Les affections respiratoires chez le rat - La Semaine Vétérinaire n° 1574 du 28/02/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1574 du 28/02/2014

Formation

NAC

Auteur(s) : Julien Goin

Fonctions : assistant hospitalier du service “animaux d’espèces inhabituelles” d’Oniris (Nantes).

Points forts

– Mycoplasma pulmonis est l’agent pathogène le plus fréquent.

– Deux formes cliniques existent : la maladie respiratoire chronique et la pneumonie bactérienne.

– Le diagnostic étiologique est souvent peu réalisé en pratique.

– L’examen radiographique permet d’évaluer l’étendue et la sévérité des lésions.

– Le traitement repose essentiellement sur l’antibiothérapie.

Chez le rat de compagnie, les maladies respiratoires constituent l’un des motifs de consultation les plus fréquents avec les tumeurs mammaires et les affections cutanées.

ÉTIOLOGIE

À l’instar d’autres rongeurs, les agents pathogènes respiratoires sont nombreux chez le rat. Le principal est Mycoplasma pulmonis, responsable d’une affection chronique, la mycoplasmose respiratoire murine. Streptococcus pneumoniae et Corynebacterium kutscheri entraînent des pneumonies. De nombreux autres agents existent : le virus Sendaï (ou murine parainfluenza virus de type 1, famille des Paramyxoviridae), le virus de la pneumonie murine (murine pneumonia virus, famille des Paramyxoviridae), Pneumocystis carinii (agent fongique appartenant à l’embranchement des Ascomycètes, autrefois suspecté par erreur d’être un Hantavirus-like alors appelé rat respiratory virus), Haemophilus spp. (bactéries Gram négatif de la famille des Pasteurellaceae), cilia-associated respiratory bacillus (bactérie Gram négatif de classification non déterminée, proche génétiquement de Flavobacter spp. et Flexibacter spp.), etc. Chez le rat de compagnie, Mycoplasma pulmonis et Streptococcus pneumoniae sont les agents infectieux les plus fréquemment rencontrés.

SYMPTÔMES

Les affections respiratoires du rat se traduisent cliniquement par deux formes distinctes : la maladie respiratoire chronique et la pneumonie bactérienne.

→ La maladie respiratoire chronique est une affection fréquente, secondaire à Mycoplasma pulmonis. Les mycoplasmes sont régulièrement associés à la présence d’autres agents infectieux (virus Sendaï, cilia-associated respiratory bacillus, etc.) et entraînent une atteinte de l’appareil respiratoire supérieur et profond. La symptomatologie est extrêmement variable selon l’environnement (surpopulation, litière irritante ou mal entretenue), la souche bactérienne et sa virulence, l’individu (réponse immunitaire cellulaire intense de certaines souches de rats aggravant les lésions), la présence concomitante d’autres agents pathogènes ou d’une hypovitaminose A ou E. La primo-infection est asymptomatique. Une fois la maladie déclarée, les signes cliniques sont variés et comprennent une rhinite (jetage, reniflements, éternuements), une atteinte générale (amaigrissement, poil piqué, posture voûtée, chromodacryorrhée) et des troubles respiratoires (polypnée, voire dyspnée). Lors d’atteinte chronique, le tableau clinique peut se compliquer d’une otite moyenne avec un syndrome vestibulaire (remontée des germes depuis le rhinopharynx, via la trompe d’Eustache, vers l’oreille moyenne), d’une bronchiectasie avec une accumulation de sécrétions inflammatoires, ou encore d’abcès pulmonaires diffus.

→ La pneumonie bactérienne est le plus souvent secondaire à Streptococcus pneumoniae, généralement associé à d’autres agents (mycoplasmes, virus Sendaï, cilia-associated respiratory bacillus, etc.). Elle évolue fréquemment selon un mode aigu. Chez les jeunes rats, elle se traduit par une mort brutale. Chez les adultes, elle entraîne une dyspnée, éventuellement associée à un jetage purulent. Elle peut se compliquer d’une septicémie avec des abcès et des infarcti touchant les organes internes. Corynebacterium kutscheri est également responsable d’une pneumonie bactérienne chez les individus débilités ou immunodéprimés (carence alimentaire, diabète, néoplasie), mais demeure rare chez le rat.

