Morceaux choisis des conférences techniques - La Semaine Vétérinaire n° 1568 du 17/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1568 du 17/01/2014

Avef 2013

Dossier

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

L’ACCROCHEMENT NÉPHROSPLÉNIQUE

Chez le cheval, l’accrochement néphrosplénique est une cause fréquente de coliques. Le diagnostic est établi après un examen clinique général, par une palpation transrectale, avec l’identification de bandes charnues du côlon qui convergent vers l’espace néphrosplénique. Cet examen incontournable peut être associé à l’échographie abdominale transpariétale du flanc gauche afin d’aboutir dans la plupart des cas à un diagnostic de certitude. Le traitement médical consiste à contrôler la douleur par l’administration d’analgésiques (AINS, α2-agonistes) et par la décompression des réservoirs digestifs distendus (sondage nasogastrique, trocardage) ainsi que par l’utilisation de molécules vasoconstrictrices (phényléphrine, adrénaline) dans le but d’obtenir une splénocontraction. De fortes doses de détomidine permettent une décontraction et un relâchement des organes abdominaux, facilitant le retour du côlon ascendant à sa position physiologique (30 à 40 g/kg). Dans le cas où le traitement médical échoue le traitement chirurgical s’impose. La laparotomie par le flanc gauche sur cheval debout ou celle par la ligne blanche sous anesthésie générale sont deux options avec chacune des avantages et des inconvénients. La laparotomie par le flanc gauche permet la résolution de l´accrochement et la fermeture de l’espace néphrosplénique en une seule étape. En effet, en raison d’un risque substantiel de récidive, les chevaux ayant présenté un accrochement néphrosplénique sont candidats à la fermeture de l’espace néphrosplénique. Le développement de la laparoscopie a permis d’adopter une approche mini-invasive sur le cheval sédaté. En raison de la faible morbidité et de soins postopératoires légers, cette technique est désormais recommandée chez les chevaux prédisposés. La laparotomie sous anesthésie générale est conseillée si on n’est pas sûr du diagnostic, si on suspecte que l´accrochement est associé à un autre problème intestinal plus grave de type volvulus, tympanisme, surcharge importante du gros côlon, atteinte de la paroi intestinale ou si le chirurgien n´est pas habitué à la technique sur cheval debout.

Source : conférences de Xavier Gluntz, Juan A. Munoz et Olivier Geffroy.

LA CASTRATION HORMONALE DU MÂLE

Les trois voies actuelles pour tenter d’induire une “castration chimique réversible” des mammifères mâles sont l’immunisation contre la Gonadotropin-releasing hormone (“vaccins anti-GnRH”), l’emploi en continue d’agonistes GnRH à fortes doses, voire d’antagonistes GnRH, ou l’administration continue de progestagènes. L’immunisation vis-à-vis de la GnRH et les traitements progestatifs ne présentent aucune garantie d’efficacité ni de réversibilité (avec une large variabilité individuelle). Actuellement, ce type de procédé ne peut être envisagé que sous la responsabilité du praticien, car aucune molécule ne dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication chez l’étalon. En outre, cela constitue une infraction vis-à-vis de la réglementation de la lutte contre le dopage en sports équestres et en courses hippiques.

En fait, les indications éventuelles sont :

→ de pratiquer une castration temporaire et réversible chez des animaux qui ont une activité sportive où leur “comportement d’entier” est plus ou moins difficile à gérer, mais qui sont susceptibles de devenir reproducteurs à l’issue de leurs performances d’athlètes ;

→ de pratiquer une castration temporaire et réversible chez des reproducteurs excréteurs du virus de l’artérite virale, dont le portage dans l’appareil reproducteur pourrait être totalement éliminé en raison de cet arrêt temporaire des sécrétions des hormones sexuelles ;

→ d’offrir une solution alternative à l’acte chirurgical chez des individus atteints d’une cryptorchidie abdominale unilatérale ou bilatérale ;

→ d’offrir une alternative à la castration chirurgicale en éliminant les risques liés à l’anesthésie et à la chirurgie elle-même.

La commission “élevage et reproduction” de l’Avef a mis en place un groupe de travail composé de praticiens, d’institutionnels et d’experts afin d’établir une fiche informative sur ce thème. Intitulée « l’essentiel sur la castration immunologique », elle présente de manière synthétique un résumé de l’état des connaissances sur la castration immunologique d’un point de vue pragmatique et utilisable par le praticien. Cette fiche a pour vocation de permettre au vétérinaire d’obtenir le consentement éclairé de ses clients lorsqu’il est sollicité pour mettre en place cette thérapeutique.

