À la rencontre de ces vétérinaires impliqués, ou non, dans la vie publique locale - La Semaine Vétérinaire n° 1576 du 14/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1576 du 14/03/2014

Dossier

Auteur(s) : Serge Trouillet

NON ÉLUS ET NON CANDIDATS

Christian Diaz, praticien canin à Balma, chargé d’enseignement à l’ENV de Toulouse

« Un élu urbain en oublie son métier »

Dans la tradition de notre profession, le vétérinaire rural a toujours été bien plus impliqué que le confrère urbain, comme moi, dans la gestion des affaires publiques locales. Rappelons-nous la chanson « Et quand plus tard, perdus dans nos campagnes, apparentés aux vaches et aux taureaux, nous présenterons nos larges faces rousses aux élections des conseils généraux… ».

Le vétérinaire urbain qui s’engage en politique finit par ne plus exercer son métier. Cela devient son gagne-pain. Ce n’est pas le cas en milieu rural où être maire d’un petit bourg est davantage une source de problèmes que de revenus ! Je regrette que certains de ceux qui s’élèvent dans la hiérarchie politique oublient qu’ils ont été vétérinaires.

Myriam Labbaye, praticienne canine à Maisons-Alfort

« Plutôt activiste au sein d’associations »

Mes relations avec la politique se bornent à interpeller les élus locaux sur des sujets relatifs aux animaux, un domaine peu investi par notre commune. J’aide volontiers des associations qui s’en occupent, surtout au moment des élections. Nous sommes alors davantage écoutés. L’exercice de la politique n’est pas celui que j’ai choisi pour essayer de peser, à mon niveau, sur la société. Je suis plutôt activiste au sein d’associations. La politique au sens noble m’intéresse, mais pas telle qu’elle est pratiquée.

Je n’ai pas envie de me renier, d’adhérer à un parti ou à un organisme qui va me contraindre à soutenir des positions qui ne sont pas les miennes. Je tiens à mon libre arbitre. J’ai besoin de pouvoir exprimer librement mon avis. Je ne veux entrer dans aucun moule.

Hélène Guédon, praticienne mixte à Polminhac (Cantal)

« Je serai tentée de m’engager à l’avenir »

Notre cabinet compte deux praticiennes.

Aucune de nous n’a souhaité se lancer dans les élections municipales. La première raison est le manque de temps. En activité rurale et avec une famille, ce n’est guère conciliable. Je ne dis pas qu’un jour, lointain encore, je ne serai pas tentée de le faire, comme mon mari. Nous avons une bonne connaissance du tissu rural. Par ailleurs, mon envie de m’impliquer de cette façon n’est sans doute pas suffisamment forte pour prendre le risque, dans nos petites communes, de me mettre du monde à dos !

ÉLUS ET NON CANDIDATS

Jean-Baptiste Courtois, 56 ans, praticien mixte et adjoint au maire à Mehun-sur-Yèvre (7 000 habitants, Cher)

« Un manque de temps et plus assez de plaisir »

J’achève cette année mon troisième mandat. J’ai été respectivement simple conseiller, conseiller délégué puis adjoint au maire. C’est ce dernier, qui est toujours en place aujourd’hui, qui m’a sollicité en 1995. il est vrai que je serrais presque autant de mains que lui sur le marché ! J’ai été élu au sein d’une équipe sans étiquette politique, plutôt à droite, même si je ne parviens pas personnellement à me situer réellement. Je ne me représente pas pour deux raisons essentielles. La première réside dans le manque de temps. En médecine rurale, nous ne trouvons plus assez de vétérinaires pour remplacer les confrè res qui prennent leur retraite. C’est le cas pour deux, et bientôt trois, de mes anciens associés. Ceux qui restent sont surchargés de travail, avec un rayon d’intervention de 40 km ! L’autre raison tient au comportement des gens, qui sont nombreux à considérer l’élu comme taillable et corvéable à merci, et à la lourdeur administrative de la fonction. Ce qui était pris sur mon temps de loisir est devenu une contrainte. Je ne regrette rien, mais je m’inquiète de l’évolution du profil des élus. ils seront bientôt tous retraités ou en capacité de se mettre en disponibilité.

Nous, les vétérinaires libéraux, ne pouvons pas nous le permettre.

