Une piste prometteuse pour les personnes obèses

En France, l’obésité¹ affecte plus de 15 % des adultes. Même s’ils présentent un taux de ghréline (l’hormone de la faim) normal, voire bas, de nombreux malades s’alimentent, malgré leurs efforts, de manière excessive. Produite par l’estomac, la ghréline agit sur l’hypothalamus, qui régule le poids ainsi que la prise alimentaire et permet, en principe, d’adapter cette dernière selon les besoins et les réserves de l’organisme. Les chercheurs de l’unité 1073 “Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau” (Inserm/université de Rouen), dirigée par Pierre Déchelotte, ont découvert le mécanisme responsable de l’hyperphagie paradoxale² observée chez de nombreuses personnes obèses. Les travaux menés par l’équipe rouennaise, sous la houlette de Sergueï Fetissov, en collaboration avec l’équipe du Pr Akio Inui (université de Kagoshima, Japon), ont mis en évidence, dans le sang de patients obèses, des immunoglobulines (IgG) qui reconnaissent la ghréline. En se liant avec cette dernière, elles la protègent de sa dégradation rapide dans la circulation. L’hormone de la faim a alors une action plus longue sur le cerveau, ce qui explique la stimulation de l’appétit.

Sergueï Fetissov, principal auteur de l’étude, souligne ainsi que chez les individus obèses, les immunoglobulines ont des propriétés différentes, avec une “affinité” plus forte pour la ghréline que celle notée chez les personnes de poids normal ou anorexiques.

Chez l’animal aussi

Des expériences menées chez le rongeur confirment l’implication des IgG dans la stimulation de l’appétit. La ghréline administrée aux animaux combinée à des immunoglobulines issues du sang de personnes obèses ou de souris génétiquement obèses entraîne une prise alimentaire plus importante. A contrario, les rongeurs qui reçoivent l’hormone de la faim seule, ou associée à des immunoglobulines provenant de personnes ou de souris non obèses, voient leur appétit régulé et limitent leur prise de nourriture.

Ces travaux offrent de nouvelles perspectives pour l’élaboration de traitements destinés à réduire l’hyperphagie chez les patients obèses. Ils sont également susceptibles d’être utilisés pour les recherches relatives à la perte d’appétit et à l’anorexie.

• 1 Une personne est dite obèse lorsque son indice de masse corporelle est supérieur à 30 (un IMC normal se situe entre 18,5 et 24,9).

• 2 Résultats publiés dans Nature Communications du 25/10/2013. Source : Inserm, 25/10/2013.