Source : conférence de Jean-François Bruyas.

LE TRAITEMENT DE LA RHODOCOCCOSE

Administration raisonnée des antibiotiques

L’efficacité du traitement de la pneumonie à Rhodococcus equi chez le poulain dépend de l’extension et de la sévérité des lésions pulmonaires et, surtout, du choix des antibiotiques. R. equi est une bactérie à Gram positif qui a la particularité de survivre et de se multiplier dans les macrophages du jeune de moins de six mois. Une partie des poulains infectés développent une pneumonie et des abcès pulmonaires. Ces caractéristiques biologiques de R. equi limitent le choix des antibiotiques appropriés au traitement de la rhodococcose du poulain. En effet, seuls les antibiotiques accédant au compartiment intracellulaire (substances lipophiles) et capables d’infiltrer un abcès peuvent pénétrer les abcès pulmonaires dus à R. equi et le tuer dans les phagocytes. Par ailleurs, les effets secondaires limitent également l’utilisation de certaines molécules. Par exemple, l’érythromycine est pratiquement exclue du protocole de traitement, car elle induit fréquemment des diarrhées fatales chez les juments et les poulains. De même, la tilmycosine, bien qu’elle présente des caractéristiques pharmacologiques intéressantes, ne peut être conseillée chez le poulain en raison de ses effets secondaires cardiotoxiques, bien connus chez le veau et l’homme. Le choix des antibiotiques se réduit donc à la rifampicine, à l’azithromycine, à la clarithromycine, à la tulathromycine et à la gamithromycine. Il est impératif d’utiliser la rifampicine en combinaison avec un macrolide, car seule cette association peut limiter l’émergence de souches de R. equi résistantes aux antibiotiques actuels. L’azithromycine est le macrolide de choix du traitement de la pneumonie à R. equi. La clarithromycine a le désavantage de présenter une chute importante de concentration intracellulaire si elle est associée à la rifampicine, ce qui devrait limiter son emploi. La tulathromycine (Draxxin(r)) présente une haute concentration minimale inhibitrice (CMI) contre R. equi, qui n’est pas atteinte en intracellulaire. Bien que les données cliniques sur le terrain semblent favorables, de plus amples études sont nécessaires pour évaluer son efficacité dans le traitement de la rhodococcose. Reste la gamithromycine (Zactran(r)) qui affiche une CMI appropriée au traitement de cette maladie. Si son innocuité chez le poulain et son efficacité clinique n’ont pas été prouvées jusqu’à ce jour, cette molécule pourrait être intéressante dans l’avenir.

La posologie de la rifampicine dispose d’une marge importante (5 à 10 mg/kg toutes les 12 heures à 24 heures, per os). Des données préliminaires indiquent que la dose de 10 mg/kg toutes les 24 heures est adéquate chez le poulain âgé de huit semaines. La posologie de l’azithromycine est de 10 mg/kg toutes les 14 heures per os, celle de la tulathromycine de 2,5 mg/kg tous les sept jours par voie intramusculaire, et celle de la gamithromycine n’est pas connue chez le poulain.

Source : Monica Venner.

Choix des poulains à traiter et décision d’arrêt du traitement

Dans le cas d’une affection endémique, l’éleveur a souvent un programme de détection précoce des poulains atteints de pneumonie (examen quotidien, échographie, numération-formule) et le traitement suit une approche standardisée. Quelques aspects généraux de la pneumonie à R. equi aident à établir un plan thérapeutique. D’une part, il est remarquable de constater que certains poulains guérissent sans traitement des lésions pulmonaires avec un score échographique d’un diamètre total de 8 cm, voire de 20 cm. Il n’est donc certainement pas nécessaire de traiter chaque individu qui présente une situation clinique favorable, un taux de leucocytes sanguins inférieur à 25000/µl, et des lésions pulmonaires d’un score-abcès de moins de 8 cm. Dans ce cas, il est recommandé de réaliser une échographie des poumons par semaine. Si les lésions pulmonaires augmentent, le poulain est alors traité. En cas de signes cliniques (forte toux ou dyspnée, fièvre au-delà de 39,5 °C durant plus de deux jours, taux de leucocytes sanguins supérieur à 25000/µl), le traitement est instauré d’emblée.

