S’inviter chez les ours

À l’extrême orient russe, la péninsule du Kamtchatka, longue de 1 250 km, abrite une des plus importantes populations d’ours bruns du monde (de 15 500 à 16 500 individus). L’été, les millions de saumons qui se rassemblent dans le lac Kouril (au sud de la péninsule) et vont frayer dans ses affluents font le régal des plantigrades qui, grâce à cette pêche miraculeuse, emmagasinent la graisse qui leur permettra d’endurer les mois d’hiver.

Classé réserve naturelle et monument national, le site est l’un des rares lieux de la planète où il est possible d’observer les ours avec une relative proximité. Plusieurs Tour-opérateurs proposent l’aventure pour un peu plus de 3 000 €. Une alternative moins onéreuse est d’aller voir Terre des ours, décrit comme le premier documentaire en relief sur des animaux sauvages¹. Incontestablement, le film relève un défi technique dans la prise de vue 3D et les enregistrements sonores in situ. Les séquences de pêche dans des eaux rouges de saumons éblouissent comme si nous en étions les témoins uniques. Hélas, le film n’échappe pas à l’écueil récurrent du documentaire animalier : son commentaire. D’une voix doucereuse, Marion Cotillard parle à la place des ours et nous berce de vieilles baudruches déterministes : la toute-puissante Nature, ses lois immuables, le destin auquel doit obéir la bête, etc. Étonnant qu’un long-métrage qui fait tant d’effort pour repousser les limites de ce qu’il filme n’ait pas d’autre ambition qu’un discours fruste et rétrograde.

• 1 Une partie de ceux d’Amazonia (voir La Semaine Vétérinaire n° 1562 en page 65) étaient imprégnés.