Comment bien gérer le temps partiel - La Semaine Vétérinaire n° 1583 du 02/05/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1583 du 02/05/2014

Entreprise

Auteur(s) : Françoise Sigot

Choisi ou subi, le travail à temps partiel nécessite d’adapter l’organisation de sa structure et de respecter la loi sur la sécurisation de l’emploi, qui devrait produire son effet majeur cet été.

Le temps partiel compte de plus en plus d’adeptes parmi les professionnels de santé, en particulier chez les femmes. Selon une étude de l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) parue en décembre 2012, 1,99 femme versus un homme travaille à temps partiel dans le secteur de la santé. L’indice de parité atteint 1,67 chez les femmes vétérinaires. Selon le secteur d’activité, certains y voient l’effet de la féminisation des métiers, d’autres celui de la pénurie de postes et d’autres encore simplement le désir de concilier au mieux le travail et la vie personnelle. Quelles que soient les raisons de cette montée en puissance, les acteurs concernés doivent organiser la mise en œuvre du travail à temps partiel en respectant certaines règles.

LE TEMPS DE TRAVAIL REVU À LA HAUSSE

La loi sur la sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 introduit plusieurs modifications, dont la plus spectaculaire porte sur la durée du travail. À partir du 1er juillet prochain – sous réserve de voir cette mesure, qui devait s’appliquer le 1er janvier dernier, encore repoussée – le volume horaire ne représentera pas moins de 24 heures hebdomadaires. « Il n’y aura pas de remise en cause du temps de travail prévu dans les contrats signés avant cette date, précise Me Xavier Berjot, avocat spécialiste du droit du travail. De fait, même s’ils prévoient moins de 24 heures par semaine, ils restent valables au regard de la loi ». Par ailleurs, des dérogations seront consenties à condition d’être réclamées par le salarié qui souhaite travailler moins. Ces demandes doivent être « écrites et motivées ». Au rang des motifs qui justifient l’exception figurent en particulier le fait de cumuler plusieurs emplois et le besoin de faire face à des contraintes personnelles. En revanche, l’employeur ne pourra pas imposer un volume horaire hebdomadaire inférieur à 24 heures à un de ses collaborateurs.

DES NÉGOCIATIONS À VENIR

« Quelle que soit la période de référence du travail à temps partiel (semaine, mois, etc.), l’équivalent de 24 heures par semaine est désormais une durée minimale », résume Xavier Berjot. Pour autant, des négociations seront engagées à l’échelle des branches professionnelles : « La branche vétérinaire, via les deux conventions collectives (ASV et confrères salariés), ne pourra fixer une durée de travail inférieure, par l’adoption d’avenants courant 2014, que si des garanties sont apportées. Il s’agit de garanties relatives à la mise en œuvre d’horaires réguliers ou permettant au salarié de cumuler plusieurs activités afin d’atteindre une durée globale d’activité correspondant à un temps plein ou au moins égale à 24 heures par semaine, prévient le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Si la durée hebdomadaire du travail est inférieure, le regroupement des horaires sur des journées ou des demi-journées régulières ou complètes sera obligatoire. »

DES AJUSTEMENTS DANS PLUSIEURS DOMAINES

Un autre changement concerne les heures complémentaires. « Depuis le 1er janvier dernier, celles qui n’excèdent pas le dixième de la durée du travail prévue au contrat n’ouvrent pas droit à une augmentation de salaire de 10 %, explique Xavier Berjot. Les heures qui dépassent ce dixième seront majorées de 25 %, comme c’était le cas avant. » La nouvelle loi aménage également les modalités de priorité de passage à temps complet pour les salariés qui travaillent à temps partiel. Enfin, elle limite les interruptions d’activité. « L’horaire de travail du salarié à temps partiel ne peut comporter plus d’une interruption supérieure à deux heures au cours d’une même journée », indique ce spécialiste du droit du travail.