D’autre part, une fois que le traitement adéquat est instauré, les lésions pulmonaires se réduisent de façon spectaculaire en deux à trois semaines. Une durée de six semaines est néanmoins recommandée, car un arrêt trop précoce des antibiotiques est souvent suivi d’une rechute au cours des quatre semaines suivantes. Si, après six semaines de traitement, le poulain ne présente plus de lésions pulmonaires à l’échographie, celui-ci peut être interrompu. Notons que le taux de leucocytes sanguins n’est pas un bon indicateur de la guérison du poulain. Ils peuvent en effet rester élevés pendant dix à seize semaines, même si le poulain est sain des points de vue clinique et échographique.

Source : Monica Venner.

L’INDUCTION DE LA LACTATION CHEZ LA JUMENT

Face à un poulain orphelin, l’induction d’une lactation chez une jument non suitée offre des avantages pratiques et économiques. Les juments en lactation induite sont capables d’adopter un poulain et d’établir un lien identique à celui qui existe entre une poulinière et son propre poulain. La candidate à l’adoption doit impérativement être cyclée, avoir déjà été suitée au moins une fois au cours de sa vie, avoir élevé son poulain sans problème, présenter un tempérament gentil et être en bonne condition et bien nourrie pendant l’induction de la lactation.

L’induction de la lactation repose essentiellement sur un traitement à base de sulpiride deux fois par jour (400 mg, par voie intramusculaire, toutes les 12 heures) sur une durée de sept à dix jours. De plus, le premier jour du traitement, une dose standard de prostaglandine est administrée afin d’induire des chaleurs. Depuis le retrait du marché du sulpiride injectable, il est possible d’utiliser soit le sulpiride par voie orale à trois fois la dose intramusculaire (Dogmatil(r) en comprimés, 1,2 g toutes les 12 heures, par voie orale) même si des posologies plus faibles semblent efficaces (400 mg deux fois par jour), soit la dompéridone (Motilium(r), 1,1 mg/kg toutes les 24 heures, par voie orale).

Dès que la mamelle augmente en taille (après quatre à sept jours de traitement), il est recommandé de traire la jument environs six fois par jour (pendant un à trois jours) afin de stimuler la lactation.

Après l’adoption, le traitement au sulpiride est poursuivi pendant quelques jours afin de maximaliser la production laitière. Une fois que le poulain tète régulièrement, la lactation est maintenue sans apport médicamenteux durant la période suitée.

Quand la jument produit plus de trois litres de lait par jour, l’adoption du poulain peut être envisagée. Les jours précédents, il est placé dans un box à côté de celui de la jument pour qu’elle puisse se familiariser avec lui. Afin d’induire le comportement maternel, une double ou une triple dose de prostaglandine naturelle est administrée (dinoprost à raison de 10 à 15 mg ou cloprosténol à la dose de 1 à 1,5 mg, par voie intramusculaire). Il est important d’attendre environ 10 à 15 minutes l’apparition des effets secondaires typiquement associés à l’injection de prostaglandines (sueur, nervosité, crampes/coliques, etc.) avant d’introduire le poulain auprès de la jument.

Ce dernier est d’abord amené devant, puis sur le côté de la jument pour qu’il puisse trouver la mamelle et qu’elle puisse le sentir et le lécher. Le manipulateur doit éviter de toucher le poulain en le maintenant juste par la queue. Dans la plupart des cas (supérieurs à 90 %), l’adoption a lieu immédiatement (en moins d’un quart d’heure) avec un comportement maternel complet dans la demi-heure qui suit l’introduction du poulain.

En cas d’échec, un nouvel essai est tenté douze heures plus tard.

Source : conférence de Peter Daels.

LA MYOPATHIE ATYPIQUE

La myopathie atypique est reconnue depuis 1984 mais, jusqu’à l’automne 2002, la France n’a pas été confrontée à ce syndrome. Depuis l’automne 2006, une quinzaine de pays ont rapporté plus d’un millier de cas au réseau d’alerte Atypical Myopathy Alert Group (Amag) dont fait partie le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) français.

La myopathie atypique résulte d’une intoxication aiguë induite par l’ingestion d’une toxine, l’hypoglycine A, contenue dans les graines (appelées samares) de certains arbres du genre Acer, dont l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus). Une fois ingérée, l’hypoglycine A est métabolisée en un composé toxique qui perturbe le métabolisme énergétique et conduit à des désordres biochimiques. Les causes de l’émergence de la maladie, due à un arbre naturalisé depuis de nombreuses décennies, restent indéterminées. Actuellement, il n’existe aucun remède à la myopathie atypique, mais le traitement symptomatique a été revisité sur la base des connaissances de l’étiopathogénie de la maladie.

Source : conférence de Dominique Votion.

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