici, Andromède Océanologie, CNRS Images, diffusion le 3 mai à 20 h 50 sur Arte, 1 h 30.