Les vétérinaires européens font partie des solutions - La Semaine Vétérinaire n° 1569 du 24/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1569 du 24/01/2014

Assemblée générale de la FVE

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Auteur(s) : Karin de Lange

Future loi de santé animale, médicaments, bien-être et santé animales, rôle du vétérinaire pour les espèces “mineures” sont autant de sujets débattus lors de l’assemblée générale de la Fédération vétérinaire européenne (FVE) qui s’est tenue mi-novembre à Bruxelles. Elle a accueilli quelque 130 délégués venus de 30 pays.

LOI DE SANTÉ ANIMALE : PLUS DE PRÉVENTION

La FVE approuve les principes de la future loi de santé animale qui met l’accent sur les mesures préventives et l’aspect One Health, en particulier via l’introduction de visites vétérinaires régulières en élevage, ainsi que sur l’inclusion des animaux de compagnie et sauvages dans les textes. Actuellement, le projet de loi est entre les mains du Parlement et du Conseil européens.

Cependant, la législation pourrait aller plus loin, notamment dans la prévention des maladies transmissibles et des zoonoses, tandis qu’il est nécessaire de clarifier les rôles du vétérinaire. La FVE propose ainsi d’inclure dans la loi les définitions d’un vétérinaire et d’un vétérinaire officiel.

La fédération s’inquiète également de voir que le texte se réfère à des « professionnels de santé des animaux aquatiques » qui seraient autorisés à prescrire des médicaments. Contrairement à ces références vagues, les vétérinaires sont une profession qualifiée et réglementée, et ils peuvent donc être tenus responsables de leurs actes, a rappelé Christophe Buhot, président de la FVE.

Un des points clés de ce projet de règlement est la reconnaissance de l’importance des visites sanitaires régulières pour assurer la santé et le bien-être des animaux, et la santé publique. « Le système des visites est effectivement un pilier de la stratégie, qui a pour objectif “mieux vaut prévenir que guérir” », a-t-il souligné.

SANTÉ DES ABEILLES : DES MENACES NOMBREUSES

« Le traitement médical des abeilles en Europe doit faire face à plusieurs défis », a rappelé notre confrère Nicolas Vidal-Naquet (France), président du groupe de travail de la FVE sur ces insectes. Lors de sa présentation à l’assemblée générale, il a cité la disponibilité limitée, l’utilisation non contrôlée de produits sans autorisation de mise sur le marché (AMM) ou interdits, l’antibiorésistance (due à un usage non contrôlé d’antibiotiques) et la présence de résidus dans la cire et le miel.

Le groupe de travail recommande donc aux législateurs de faciliter l’accès à un éventail plus large de médicaments destinés aux abeilles et d’augmenter leur disponibilité grâce à des reconnaissances mutuelles. Il leur est aussi demandé « d’harmoniser la législation sur les programmes de lutte contre les maladies apicoles et d’interdire les substances non médicamenteuses pour le traitement médical et antiparasitaire des ruches ». En outre, l’usage d’antibiotiques dans la filière devrait être fortement découragé, en raison de sa contribution à la résistance antimicrobienne et aux résidus médicamenteux dans le miel.

Le groupe de travail a également identifié les principales menaces sanitaires pour les abeilles : les loques américaine (AFB) et européenne (EFB), la varroase, la nosémose et les maladies virales (dont le picornavirus), mais aussi les intoxications chimiques dues aux pesticides agricoles et aux mauvaises pratiques apicoles. En collaboration avec la FVE, le groupe de travail a produit la brochure Tackling Europe’s bee decline, the role veterinarians can play (Aborder le déclin de la population d’abeilles en Europe, quel rôle pour les vétérinaires ?). Parmi ses autres initiatives figurent des propositions de certification des ruches, de bonnes pratiques apicoles et d’élevage d’insectes comestibles.

INSECTES COMESTIBLES : UNE SOURCE D’ALIMENTATION À FORT POTENTIEL

Les abeilles n’étaient pas les seuls insectes au programme à Bruxelles. Lors de l’assemblée générale de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP), qui s’est tenue la veille de celle de la FVE, Arnold van Huis (université de Wageningen, Pays-Bas) a présenté les insectes susceptibles de devenir une denrée alimentaire tant pour le bétail que pour l’homme. Or « les insectes ont un bon indice de consommation, comparés à d’autres animaux de rente ». Cela est d’autant plus important que « nous devons faire face à des problèmes liés au manque de place et à l’environnement : les pâturages et les cultures alimentaires représentent 70 % de la surface agricole ».

