Les comprimés de fluralaner revendiquent trois mois d’efficacité

La filiale française de MSD est entièrement mobilisée pour le lancement de Bravecto®, un antiparasitaire externe (APE) efficace 12 semaines contre les puces et les tiques Dermacentor et Ixodes, 8 semaines contre les tiques Rhipicephalus. Les 60 délégués MSD présentent actuellement ces comprimés de fluralaner aux vétérinaires canins et mixtes. Une soirée multiplex devrait réunir entre 800 et 1 000 praticiens, dans neuf grandes villes françaises, le 1^er avril prochain. La France est ainsi le premier pays du monde à mobiliser les équipes de MSD pour ce nouvel APE systémique qui bouleverse le traditionnel rythme d’administration mensuelle des spot-on ou des comprimés.

Isoxazoline à l’action systémique

Ces comprimés combinent deux innovations : une nouvelle molécule d’une classe inédite (isoxazoline) et une rémanence assez exceptionnelle. Les isoxazolines sont une nouvelle classe d’antiparasitaires, insecticides, acaricides et parfois nématocides pour certains composés. Les premiers brevets de ces molécules de synthèse ont été déposés entre 2005 et 2009 pour des usages initiés en 2014. Le fluralaner agit sur le système nerveux des parasites en se combinant à la fois aux récepteurs gaba (comme le fipronil) et à ceux du glutamate (comme la sélamectine).

Ces molécules, qui montrent une bonne biodisponibilité, s’administrent par voie orale surtout dans l’alimentation. Elles agissent donc par voie systémique lors du premier repas sanguin des puces ou des tiques. Deux composés arrivent sur le marché des APE en comprimés pour chiens : d’abord le fluralaner Bravecto® avec cette rémanence de trois mois, puis l’afoxolaner Nexgard® que Merial a déjà lancé aux États-Unis sur la base habituelle d’une administration mensuelle.

Pour le fluralaner, le pic plasmatique est atteint en 24 heures. Comme pour beaucoup de molécules lipophiles, il se distribue d’abord dans les graisses. L’élimination est lente (demi-vie de 12 jours) à 90 % par voie hépatique. La posologie assez élevée (25 à 56 mg/kg) est aussi à l’origine de la longue persistance de l’activité systémique du fluralaner. Par comparaison, la posologie des comprimés d’afoxolaner est dix fois plus faible (à partir de 2,5 mg/kg).

Une tolérance et une dose élevées

Cette augmentation de la dose est rendue possible par la bonne tolérance du fluralaner chez le chien. Dans les études menées en laboratoire avec un surdosage jusqu’à 280 mg/kg, aucun effet secondaire n’est constaté chez les chiots (à partir de 8 semaines d’âge) ni chez les chiennes gestantes ou allaitantes, ni même chez les chiens colleys homozygotes MDR1 (-/-) sensibles à l’ivermectine.

Dans l’essai terrain, 1,6 % des 383 chiens traités avec le fluralaner ont présenté des « effets gastro-intestinaux légers et transitoires tels que diarrhée, vomissements, inappétence et ptyalisme », détaille le résumé des caractéristiques du produit (RCP). Dans cet essai comparatif contre le fipronil, les chiens étaient naturellement infestés par au moins quatre puces ou une tique. La rémanence d’activité de 12 semaines est confirmée sur ces parasites (^{voir graphique}).

Dans les études en laboratoire, plus de 98 % des puces déposées sur les chiens sont tuées en 8 heures et la totalité en 24 heures pendant 12 semaines. Pour les tiques, l’efficacité acaricide est supérieure à 98 % en 12 heures pendant 12 semaines contre Dermacentor et Ixodes.

Cinq dosages en boîte d’un comprimé

La gamme de comprimés non sécables comprend cinq dosages pour des chiens pesant de 2 kg (et âgés de plus 8 semaines) à 56 kg. Elle sera commercialisée en boîte d’un seul comprimé entre 12 € et 17 € HT (prix centrales), soit à un coût pour trois mois assez proche de ceux des gammes APE existantes en trois ou quatre pipettes. MSD prépare des outils pour aider à l’observance au-delà du premier trimestre.

Comme pour toutes les nouvelles substances actives, le médicament ne pourra pas être délivré dans les pharmacies sans ordonnance pendant au moins cinq ans, ce qui interdit aussi toute publicité grand public. À plus long terme, la forme en comprimé exclut que cette gamme puisse bénéficier de la dérogation qui permet aux spot-on, colliers ou sprays d’être vendus sans restriction en jardineries, sur Internet ou dans tout autre point de vente grand public.