Critères de choix et d’évaluation des bâtiments d’élevage caprins - La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014

Formation

PRODUCTION ANIMALES/CAPRINS

Auteur(s) : Mathilde Fragne*, Karim Adjou**

Les bâtiments représentent l’investissement le plus important lors de la création d’un élevage caprin, aussi bien sur le plan des coûts d’achat ou de construction qu’en termes de conséquences sur les performances du cheptel. Un défaut de conception est beaucoup plus difficile à corriger qu’une erreur d’alimentation ou de gestion de la reproduction. De plus, il convient de tenir compte des contraintes réglementaires inhérentes à tout bâtiment d’élevage (distance par rapport aux habitations, gestion des effluents, etc.). En France métropolitaine, les agriculteurs logent leurs animaux en bâtiment une partie de l’année au minimum. Si le “100 % plein air” est extrêmement rare, plusieurs pratiques se rencontrent sur le terrain : conduites en bâtiment l’hiver et en pâture l’été, en abri toute l’année avec des sorties quotidiennes, en bâtiment exclusivement. Les deux dernières sont majoritaires.

LES TYPES DE BÂTIMENTS

Un élevage caprin classique comporte trois types de logement adaptés à trois catégories d’animaux (les chèvres adultes, les jeunes et les boucs) répartis dans un ou plusieurs bâtiments. Comme la taille moyenne des troupeaux augmente, ces derniers sont de plus en plus souvent spécifiquement étudiés pour l’élevage caprin. Trois types de conception existent pour les constructions récentes :

→ le tunnel, destiné de préférence aux troupeaux de moins de 150 chèvres ;

→ la chèvrerie de conception longitudinale adaptée à toutes les tailles de cheptel ;

→ la chèvrerie de conception transversale, réservée aux élevages de plus de 300 animaux. L’usage d’anciens bâtiments de ferme est rapidement limité par le manque de fonctionnalité des installations, qui complique le travail de l’éleveur et les déplacements des bêtes. De plus, la ventilation y est souvent insuffisante.

LES CHÈVRES ADULTES

Certaines normes sont à respecter en matière de dimension et d’ambiance pour la santé et le bien-être des animaux. Modulée selon le temps passé à l’extérieur, une surface paillée de 1,50 à 2 m2 par chèvre et 0,3 à 0,4 m de longueur d’auge est conseillée. Les chèvres se déplacent deux fois par jour pour la traite. Leur circulation doit être facilitée, dépourvue d’obstacles (marches, angles droits ou pentes) susceptible de provoquer des traumatismes.

Facteurs d’ambiance à contrôler

Plusieurs éléments sont à prendre en compte : la température, l’humidité et la quantité d’ammoniac dans l’air. Concernant la température, la chèvre supporte plutôt bien le froid s’il s’installe progressivement.

L’humidité (mesurée par un hygromètre) ne doit pas dépasser 80 % dans une chèvrerie. Un animal adulte élimine par évaporation 1,2 à 1,5 l d’eau par jour, en plus de l’urine. Il convient de surveiller d’éventuelles fuites d’abreuvoirs et les infiltrations d’eau afin d’éviter d’accroître l’humidité ambiante. La litière dégage une quantité importante d’ammoniac qui, s’il n’est pas évacué, irrite la trachée et les bronches. Un curage régulier du fumier est indispensable. Le renouvellement de l’air doit être efficace, de 30 m3/h par animal en hiver et de 120 à 150 m3 en été. Il s’effectue grâce à une ventilation statique ou dynamique, avec l’utilisation d’extracteurs électriques. Mieux vaut également ne pas dépasser une vitesse de 0,5 m/s au niveau des animaux, car une aération trop forte génère des courants d’air.

LES CHEVREAUX ET LES CHEVRETTES

L’abri des jeunes animaux, souvent négligé par les éleveurs par rapport à celui du troupeau en production, représente pourtant un point important de l’élevage. Il influence directement la santé et la croissance de l’effectif de renouvellement. Les chevreaux sont sensibles aux variations de température et à l’ambiance générale dans le bâtiment. Une bonne isolation, une ventilation correcte et une hygiène scrupuleuse de la nursery sont essentielles. La surface paillée nécessaire varie avec l’âge : de 0,25 à 0,3 m2 pour des chevreaux d’un mois à 1 m2 pour les chevrettes de sept mois, pour 0,2 à 0,25 m de longueur d’auge. Deux étapes sont distinguées dans l’élevage des chevrettes (donc deux types de logement) : la phase lactée et la phase postsevrage (de 50 jours environ à la première mise bas à 12 mois). Durant la première phase, les animaux sont répartis en lots de 20 à 30 individus de même poids pour 12 à 15 m2 de surface. Chaque case comporte un point d’eau, un râtelier, une auge, ainsi qu’un dispositif de distribution du lait. Les différents systèmes d’allaitement (gouttière, multibiberon, distributeur automatique de lait) sont propres et permettent une alimentation correcte de tous les animaux du lot. Des cases individuelles sont primordiales pour les chevreaux en phase colostrale et pour les bêtes malades (distinctes et strictement séparées pour d’évidentes raisons sanitaires). Les exigences des chevrettes sevrées sont moindres et se rapprochent de celles des adultes. La conduite en lots de 25 à 30 animaux de même poids reste indispensable afin de gérer au mieux leur croissance.

