Calcul des teneurs en oligo-éléments et en matières grasses des fourrages

Des études sont menées dans le but d’établir des modèles de teneurs en oligo-éléments et en acides gras (AG) majeurs des fourrages afin de les inclure dans les tables d’alimentation, et ainsi optimiser la ration des ruminants.

VARIABILITÉ DE LA TENEUR EN OLIGO-ÉLÉMENTS DES FOURRAGES

Les résultats d’une étude présentés par Patrick Schlegel (Agroscope), montrent que la composition botanique de l’herbe, son cycle de végétation, son stade de développement au moment de la récolte et son mode de conservation ont une influence sur ses teneurs en cuivre (Cu), en fer (Fe), en manganèse (Mn) et en zinc (Zn).

La présence de plus de 70 % de graminées, par exemple, réduit les teneurs en Cu et en Zn, surtout lorsque le ray-grass est prédominant, ce dernier réduisant également la teneur en Mn. Le vieillissement affecte aussi les teneurs en Cu, en Fe, en Mn et en Zn : le premier cycle de végétation affiche des teneurs moindres par rapport aux repousses. La conservation de l’herbe en foin ventilé ou séché au sol réduit les teneurs en oligo-éléments durant les travaux de récolte, surtout en Zn, alors que la conservation n’a pas d’influence. Les teneurs en Fe, en Mn et en Zn sont en revanche accrues dans l’ensilage, par rapport à l’herbe fraîche initiale.

Enfin, la méthode de récolte influence également la composition pour tous les oligo-éléments. Ainsi, une coupe basse augmente fortement la teneur en Fe et en cobalt, en raison d’une contamination de l’herbe par de la terre, leur taux étant linéairement lié à celui des cendres. La coupe basse accroît également les teneurs en Mn et en Zn, et l’absence de préfanage celle en Zn. Inclure ces résultats dans les tables permettrait d’apporter une complémentation en Cu, en Fe, en Mn et en Zn suffisante (mais non excessive) pour réduire les pertes financières, le risque de pollution environnementale (par le Cu et le Zn notamment), et la carence en autres minéraux par antagonisme.

INFLUENCE DU STADE DE VÉGÉTATION SUR LA TENEUR EN AG

De même, des équations de prévision de la teneur en matières grasses, en AG totaux et en profils d’AG (palmitique C16:0, stéarique C18:0, oléique C18:1, linoléique C18:2 et linolénique C18:3) des fourrages ont été établies en fonction de la famille botanique, du stade de récolte et du mode de conservation, et présentées par Gaëlle Maxin (Inra). En effet, les données des tables sont souvent imprécises et aucune d’elles n’inclut les teneurs en AG totaux ou en profils d’AG des fourrages. Ces derniers peuvent toutefois contenir des teneurs importantes en AG polyinsaturés, qui permettent d’améliorer la qualité du lait et de la viande (par exemple, l’herbe fraîche contient de 10 à 30 g/kg d’AG totaux, composés de 35 à 70 % de C18:3).

Les études montrent que les teneurs en AG varient selon les fourrages, les familles botaniques (prairies ou associations, légumineuses, graminées ou luzerne, qui diffère des autres légumineuses), et le stade de végétation. Une bonne corrélation est mise en évidence entre la teneur en matières azotées totales (MAT) et celle en AG totaux des fourrages, et ce critère est le plus per­tinent pour tenir compte de l’effet du stade de végétation. MAT et AG totaux sont en effet présents dans les feuilles plutôt que dans la tige des plantes, et une baisse de la proportion de feuilles avec l’âge du fourrage entraîne une diminution conjointe des teneurs en MAT et en AG totaux¹. Ainsi, les teneurs en AG totaux et en C18:3 sont maximales lorsque la plante est jeune, puis diminuent lorsqu’elle vieillit, mais aussi avec le fanage et l’ensilage mi-fané (balles rondes enrubannées, alors que l’ensilage préfané modifie peu ces valeurs), surtout, pour le C18:3, lorsque la récolte est réalisée dans de mauvaises conditions climatiques. Les valeurs des repousses dans les tables Inra ne sont plus considérées comme constantes, mais varient en fonction de l’âge et du cycle de la plante. Les nouvelles tables Inra proposeront ces nouvelles valeurs et les équations de prévision établies à partir de la teneur en MAT, de la famille botanique, du stade de végétation et du mode de conservation (foin, ensilage). Pour les fourrages conservés, les valeurs sont prédites à partir de celles des fourrages verts ou directement de la teneur en MAT du fourrage conservé.

La teneur en AG totaux revêt également une importance particulière, car elle sera utilisée dans les nouveaux systèmes d’alimentation Inra² pour le calcul de la matière organique fermentescible.

• 1 Boufaïed H., Chouinard P.Y., Tremblay G.F. et coll. « Fatty acids in forage ». Can. J. Anim. Sci. 2003;83:501-511.

• 2 Sauvant D., Nozière P. « Rénovation des unités alimentaires des ruminants : les principales relations utilisées pour le calcul des apports alimentaires », Renc. Rech. Rumin. 2013:20:33-40.