Pratique d’élevage en Irlande : insuffisance des conseils vétérinaires sur la biosécurité

Une première étude irlandaise sur les pratiques d’élevage dans les troupeaux de bovins allaitants a été publiée fin 2013¹. Les éleveurs de seize exploitations et leurs vétérinaires ont répondu à un questionnaire afin de collecter des informations sur les pratiques d’élevage, mais aussi sur les problèmes de santé rencontrés et les conseils prodigués par les praticiens sur une période de deux ans (2009 et 2010).

Les exploitations sont situées dans plusieurs régions d’élevage et participent au programme volontaire d’amélioration des performances mis en place par l’Agriculture and Food Development Authority (Teagasc), l’organisme public qui gère les activités de recherche, de conseil et de formation dans le domaine agricole en Irlande. Les troupeaux sont de race limousine (50 %), charolaise (21 %), simmental (17 %) et blanc bleu belge (5 %). La mortalité moyenne des veaux observée dans ces élevages est comparable à la moyenne nationale.

De mauvaises pratiques de biosécurité en cause

Les dystocies (70 % des cas), les pneumonies (65 %) et les diarrhées des veaux (55 %) sont les troubles de santé majeurs identifiés par les éleveurs et par les vétérinaires dans ces troupeaux. La coccidiose (30 %) et les arthrites (25 %) figurent également parmi les affections citées le plus souvent. L’utilisation de taureaux reproducteurs d’origine continentale, particulièrement de race blanc bleu belge, serait responsable du nombre élevé de césariennes et de dystocies.

Les réponses aux deux questionnaires montrent que les pratiques de biosécurité ne sont pas optimales, et contribuent sans doute à l’incidence des maladies néonatales. En effet, la fréquence de nettoyage et de désinfection des parcs de vêlage est insuffisante dans certaines exploitations (^{voir figure 1}) et elle est couplée à une longue période de maintien des veaux dans ces mêmes parcs (^{voir figure 2}). Un quart des élevages se limitent à observer la tétée pour s’assurer d’une bonne prise colostrale, ce qui représente un facteur de risque supplémentaire. En outre, la diarrhée virale bovine (BVD) est la seule maladie testée à l’achat du bétail dans la plupart des élevages. Les statuts vis-à-vis de la rhinotrachéite infectieuse bovine, de la leptospirose ou de la paratuberculose ne sont pas déterminés, alors que le contact étroit entre les troupeaux de fermes voisines peut être source de contamination. Ainsi, dans la majorité des cas, les clôtures entre les exploitations sont espacées de moins de 3 m, et seulement sept éleveurs sur les seize vérifient leur intégrité quotidiennement.

Des éleveurs en attente de conseils vétérinaires

Cette première étude montre également que les conseils des vétérinaires concernent essentiellement les protocoles de vaccination, le contrôle des parasites et la santé des veaux. En revanche, les pratiques de biosécurité et la gestion de l’élevage sont des sujets rarement abordés. Les praticiens sont ainsi invités à jouer un plus grand rôle dans la délivrance d’informations visant à minimiser les risques d’introduction des maladies dans les élevages, et à s’assurer davantage que les veaux reçoivent des volumes adéquats de colostrum le plus tôt possible après la naissance, et qu’ils naissent dans un environnement propre.

• 1 O’Shaughnessy J., Mee J.F., Doherty M.L. et coll. Herd health status and management practices on 16 Irish suckler beef farms. Irish Vet. J. 2013;66:21.