Davantage de lait produit quand le premier veau d’une holstein est une femelle

C’est une conséquence zootechnique intéressante que vient de montrer une étude américaine de grande envergure¹. À partir des données de plus de 2 millions de lactations concernant 1,49 million de vaches laitières de race holstein, les chercheurs ont pu démontrer l’influence du sexe du fœtus sur la quantité de lait produite.

Une meilleure carrière avec un premier veau femelle

Une vache produit, pendant sa première lactation (305 jours), en moyenne 7 612 kg de lait après avoir mis bas une femelle et 7 470 kg pour un mâle, soit 142 +/– 5,4 kg de plus (p < 0,001). Le même effet est observé pour les gestations suivantes (2 à 5), avec une production laitière supérieure après la naissance d’une génisse. En revanche, la composition du lait est similaire, que le produit soit mâle ou femelle et quel que soit le rang. L’utilisation d’une hormone de croissance (somatotrophine exogène) réduit la différence de production lors de la première lactation, et l’efface pour les suivantes, en augmentant significativement la production globale.

L’hypothèse d’une production laitière moindre lorsque le produit est un mâle peut partiellement s’expliquer par une fréquence plus élevée de dystocies. Pourtant, l’étude d’un échantillon (113 750 vaches) réduit aux seules mises bas non dystociques montre que les animaux qui ont mis bas une femelle en première gestation affichent une production 1,6 fois supérieure à celles qui ont eu un mâle (p < 0,001). L’avantage d’une femelle se voit également en deuxième lactation, bien que plus faiblement (0,83 %, p < 0,001).

Lorsque le premier veau est un mâle, la production en deuxième lactation est améliorée si le suivant est une femelle, alors qu’après un premier veau femelle, la production est comparable quel que soit le sexe du deuxième veau. Les vaches les moins productives sont celles qui mettent bas deux mâles sur les deux premières lactations.

Le dilemme économique de la semence sexée

Avec une production de lait significativement plus élevée lorsque le premier veau est une femelle, et des effets notables sur au moins deux lactations, il peut être tentant de recourir à la semence sexée dans un objectif de productivité. D’autres facteurs sont toutefois à prendre en compte, dont le coût plus élevé de la semence sexée, et une fertilité environ 10 % plus faible, pour un gain de production d’environ 445 kg en moyenne sur les deux premières lactations lorsque le premier veau est une génisse.

• 1 Katie Hinde et coll. « Holsteins favor Heifers, not bulls : biased milk production programmed during pregnancy as a function of fetal sex », PlosOne, février 2014, doi : 10.1371/journal.pone.0086169