Un tour de cochon…

Après les lasagnes de bœuf à la viande de cheval, un récent scandale pourrait de nouveau être mal digéré : celui de la viande de porc aux salmonelles. Les faits ont été révélés le 15 février dernier par Le Télégramme. Le 12, trois cadres de la coopérative porcine bretonne Cooperl ont été placés en garde à vue. Le soupçon de fraude porte sur la falsification de résultats d’autocontrôles positifs en salmonelles, devenus… négatifs. Cela concernerait 1 500 tonnes de viande porcine séparée mécaniquement, écoulées en France et en Russie entre 2010 et 2012.

Cette affaire intervient quelques jours après que la Cour des comptes a rendu son rapport, dans lequel elle épingle le ministère de l’Agriculture¹. Les rapporteurs y évoquent notamment les autocontrôles des professionnels, jugés « insuffisamment encadrés », et recommandent « d’obliger les laboratoires à transmettre aux services de l’État les résultats non conformes lorsqu’ils présentent un risque pour la santé publique ». Pourquoi pas ? Mais cela revient aussi à mettre en doute le professionnalisme des industriels, qui ne sont pas tous des fraudeurs. En outre, cela augmenterait le nombre de contrôles à effectuer par les agents de la DGAL, qui souffrent déjà d’une hémorragie de leurs effectifs depuis plusieurs années. Et cela dans un contexte de dénonciation par les sages de la rue Cambon de « l’insuffisance des contrôles du ministère de l’Agriculture » sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, même s’ils reconnaissent qu’elle n’est pas étrangère à son manque de moyens humains et budgétaires… À méditer !

Par ailleurs, si de tels scandales sont mis à jour, c’est grâce aux enquêtes des agents des DD(CS)PP. Mais leur traitement médiatique dans la presse grand public peut parfois laisser penser à un “laxisme sanitaire”. Or il est important de rappeler que le système français est l’un des plus efficaces du monde, comme le prouvent les audits de la Commission européenne et de l’OIE.

• 1 Voir en pages 14 et 15 de ce numéro.