En outre, de nombreux insectes se nourrissent de déchets organiques. Ainsi, « ils représentent un potentiel d’intérêt particulier pour l’industrie des aliments pour animaux de production ». Et de citer la « mouche soldat noire » (Hermetia illucens) dont l’inclusion dans la farine destinée à nourrir les poissons est autorisée depuis le 1er juin 2013. Le taux de protéines est comparable et celui de lipides est plus élevé que dans la farine conventionnelle. Des études pilotes, avec cet insecte comme source alimentaire, sont en cours dans plusieurs pays européens. Aussi, les fabricants d’aliments pour animaux de compagnie regardent du côté des insectes « avec un regain d’intérêt ».

Toutefois, malgré ses nombreux avantages, comme une reproduction facile (1 kg d’œufs de mouches domestiques se transforme en 380 kg de larves en seulement 72 heures) et une alimentation peu onéreuse (la mouche soldat se nourrit de compost et de fumier), l’industrie des « animaux de rente à six pattes » doit faire face à de nombreux défis.

Ainsi, cette production exige beaucoup de travail et il est difficile d’assurer un approvisionnement constant. Pour le moment, il n’existe pas de codes industriels et la législation sur le bien-être animal doit être adaptée. Par exemple, actuellement, il est interdit d’abattre les animaux sur leur lieu de production, ce qui pose un problème dans le cas des insectes.

La gestion des maladies dans les élevages d’insectes représente un autre défi. Les germes pathogènes ne sont pas dangereux pour l’homme, mais ils peuvent éliminer toute une colonie. Par exemple, le grillon domestique (Acheta domesticus) est sensible au densovirus. Il y a un besoin urgent de vétérinaires spécialisés, car les agents pathogènes sont le souci majeur des producteurs.

D’autant que dans la chaîne alimentaire humaine aussi, il existe un potentiel. Le challenge pour les pays en voie de développement (où les insectes sont déjà au menu) est un élevage efficace et durable et, pour les pays industrialisés, l’automatisation et la réglementation… ainsi qu’un changement culturel. « Manger des insectes est une question d’éducation », a souligné Arnold van Huis. Il a également présenté un livre de cuisine (Insectenkookboek, disponible en anglais en février), ainsi qu’un document sur « la contribution des insectes à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à l’environnement »1, produit avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2013. Finalement, il a annoncé la tenue d’une conférence internationale sur le thème des « insectes pour nourrir le monde » qui aura lieu à Wageningen (Pays-Bas), en collaboration avec la FAO, du 14 au 17 mai 2014.

VERS DES LISTES “POSITIVES” D’ANIMAUX DE COMPAGNIE

Les insectes ne sont pas les seuls à bénéficier d’un intérêt croissant… « Selon les résultats préliminaires d’une récente enquête, un nombre croissant d’espèces sauvages et exotiques sont détenues comme animaux decompagnie », a rapporté Nancy De Briyne, directrice exécutive adjointe de la FVE. Cette tendance soulève des inquiétudes sur la santé et le bien-être des animaux concernés, mais aussi sur la santé publique et l’environnement. Pour la FVE, « certaines espèces sont complètement inadaptées à la vie en captivité chez des particuliers ».

L’assemblée de la FVE soutient à l’unanimité le principe des listes “d’aptitude”, qui précisent quelles espèces peuvent (ou non) être détenues par le grand public. La FVE a demandé aux autorités compétentes d’établir ces listes, qui doivent reposer sur une évaluation des risques pour l’animal, ses propriétaires et la société, mais aussi envisager l’impact potentiel sur les espèces indigènes et les écosystèmes si l’animal est relâché ou s’échappe. La Belgique et les Pays-Bas ont déjà établi de telles listes “positives” qui mentionnent toutes les espèces autorisées pour les particuliers, tandis que d’autres pays préfèrent des listes “négatives” pour exclure certaines espèces.

Selon Christophe Buhot, l’établissement de listes comme en Belgique et aux Pays-Bas est un processus législatif « faisable, proportionné et efficace », et il a exhorté les autres pays à suivre cet exemple.

LES ESPÈCES “MINEURES” AU PROGRAMME

La médecine des animaux de laboratoire, l’aquaculture et la santé des abeilles : une enquête est en cours pour déterminer si et comment ces matières sont enseignées dans les écoles vétérinaires en Europe. L’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV) et la FVE, coorganisateurs de l’enquête, ont fait appel aux représentants des écoles afin de compléter le questionnaire en ligne.

Laszlo Fódor (Hongrie), président de l’AEEEV, a fait le point sur le nombre (croissant) d’écoles vétérinaires évaluées. En Europe, parmi les 69 membres de l’AEEEV qui ont été évaluées, la plupart (78,3 %) sont actuellement accréditées, approuvées ou approuvées conditionnellement.