ADAPTER L’ORGANISATION DE LA STRUCTURE

Au-delà de l’aspect juridique, le temps partiel nécessite un cadre organisationnel. Sur ce point, aucun texte ne guide l’action des associés. « Les vétérinaires ont l’habitude de gérer le temps partiel avec les services d’urgence, estime Delphine Paulet, fondatrice de Vet Consulting. Toutefois, il convient d’encadrer les pratiques concernant l’activité régulière par quel-ques règles afin de maintenir le niveau du service client et pour le bien-être et la performance de la structure. » Mal organisé, le temps partiel est en effet susceptible de causer des dysfonctionnements. Le plus commun réside dans l’émergence de pseudo-équipes, composées au gré des aménagements de temps de travail des collaborateurs, qui fonctionnent chacune selon ses propres règles. Il n’est pas facile, dans ce cadre, de garantir un service homogène aux clients. « Dans les plannings, il convient de limiter les équipes régulières et de favoriser les échanges, l’ouverture et le dialogue », conseille Delphine Paulet. Cette spécialiste du management considère qu’il est nécessaire de prévoir des temps d’échange pour l’ensemble de l’équipe. Ceux-ci seront d’autant plus réguliers si cette dernière est morcelée.

METTRE EN PLACE DES OUTILS

L’informatique et de nombreux outils facilitent la tâche, même si à l’instar de tout mode de communication, il importe de s’assurer qu’ils peuvent être utilisés et compris par tous. « Au sein d’une structure, il est indispensable de s’accorder sur les codes, les contenus et le niveau de détail à saisir dans le logiciel, insiste Delphine Paulet. Sinon, certains auront tendance à fournir de nombreux éléments et à noyer l’essentiel, tandis que d’autres n’en diront pas suffisamment pour que chacun puisse intégrer l’information. » Toutefois, si performants soient-ils, les outils de nouvelle génération ne remplacent pas complètement les bonnes vieilles méthodes… Les réunions, les entretiens individuels et l’affichage sont autant de pratiques à développer pour entretenir le lien entre les équipes. Jacques Plançon, praticien dans le Jura, assure la gestion de deux cliniques qui emploient dix vétérinaires, dont un à temps partiel, et 15 ASV, dont 11 à temps complet. « Tous nos temps partiels sont choisis, ce qui facilite grandement l’organisation interne, souligne-t-il. Par ailleurs, nos auxiliaires sont spécialisées, donc le temps partiel est plus facile à gérer dans ce cadre que lorsque tout le monde assume toutes les tâches. » Ce vétérinaire met à profit tous les outils de communication de première et de dernière générations – de l’affichage à l’intranet – pour faire en sorte que chaque collaborateur bénéficie de la même information et sache parfaitement ce qui est attendu de lui. « En pratique, cela se passe bien, mais nous avons tout de même récemment décidé de nommer une ASV référente, témoigne le vétérinaire. Elle est chargée de veiller à ce que les données ou les changements d’organisation soient bien connus de tous. »

Dans le Sud de la France, Caroline Dabas mise, quant à elle, sur l’autonomie et les échanges réguliers pour organiser sa clinique, qui compte un vétérinaire à temps partiel. « Nos plannings sont fixes, sauf en cas d’urgence ou d’empêchement personnel. Nous sommes tous très autonomes dans la gestion de notre travail et nous communiquons en général via notre messagerie. Nous avons également des dossiers clients informatisés fort bien renseignés, ce qui nous permet de garantir un service homogène », confie cette praticienne installée à Langon, en Gironde.

La bonne gestion du temps partiel suppose donc une organisation adaptée à ce mode de travail. Il est possible d’assurer une régularité à tous les suivis : clients, laboratoires, fournisseurs, employés, etc., gage de fonctionnement de toute structure.

QUELQUES CHIFFRES

→ Les cliniques vétérinaires emploient 7 609 salariés à temps partiel et 8 448 à temps plein.

→ 8 176 personnes (salariées ou non) exercent une activité à temps partiel au sein d’un cabinet vétérinaire et 13 769 personnes travaillent à temps plein.

Source : OMPL, 2010.

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