Gilles Lannes, 47 ans, praticien mixte à Soumoulou (Pyrénées-Atlantiques) et conseiller municipal à Gardères (400 habitants, Hautes-Pyrénées)

« Le sentiment de ne pas pouvoir agir »

Je suis encore, pour quelques jours, conseiller municipal de Gardères. Ce petit bourg se trouve dans une enclave des Hautes-Pyrénées. Mon implication était, au départ, en 2008, motivée par la curiosité.

Connaître la gestion de ma propre commune, de l’intérieur, m’intéressait. J’ai cependant déchanté, à tel point que je me retire. Sur les onze membres du conseil municipal, sept (dont tous les jeunes) ne se représentent pas. Je m’étais investi dans cette fonction pour agir mais, toujours mis devant le fait accompli par notre maire, j’ai constamment eu le sentiment de ne pas être en mesure de le faire concrètement. Je vais donc davantage m’investir dans le secteur associatif, pour animer le lac de Gardas, avec les quatre autres communes qui le bordent. Là où on a besoin de tous et où on ne se cache rien, je n’ai pas ressenti les effets malsains du pouvoir.

Olivier Rio, 42 ans, praticien mixte à Vezins et conseiller municipal à Chanteloup-les-Bois (700 habitants, Maine-et-Loire)

« Plus assez disponible pour ma commune »

J’ai été élu en 2008. J’avais d’abord décliné l’invitation, puis j’ai été convaincu de rejoindre l’équipe municipale entre les deux tours, après avoir recueilli malgré tout un grand nombre de voix. Alors salarié du cabinet, je suis devenu associé en 2009. Avec l’intercommunalité de Cholet, les gardes, une épouse également vétérinaire dans la ville, trois enfants en bas âge, une forte activité en bovine (surtout en obstétrique) et un métier exigeant, je ne peux pas tout assumer convenablement. Je laisse donc ma place. Un élu doit être en mesure de se rendre disponible pour sa commune, même lorsqu’il est, comme moi, conseiller municipal sans responsabilité particulière.

L’équipe sortante est sans étiquette, plutôt à droite, mais j’ai apprécié, dans cette expérience locale, la diversité des opinions de personnes venues d’horizons différents.

ÉLUS ET CANDIDATS

François Pouchot, 53 ans, praticien mixte à Mauriac et adjoint au maire au Vigean (840 habitants, Cantal)

« En piste pour la quatrième fois »

Actuellement adjoint au maire, je me représente pour un quatrième mandat. Je suis en effet originaire du secteur et les affaires publiques locales m’intéressent.

En outre, les volontaires pour prendre le relais ne sont pas légion ! Dans nos villages, nous peinons à dresser des listes pour les élections municipales. Nous sommes en quête de bonnes volontés. Le désintérêt pour la chose publique y est flagrant. Peut-être même s’accroît-il en raison du transfert de nombreuses compétences à l’intercommunalité, ce qui réduit localement les leviers d’action. Notre équipe est sans étiquette politique, même si personnellement, j’ai une sensibilité de droite. issus d’horizons politiques et religieux différents, nous n’avons jamais abordé ces sujets au cours des trois derniers mandats. Sans doute serai-je tenté de prolonger cette implication dans mon village, lorsque sonnera l’heure de la retraite. J’aurai alors davantage de temps et je ne serai plus président du Groupement technique vétérinaire (GTV 15).

Laurent Nicolle, 57 ans, praticien mixte à Roëze-sur-Sarthe et adjoint au maire à Fercé-sur-Sarthe (630 habitants, Sarthe)

« Un engagement usant mais passionnant »

En 2001, j’ai refusé de m’engager dans l’action municipale. Pour élever mes enfants, j’ai choisi ma famille avant ma commune. En 2008, j’ai accepté. J’aspirais à autre chose que d’être constamment pris par mon métier. J’habite un village où la vie collective est, à mon sens, importante.

J’ai besoin de m’engager. Depuis un an et demi, je suis adjoint au maire et je me représente cette année. Notre liste n’a pas d’étiquette politique. De centre droit, je suis peu satisfait de la conduite des partis de l’opposition actuelle. Des projets sont lancés, notamment un écolotissement et un lieu d’accueil pour les jeunes, que je souhaite voir aboutir. La fonction d’élu est usante en raison de l’inertie administrative.