DIAGNOSTIC

Étiologique

Chez le rat de compagnie, le diagnostic étiologique de l’agent pathogène en cause est peu souvent réalisé en routine, en raison du coût et des contraintes techniques relatives à la petite taille des animaux. Le prélèvement est issu d’un écouvillon nasal (lors de rhinite) ou d’un lavage trachéal (lors de pneumonie). La détection des mycoplasmes passe par la polymerase chain reaction, car leur culture est souvent difficile. Celle des autres bactéries est réalisable via une culture et un examen bactériologique. Streptococcus pneumoniae peut être observé sous la forme de diplocoques Gram positif par un examen sous coloration de Gram d’un calque du jetage. Des tests sérologiques existent pour la plupart des agents bactériens et viraux décrits, mais ils ne sont utilisés que chez les animaux de laboratoire.

Lorsque le rat malade meurt, une autopsie et un examen histologique sont indiqués si des congénères sont entrés en contact avec lui. En l’absence de diagnostic étiologique, la symptomatologie oriente la démarche : une forme chronique évoque une mycoplasmose, une forme aiguë une pneumonie bactérienne.

Radiographique

Les rats peuvent présenter des lésions respiratoires étendues et sévères, et pourtant n’exprimer que des signes cliniques frustes. De plus, l’auscultation respiratoire est parfois difficile en raison de leur vivacité, de la petite taille de leur thorax, et de leurs fréquences cardiaque et respiratoire élevées. En conséquence, l’examen radiographique est indiqué même si les symptômes sont peu marqués, pour rechercher des opacifications au niveau des champs pulmonaires, localisées ou diffuses, évocatrices d’une pneumonie ou d’abcès pulmonaires. L’échographie thoracique est également intéressante pour explorer les masses (abcès) ou les complications cardiaques (péricardite).

TRAITEMENT

Les antibiotiques les plus fréquemment indiqués sont les quinolones (enrofloxacine, 10 mg/kg, deux fois par jour) et les tétracyclines (docycycline, 5 mg/kg, deux fois par jour), seules ou en association. La durée de prescription est de deux à trois semaines au minimum. Lors de mycoplasmose, seule une guérison clinique transitoire est possible, et non une guérison microbiologique définitive. Les récidives sont fréquentes, et des cures sont nécessaires tout le long de la vie de l’animal. Un traitement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens peut être prescrit pour limiter les signes inflammatoires (méloxicam, 0,2 à 1 mg/kg/j par voie sous-cutanée puis per os). Les corticoïdes sont indiqués sur une courte durée lors d’atteinte sévère (dexaméthasone, 0,2 à 0,5 mg/kg par voie sous-cutanée). L’environnement est à vérifier (surpopulation, hygiène) et la litière utilisée doit être facilement nettoyable (papier absorbant, journal, alèse, serviettes). Lors d’insuffisance respiratoire, une oxygénothérapie est indispensable avant tout examen. En cas d’atteinte générale, un traitement de soutien (gavage, réhydratation) est indiqué. L’aérosolthérapie (mélange antibiotique/mucolytique/huiles essentielles), à raison de deux à trois séances de 15 à 20 minutes par jour, contribue à la régression des symptômes. L’administration de mucolytiques (bromhexine) ou de bronchodilatateurs (clenbutérol) est également décrite, mais les posologies demeurent souvent empiriques et extrapolées par rapport à celles des autres espèces domestiques.

Dans les cas sévères et incurables, l’euthanasie est le seul recours possible. La réalisation d’une quarantaine est indispensable avant l’introduction d’un nouvel individu dans un groupe déjà constitué.

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