“Ne méprisez pas la dentisterie !” - La Semaine Vétérinaire n° 1572 du 14/02/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1572 du 14/02/2014

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Alain Kientz

Fonctions : praticien à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)

À l’heure où le développement de l’activité est un point crucial, il n’est pas inutile de rappeler que :

> 85 % des chiens de plus de huit ans souffrent de maladie parodontale ;

> cette proportion est moindre chez le chat, qui présente pourtant des degrés de sévérité parfois lourds ;

> les lésions de parodontite sont toujours douloureuses ;

> elles sont souvent responsables de maladies traitées en tant que telles, sans prise en compte de leur cause initiale ;

> beaucoup d’animaux âgés retrouvent une prise alimentaire normale une fois les soins, qui auraient dus être administrés plus tôt, enfin réalisés.

Il est donc toujours surprenant de constater à quel point notre profession ignore, laisse de côté, voire méprise ce gisement de travail et cette facette de notre métier. Les soins dentaires se résument le plus souvent à un “détartrage”, souvent confié à une auxiliaire non formée, sans le moindre état des lieux de la bouche de l’animal et des lésions qui s’y trouvent. Dans ces conditions, les soins prodigués sont nécessairement de piètre qualité, et ne seront guère suivis par les propriétaires.

Si, en revanche, l’examen de la cavité buccale devient systématique, que les soins sont effectués dans les règles de l’art, avec un charting dentaire, des radios et des photos permettant de communiquer et de faire prendre conscience au propriétaire que son animal a une bouche et qu’il peut en souffrir, il y a de fortes chances pour qu’une collaboration efficace s’installe.

Enfin, il y a un réel plaisir à exercer dans ce domaine une véritable activité chirurgicale, à la fois minutieuse et technique. L’investissement est, au final, assez réduit comparé à d’autres domaines : de l’ordre de 10 000 à 15 000 € (la plus grosse différence concerne le choix en matière de radiologie, plaque phosphore versus capteur plan). Le retour sur investissement est rapide, car chaque jour, il est possible de recruter des clients. Il faudra ajouter à cela la possibilité de dédier une salle à cette activité. Il n’est en effet pas concevable de continuer à réaliser ces soins en salle de préparation, voire en salle de chirurgie, étant donné leur caractère gravement septique, aggravé par l’utilisation des ultrasons et des sprays divers qui transforment rapidement un local aseptique en un lieu où les infections nosocomiales deviennent hautement probables.

À nous donc de détecter, de prévenir et de soigner. Nous ne devrions plus voir ces animaux atteints de parodontites ultimes, dont les propriétaires, qui leur trouvent vraiment une trop mauvaise haleine, se décident enfin à prendre rendez-vous pour un “détartrage”…

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