C’est le quotidien d’une gestion municipale. Nous sommes constamment en train de négocier avec l’administration pour une interprétation un peu plus tolérante des textes. Nous sommes, de plus, transformés en chasseurs de primes pour obtenir les financements nécessaires aux opérations que nous souhaitons mener. Le budget d’une commune de 600 habitants n’est pas élevé. Mais c’est passionnant ! En tant que professionnel libéral, j’apprends à fonctionner de façon différente.

Francis Durand, 66 ans, praticien en retraite et adjoint au maire au Neubourg (4 300 habitants, Eure)

« Mettre à profit mon expérience professionnelle »

J’ai été élu l’année dernière, à l’occasion d’une élection partielle. L’ancien maire avait démissionné. Actuellement adjoint et fraîchement élu, j’ai envie de refaire un mandat. Notre liste est apolitique, mais plutôt à droite, avec des gens de la société civile pointus dans leur domaine. La prise en mains de dossiers d’urbanisme et d’économie m’a été facilitée grâce à 20 années passées au Groupe d’étude et de recherche en management de l’Afvac (Germ), dont six comme président. J’y ai été rompu au management, à la gestion des ressources humaines, aux finances. J’essaie de mettre en application l’expérience acquise au cours de ma carrière. Je suis toujours dans la logique de l’examen, du diagnostic et du traitement. Les vétérinaires ont le sens des réalités. Notre savoir-faire professionnel repose sur l’observation et la résolution des problèmes. Ces derniers étaient médicaux avant, ils sont municipaux maintenant. Le principe est le même.

Philippe Boidin, 52 ans, praticien canin à Arques, adjoint au maire à Bayenghemlès-Éperlecques et candidat à Saint-Omer (15 000 habitants, Pas-de-Calais)

« Apporter du bon sens dans la gestion de la commune »

Mon engagement est politique. Je suis encore, pour quelques jours, adjoint au maire d’un bourg de 1 000 habitants et je me présente dans la ville voisine, qui est quinze fois plus grande. J’ai en effet déménagé pour des raisons familiales et j’ai souhaité intégrer la liste d’opposition au maire socialiste actuel. Je pense que les conditions politiques sont favorables à un passage à droite de Saint-Omer. Nous espérons profiter d’une vague bleue en mars. La politique que mène actuellement le gouvernement est vouée à l’échec. C’est en basculant petit à petit les villes de gauche à droite qu’il sera possible de faire la même chose au niveau du pouvoir exécutif. Je reproche aux municipalités de gauche une trop grande imposition, des investissements démesurés, une sous-représentation des professions libérales, des artisans, des commerçants et des chefs d’entreprise. Ceux-ci savent ce que signifient les impôts, les charges, la maîtrise d’un budget, des investissements raisonnés. il nous faut apporter du bon sens dans la gestion de la commune, redynamiser le commerce du centre-ville, améliorer la propreté. J’aimerais m’occuper de la voirie, car j’ai une bonne expérience dans le domaine.

Jean-Louis Coutenet, 50 ans, praticien canin et premier adjoint au maire à Ousse (1 600 habitants, Pyrénées-Atlantiques)

« L’action locale m’éveille l’esprit »

En 2001, le maire d’Ousse, dans la communauté d’agglomération de Pau, avait sollicité mon épouse, qui s’occupait de la pharmacie du village. Elle a décliné la proposition que j’ai reprise à mon compte, car elle me semblait intéressante. J’étais alors installé à Pau. Depuis, je me suis établi sur place et je me suis fait réélire. Aujourd’hui premier adjoint, je me représente. Notre liste est sans étiquette, avec des colistiers aux sensibilités diverses. Je me situe moimême plutôt au centre droit, proche du Mouvement démocrate (Modem). Mais je n’ai pas d’attirance particulière pour la politique. L’action locale m’éveille l’esprit, m’ouvre aux autres. Elle me permet de rencontrer des gens hors de mon travail.

Et puis, j’ai contribué à lancer des projets, en particulier une salle de sport, que j’aimerais mener à leur terme.

Christelle Fromonot, 46 ans, praticienne canine et conseillère municipale à Chablis (2 500 habitants, Yonne)

« Tombée dedans depuis l’enfance »

Conseillère municipale, je fais partie de commissions relatives aux animations, à la jeunesse et aux finances. J’achève mon premier mandat et j’aspire à poursuivre le programme d’actions que nous avons engagé. Notre liste est sans étiquette politique, un peu marquée à droite quand même. Je connais bien le terroir pour être née dans un petit village du Chablisien où mes parents sont installés. Mon père y est actuellement maire, après avoir été conseiller municipal.