LES VÉTÉRINAIRES : SANTÉ, BIEN-ÊTRE ET DÉMOGRAPHIE

Au sein de notre profession, les problèmes psychologiques liés au travail (toxicomanie, alcoolisme, suicide et dépression) ont été mis en évidence dans une présentation conjointe de Peter Jones (Association vétérinaire britannique, BVA) et de René Carlsson (Association américaine des médecins vétérinaires, Avma). Ils ont souligné l’importance d’un partage des problèmes personnels et professionnels avec ses pairs et d’une détection précoce de signes de mal-être. Lors de la prochaine assemblée de la FVE, un atelier dédié sera consacré à ce sujet.

Côté démographie, quelle est la répartition des vétérinaires dans les différents secteurs d’activité ? Est-elle comparable dans tous les pays européens ? Combien de vétérinaires sont-ils au chômage ou sous-employés selon les États ? Autant de questions pour lesquelles la FVE est souvent sollicitée, sans pour autant pouvoir y répondre. Si de nombreuses données existent dans les différents pays, elles sont difficilement comparables.

En assemblée générale, il a donc été décidé de mener une enquête professionnelle sur la démographie de la profession vétérinaire en Europe. L’objectif est de produire un rapport général et une fiche par pays. Le rapport contiendra de l’information sur les professionnels en Europe (nombre, profil, répartition par activité, emploi, etc.), le marché du travail (nombre de cliniques, de propriétaires d’animaux de compagnie, etc.) et des renseignements sur les secteurs d’activité. Les fiches nationales contiendront les chiffres “de base” de la démographie vétérinaire, présentés sous la forme de tables et de graphiques. Ces données devraient être disponibles d’ici à la fin de l’année.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine assemblée générale de la FVE, qui se tiendra en France, à Biarritz, les 23 et 24 mai 2014.

Élections dans les sections de la FVE

Les quatre sections de la Fédération vétérinaire européenne — les praticiens (UEVP), les hygiénistes (UEVH), les vétérinaires officiels (EASVO) et ceux qui travaillent dans l’industrie, l’éducation et la recherche (Everi) — ont présenté les conclusions de leurs assemblées respectives, tenues la veille de celle de la FVE. Trois des quatre sections ont organisé des élections.

> Le bureau de l’UEVH est largement réélu, avec Sean O’Laoide (Irlande) président, Hennig Knudsen (Danemark) vice-président senior, Emilian Kudyba (Pologne) vice-président, Günter Klein (Allemagne) trésorier, Jason Aldiss (Royaume-Uni) secrétaire général.

> Le bureau de l’EASVO est désormais composé de Véronique Bellemain (France) présidente, Hans-Petter Bugge (Norvège) secrétaire général, Ray Finn (Irlande) trésorier, Cornelia Rossi Broy (Allemagne) et Andreas Wunsch (Autriche) vice-présidents.

> Le bureau d’Everi est présidé par Sabine Schueller (Allemagne) et compte pour membres Ellef Blakstad (Norvège), Massenzio Fornasier (Italie), Jean-Louis Pellerin (France) et Valda Sejane (Lettonie).

European antibiotic awareness day

« Tout le monde est responsable », tel était le thème de la Journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques 2013, qui a eu lieu en même temps que l’assemblée de la FVE. « La réduction de leur usage est un must », a souligné Paola Testori Coggi (DG Sanco) lors de son allocution d’ouverture. Et de rappeler que la Commission européenne a publié des textes législatifs rendant obligatoire la surveillance de la résistance antimicrobienne dans l’ensemble de l’Union. Elle a également précisé que, selon un sondage récent d’Eurobaromètre, la sensibilisation à cette résistance s’accroît, sans que la consommation d’antibiotiques chez l’homme baisse pour autant.

Au nom de la FVE, Rens van Dobbenburgh (vice-président de l’UEVP et à la tête du groupe de travail de la FVE sur le médicament), a précisé que la résistance antimicrobienne revêt une grande importance pour la profession vétérinaire. « En ce moment même [le 15 novembre], la FVE tient son assemblée générale, et environ un quart du temps est dédié à ce sujet. » Il a également cité les nombreuses initiatives de la FVE sur ce thème, dont les conférences, les brochures et les présentations. « Certains de nos pays membres ont déjà mis en place des systèmes efficaces de surveillance de l’usage antimicrobien en élevage, et d’autres suivront. » En outre, la profession est convaincue de la nécessité de collaborer avec d’autres parties prenantes, comme les éleveurs et les professions de santé humaine. Et d’ajouter que la FVE est par ailleurs membre fondateur de la plate-forme européenne pour l’utilisation responsable des médicaments vétérinaires (Epruma).

« Les vétérinaires se consacrent à la lutte contre l’antibiorésistance. Ils font partie de la solution. »

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