Logement des chevreaux et des adultes déconseillé

Le plus souvent, le cheptel de renouvellement est élevé dans des bâtiments reconvertis en nursery ou des appentis construits le long de la chèvrerie. Certains élevages possèdent cependant des nurseries spécialement bâties à cet effet, alors que dans d’autres les adultes et les chevreaux se côtoient dans le même logement. Fortement déconseillée, cette dernière solution est tolérée pour les chevrettes sevrées. Elle comporte cependant des risques sanitaires et n’est réservée qu’aux lots les plus âgés, en les séparant le plus possible des adultes. Ces derniers peuvent transmettre aux jeunes de nombreuses maladies, parasitaires (cryptosporidiose, gales, teignes, etc.) ou infectieuses (fièvre Q, chlamydiose, salmonellose, ecthyma contagieux, arthrite encéphalite caprine à virus, etc.).

LES BOUCS

Les mâles sont élevés sans difficulté dans les lots de chevrettes jusqu’au sevrage. Au-delà, le jeune bouc est séparé des femelles pour éviter toute saillie précoce de ces dernières. Néanmoins, il importe de ne pas le priver pour autant de contact avec ses congénères (impératif pour un bon développement comportemental).

Les boucs sont beaucoup moins exigeants que les chèvres sur leurs conditions de logement. Ainsi, ils sont parfaitement conduits en groupe en pâture en dehors des périodes de reproduction, à condition qu’ils disposent d’un abri et d’une auge couverte. En bâtiment, ils sont logés en case collective ou individuelle, ou encore à l’attache. La première solution ne pose aucun problème tant que chaque animal dispose de 1 m2 d’accès à l’auge et de 5 à 6 m2 de surface de couchage. Elle est en revanche déconseillée pour les mâles non écornés, en raison des risques de blessure lors des conflits. La case individuelle (2 m de largeur sur 3 à 4 m de profondeur) représente alors une bonne solution. À l’attache, chaque bouc doit disposer de 6 m2. Cependant, ces deux derniers modes de logement ne permettent pas aux animaux de garder une activité physique optimale et sont susceptibles de nuire à la qualité de leurs aplombs. Il est donc recommandé de prévoir un accès régulier à une aire d’exercice.

Retrouvez trois tableaux (avantages et inconvénients des différentes salles de traite, des types de bâtiments les plus courants, des principaux bâtiments utilisés pour l’élevage des jeunes) sur https://www.lepointveterinaire.fr/bdd/164/164_4352

LE CHOIX DE LA SALLE DE TRAITE RÉPOND À PLUSIEURS CRITÈRES

La salle de traite, présente dans la majorité des élevages caprins laitiers, est intimement liée au logement. Elle comporte des aménagements qui permettent le déplacement des animaux. Quatre plans sont actuellement rencontrés : en tunnel, en épi, parallèle et rotatif. Le choix d’un modèle de salle de traite et du nombre de places en quai dépend de plusieurs critères comme l’effectif, la place disponible dans le bâtiment, le coût, etc. Le point crucial à retenir est qu’elle doit permettre aux éleveurs de traire toutes leurs chèvres en 1 h 30 au maximum (préparation et nettoyage de la salle compris). La traite à la main ou au pot trayeur est réservée aux petits troupeaux.

CAS PARTICULIERS DES ÉLEVAGES CAPRINS NON LAITIERS

Peu de normes sont disponibles pour les bâtiments d’élevage des chevreaux à l’engrais. Globalement, les principes utilisés sont donc ceux qui s’appliquent aux chevrettes laitières de même âge. Les chèvres (y compris les mâles) de race angora sont capables de passer une partie de l’année en pâture, à condition de disposer d’un abri confortable. En revanche, elles sont impérativement à abriter en bâtiment l’hiver. Les recommandations, alors identiques à celles relatives aux chèvres laitières, intègrent une adaptation de la hauteur des installations (abreuvoirs, auges, râteliers). La chèvre angora est en effet plus petite que ses congénères des races laitières.

Pour en savoir plus

→ Vallois J.-P., Rocheteau L., Bealuc C. et coll. (2006). Le logement des troupeaux caprins du Centre Ouest. Institut de l’élevage, 57 pages.

→ Chartier C. Pathologie caprine du diagnostic à la prévention. Éditions du Point vétérinaire (2009), 325 pages.

→ http://www.fnec.fr/IMG/pdf/FICHE_5.pdf

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