Lorsque j’ai été sollicitée, en 2008, j’étais curieuse de savoir, concrètement, comment une commune était gérée. Je le suis toujours, peut-être parce que je suis tombée dedans depuis que je suis toute petite.

Bertrand Barraud, 47 ans, praticien canin et conseiller municipal dans l’opposition à Issoire (15 000 habitants, Puy-de-Dôme)

« Une période favorable à l’opposition »

Je suis élu depuis 1995. J’avais alors 29 ans. Lors de mes deux premiers mandats, j’étais adjoint au maire. Depuis 2008, je suis conseiller municipal dans l’opposition, et je me présente aujourd’hui en tête d’une liste qui regroupe des membres de l’UMP1 (dont je suis adhérent), de l’UDI2 et de divers droite. issu du bénévolat, du monde associatif, notamment sportif, j’ai commencé par être adjoint aux sports, puis j’ai pris goût à la gestion de ma commune.

Cela me passionne. Cette année, il y a politiquement une fenêtre de tir. La période est propice pour l’opposition. Je suis prêt à occuper la fonction de maire et j’ai pris toutes les dispositions professionnelles pour cela. Si tel est le cas, je ne travaillerai plus qu’à mi-temps à mon cabinet.

NON ÉLUS ET CANDIDATS

Sophie Le Dréan, 45 ans, praticienne canine et candidate à Melesse (7 000 habitants, Ille-et-Vilaine)

« Une liste à sensibilité de gauche »

Au lieu de me plaindre que tout va mal, je m’engage pour que cela aille mieux. Je suis très impliquée dans les associations de la commune. C’est la deuxième fois que je me présente pour être conseillère municipale. Au dernier scrutin, je n’ai pas été élue. Mais je persiste. J’étais et je reste dans l’opposition. En septième position, je n’intégrerai le conseil municipal que si ma liste, de sensibilité de gauche, est élue. Dans ce cas, je pourrais être conseillère déléguée pour l’environnement. il y a tant à faire pour encourager les circuits courts, notamment dans les cantines scolaires, pour favoriser les produits locaux, valoriser le patrimoine naturel, optimiser la gestion des déchets et développer les cheminements doux.

Henri Gisselbrecht, 51 ans, praticien canin et candidat à Lempdes (8 600 habitants, Puy-de-Dôme)

« Prendre le mandat du maire socialiste actuel »

Je me présente pour la première fois à des élections municipales, en tête d’une liste que nous avons appelée Lempdes Avenir. En effet, nous ne pouvons pas la situer politiquement. Cela pose un problème à la préfecture, qui ne sait pas où nous classer. J’avais moi-même adhéré à l’UMP en 2007, mais le sectarisme que j’ai ressenti lors des réunions m’a souvent déplu. Notre objectif est d’évincer le maire socialiste en place ! Cet homme politique ambitieux et cumulard gère les affaires de la commune sans concertation avec la population. Nos adversaires (une liste Parti socialiste et une autre Front national) et nous sommes optimistes sur nos chances de l’emporter. Dès la première année de la mandature, nous mettrons en oeuvre notre programme qui sera le fruit, cette fois, d’une équipe. Si je suis élu, cela entraînera une inflexion concernant ma vie professionnelle. L’activité sera répartie avec mon associé. Je travaillerai les deux tiers du temps, avec un planning aménagé.

Lan-Phuong Maï, praticienne canine à Perpignan et candidate à Saint-Nazaire (2 600 habitants, Pyrénées-Orientales)

« Introduire le débat au sein de la municipalité »

Dans mon village, le maire n’a pas d’opposition, depuis deux mandats. N’ayant pas de démocratie locale, nous présentons une liste, sans étiquette mais plutôt marquée à gauche, pour introduire enfin le débat au sein de la municipalité. Pour se préoccuper davantage de l’environnement, notamment de l’étang de Canet-Saint-Nazaire, laissé à l’abandon. Nous essaierons de placer plusieurs colistiers dans l’opposition. Je suis en cinquième position sur cette liste. Ce sera difficile pour moi et mon activité professionnelle qui ne me laisse pas beaucoup de temps libre.

  • 1 Union pour un mouvement populaire.

  • 2 Union des démocrates indépendants.

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