Conductivité électrique et échographie : de bons indicateurs d’une mammite clinique

Chez la vache laitière, l’échographie de la glande mammaire et des trayons est un bon indicateur, qualitatif et quantitatif, de l’inflammation provoquée par une mammite. Et la mesure de la conductivité électrique du lait peut être un indicateur complémentaire, selon une étude¹ présentée par Christophe Staub (Inra de Nouzilly) lors des Rencontres autour des recherches sur les ruminants à Paris, en décembre dernier.

CHUTE DE PRODUCTION, HAUSSE DE CONDUCTIVITÉ ÉLECTRIQUE

La production laitière chute pendant et après les épisodes de mammite clinique. Elle diminue en moyenne de 13 % par rapport à la production de la semaine qui précède la détection de la mammite en salle de traite, et reste inférieure en moyenne de 7 % deux semaines après la mammite. Dans certains cas graves, la chute peut atteindre plus de 80 % de la production antérieure à la mammite.

Des indicateurs de l’inflammation ont donc été recherchés. La conductivité électrique correspond à l’aptitude d’une solution à laisser les charges électriques se déplacer librement dans un liquide, donc de permettre le passage d’un courant électrique. Dans les quartiers atteints de mammite, celle-ci est augmentée en moyenne par rapport aux quartiers sains chez les mêmes vaches, pendant les quatre jours qui entourent l’apparition des signes cliniques. Les fluctuations journalières de la conductivité électrique du lait sont également plus importantes pour les quartiers atteints durant les 28 jours qui entourent l’apparition des symptômes de mammite. Cette variation serait liée à l’augmentation d’ions circulants dans le lait, en provenance du sang, en raison d’une plus grande perméabilité des tissus pendant l’inflammation.

Toutefois, la conductivité électrique est faiblement corrélée au taux de cellules somatiques lors de mammites et varie selon d’autres facteurs, notamment l’agent pathogène impliqué. Elle ne peut ainsi être utilisée qu’en complément de la mesure d’autres indicateurs.

L’ÉCHOGRAPHIE, UN INDICATEUR FIABLE DE SUIVI

Une inflammation de la glande mammaire et du trayon peuvent être mises en évidence par l’échographie dans les quartiers atteints (^{voir photos}). L’examen est réalisé aux fréquences de 5 MHz pour le parenchyme mammaire et de 10 MHz pour les trayons. Une zone d’inflammation sous-cutanée, parfois associée à un œdème, est observée entre la peau et la glande mammaire pendant une mammite. Au niveau du trayon, un épaississement de la paroi, donc une diminution du diamètre de la citerne, est noté. La présence de cailles, plus échogènes, est quelquefois observée au niveau de la citerne du trayon ou de la glande mammaire.

Une infusion intramammaire d’ovalbumine chez 10 vaches préalablement sensibilisées à cet antigène a été effectuée afin d’étudier quantitativement la réponse inflammatoire locale induite, en mimant les premières étapes d’une mammite clinique non destructive. Une réduction significative du volume de la citerne des trayons est notée 12 heures après l’infusion et confirme les images observées lors de mammite.

L’échographie permet également d’évaluer la qualité de la récupération ou les séquelles de l’infection sur la glande mammaire et le trayon atteint après le traitement antibiotique.

Ces résultats pourraient aboutir à la validation de nouveaux indicateurs morphométriques et servir d’aide à la réforme pour les éleveurs.

• 1 Staub C., Touze J.L., Bouttier A. et coll. Conséquences des mammites cliniques sur la production laitière, la conductivité électrique du lait et la morphologie des trayons et de la glande mammaire de la vache holstein. Renc. Rech. Rumin. 2013;20:391-394.