Merial « joue sur les deux tableaux », la prescription et la vente libre

Le 3 avril dernier, Merial a fêté les 20 ans de Frontline® et du fipronil vétérinaire. Mais il a surtout lancé deux nouveaux antiparasitaires sur prescription : les comprimés NexGard® contre les puces et les tiques des chiens à base d’une nouvelle molécule, l’afoxolaner, ainsi qu’un endectocide en spot-on pour les chats, Broadline®. Ce dernier combine pas moins de quatre principes actifs : le fipronil, le méthoprène, l’éprinomectine et le praziquantel (^{voir tableau}).

Deux marchés, deux gammes

Ces nouveaux antiparasitaires sur prescription ne sont pas destinés à remplacer la gamme Frontline® qui reste leader malgré l’introduction des génériques. Elle est reconnue par 84 % des propriétaires, achetée au moins une fois dans l’année par 65 % d’entre eux et leur donne satisfaction dans 95 % des cas… En outre, les antiparasitaires externes (APE) en vente libre représentent plus de 80 % de ce marché dans les trois circuits : « Les vétérinaires pour moitié, les pharmaciens pour un tiers et les jardineries et animaleries pour le reste. » Selon Merial, les antiparasitaires sur prescription ne détrôneront pas le marché des APE dérogatoires. Ces derniers bénéficient en effet d’une dynamique forte grâce à la publicité grand public, dans la clinique comme dans les médias, notamment à la télévision. Merial propose donc aux vétérinaires de « jouer sur les deux tableaux », avec la gamme Frontline® pour répondre à la demande et une autre, Merial V-Line®, vendue sur prescription.

Des puces aux cestodes du chat

Broadline® est un spot-on qui compte quatre principes actifs différents afin d’élargir le spectre d’activité endectocide des parasites externes (puces et tiques) aux nématodes (ascaris et ankylostomes) et surtout aux cestodes avec le praziquantel. Car la prévalence des cestodes est sous-estimée chez le chat. À l’autopsie, un quart à un tiers des chats seraient infestés par Dipylidium caninum ou par un ténia, alors que les coproscopies sont presque toujours négatives. Cette activité cestodicide différencie Broadline® de ses deux concurrents endectocides : Advocate® (Bayer), à base d’imidaclopride et de moxidectine, et Stronghold® (Zoetis), avec la sélamectine. L’éprinomectine en tant que nématocide et le praziquantel agissent via un effet systémique. Les posologies du fipronil et du méthoprène sont doublées par rapport à celles de Frontline® Combo, ce qui explique des rémanences plus longues. En outre, ce spot-on n’est pas conditionné dans une pipette souple, mais dans une petite seringue unidose en plastique.

Pas d’effet indésirable pour un comprimé appétant

Issu de la nouvelle famille des isoxazolines, l’afoxolaner est présenté dans le comprimé tendre non sécable NexGard®. Appétant (arôme bœuf braisé), il bénéficie de plus de 90 % de prise spontanée. Ce principe actif agit par un effet systémique. Il est nécessaire que les parasites se gorgent au moins partiellement de sang pour être tués. Il n’y a donc pas d’effet répulsif. L’activité est corrélée à des taux plasmatiques supérieurs à 0,1 µg/ml. Elle est donc rapide, car le pic (1,6 µg/ml) est atteint en deux à quatre heures, avec une biodisponibilité de 74 %. Ainsi, près de 90 % des puces sont tuées en quatre heures et la totalité en huit. L’activité se prolonge sur environ un mois car la substance active, lipophile, est éliminée lentement avec une demi-vie de quinze jours. L’administration reste donc mensuelle, contrairement au comprimé d’une autre isoxazoline, le fluralaner (Bravecto®), actif douze semaines contre les puces et huit à douze contre les tiques. Enfin, la notice ne signale « aucun » effet indésirable.

Toutes les gammes de nouveaux antiparasitaires lancées depuis le début de l’année sont désormais référencées en centrales à des prix de l’ordre de 12 à 20 € HT les trois mois de traitement, selon le poids de l’animal.