Déguster des insectes alimentaires, pourquoi pas ?

Manger des insectes ? 4 % des participants au sondage proposé sur notre site pensent que c’est déjà le cas. Ils ont raison : la consommation involontaire d’insectes est estimée à 500 g par personne et par an, soit plus de 30 000 t en France. Il s’agit soit d’animaux présents dans les fruits et les légumes, notamment ceux transformés par l’industrie agroalimentaire (jus, soupes, confitures, herbes moulues), soit d’additifs alimentaires tels que l’E120 (acide carminique), un pigment rouge issu de la cochenille utilisé pour colorer certains bonbons, produits laitiers, charcuteries, boissons, etc., ainsi qu’en cosmétique, malgré un risque d’allergie.

43 % des confrères considèrent que les insectes sont un aliment comme un autre, « à condition de connaître la provenance des animaux, de la même façon que celle d’une viande est renseignée ». Il importe « que ce soit clairement indiqué sur l’étiquette (pas en tout petit dans la liste des ingrédients, à peine lisible ) », donc dûment identifié comme tel. Actuellement, le cadre réglementaire fait défaut, ainsi que la sécurisation sanitaire et juridique de leur production. La mise sur le marché d’insectes destinés à l’alimentation humaine relève du règlement européen “novel food” 258/97 du 27 janvier 1997 : est considéré comme nouvelle denrée tout ce qui n’était pas couramment consommé sur le territoire avant 1997. Alors que l’ajout d’insectes au menu est possible et toléré dans de nombreux pays d’Europe, cela ne devrait être permis qu’à partir de 2016, avec la révision du règlement.

Depuis décembre 2013, la Belgique est le premier pays européen à autoriser formellement, à titre temporaire, la mise sur le marché d’insectes pour la consommation humaine. La liste diffusée par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) comporte dix espèces dont l’ingestion est avérée par une enquête menée en 2011 par la Commission européenne : le grillon domestique (Acheta domesticus), le criquet migrateur africain (Locusta migratoria migratorioides), le ver de farine géant (Zophobas atratus morio), le ver de farine (Tenebrio molitor), le ver buffalo (Alphitobius diaperinus), la chenille de la fausse teigne (Galleria mellonella), le criquet pèlerin d’Amérique (Schistocerca americana gregaria), le grillon à ailes courtes (Gryllodes sigillatus), la chenille de la petite fausse teigne (Achroia grisella) et celle du bombyx (Bombyx mori).

En France, il est d’ores et déjà possible de s’approvisionner, via Internet, en grillons, criquets ou vers de farine : Micronutris, une société implantée dans le sud de la France, propose une gamme de spécimens alimentaires prêts à consommer ou à cuisiner, ainsi que des recettes. Dans le Maine-et-Loire, le projet Bipro espère quant à lui développer un élevage destiné à la production industrielle de farines d’insectes et autres produits transformés. Ces petites bêtes sont proposées au menu de quelques restaurants. Des programmes de recherche explorent également la piste entomologique pour l’alimentation des animaux¹.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1562 du 29/11/2013.