La consultation de médecine préventive chez le lapin - La Semaine Vétérinaire n° 1568 du 17/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1568 du 17/01/2014

Formation

NAC

Auteur(s) : Émilie Tessier*, Laurent Masson**

Fonctions :
*praticienne à Loos-lez-Lille (Nord). Article tiré d’une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2013, à Nantes.

Après le chien et le chat, le lapin devient un habitué des consultations en clientèle canine. Cette espèce représente un formidable levier de développement, pour peu que l’on s’y intéresse. Le praticien doit savoir répondre à la demande du propriétaire de lapin en matière de médecine préventive. D’autant que malade, cet animal n’est pas toujours facile à soigner…

ENVIRONNEMENT

Une attention particulière doit être portée à son environnement. Généralement, le lapin vit seul. S’il est en couple, il est préférable de le stériliser, car les conflits sont fréquents entre lapins non opérés. La litière végétale, en chanvre ou en lin, est à changer une à deux fois par semaine. Un bac à litière peut être proposé. Le foin est placé dans un râtelier pour ne pas être souillé. Il est important d’enrichir le milieu de vie par des morceaux de bois ou un Pipolino(r). Une gamelle lourde est préférable à un biberon pour favoriser l’abreuvement.

ALIMENTATION

L’alimentation est un point crucial dans la prévention (usure des dents régulière, bon transit). Il faudra l’aborder à chaque consultation, en commençant dès le bilan d’acquisition. L’objectif est de se rapprocher le plus possible de ce qu’un lapin mange à l’état sauvage : de l’herbe, du feuillage ou, à défaut, du foin, qui reste le plus simple à se procurer. Si le lapin boude le foin, il suffit le plus souvent de diminuer la quantité d’extrudés distribuée et de lui en proposer un de qualité ?(foin de Crau, par exemple)? ou de la verdure (fanes de radis ou de carotte, salade, etc.). Pour limiter le risque de diarrhée passagère, il convient d’introduire les aliments un par un, en petites quantités, quelque temps après l’adoption (ne pas commencer trop tôt). Il est recommandé de limiter l’apport en tubercules et en fruits, et de proscrire les mélanges de graines qui ne sont pas adaptés au lapin. La quantité d’extrudés doit se limiter à une cuillère à soupe par kilo de poids du lapin, matin et soir. Les disperser dans les légumes favorise la recherche alimentaire.

CONTENTION

La contention est un autre point crucial, surtout aux yeux des propriétaires. Il est important de ne pas bloquer en même temps l’avant et l’arrière de l’animal, car sinon il peut se fracturer la colonne vertébrale. La bonne position consiste à maintenir l’animal sur un avant-bras, la tête plus ou moins dans le creux du coude et l’autre main sur le dos. Pour l’immobiliser, il suffit par exemple de lui cacher les yeux, avec une main ou une serviette éponge. Lors d’une anesthésie par induction volatile, notre consœur recommande l’usage de grands masques et de serviettes à l’intérieur et à l’extérieur de la cage à oxygène.

CONSULTATION

Au cours de la consultation, il convient de peser le lapin, de palper son abdomen, d’examiner les crottes émises, de l’ausculter. L’évaluation dentaire à l’otoscope nécessite l’aide d’une autre personne (propriétaire ou auxiliaire). Une anesthésie flash à l’isoflurane peut être conseillée pour bien examiner les joues, la langue et chacune des dents. La moitié des lésions sont visualisées ainsi : une radiographie est nécessaire pour compléter le bilan dentaire. Enfin, il ne faut pas oublier de réaliser un examen extra-oral (à la recherche d’une douleur à l’extrémité de la mandibule, par exemple) et un autre de la membrane nictitante, des orbites et du canal lacrymal.

VACCINATION

Concernant les vaccins, tous les lapins sont exposés à la myxomatose par l’intermédiaire d’insectes piqueurs. Les vaccins hétérologues peuvent provoquer des réactions locales fibromateuses, sans réaction générale. Avec les vaccins homologues, la protection est plus ciblée, mais des réactions vaccinales sont rapportées (gonflement des paupières, nodules cutanés, hyperthermie et dysorexie). Le vaccin recombinant spécialement élaboré pour les lapins de compagnie offre une protection annuelle et des réactions vaccinales peu fréquentes (macules rosées aux oreilles sans atteinte de l’état général). Concernant la maladie hémorragique virale (VHD), hormis le vaccin recombinant, il n’existe que des vaccins inactivés qui utilisent différentes souches vaccinales. Des tests sont actuellement menés pour connaître l’efficacité des vaccins actuels sur les nouveaux variants de la VHD. En attendant ces résultats, des rappels plus rapprochés semblent être la solution, notamment en zone endémique (voir encadré). Enfin, il convient de respecter une quarantaine de trois semaines à l’introduction d’un nouvel animal.

ANTIPARASITAIRES

Lors de la première visite, un traitement antiparasitaire doit être effectué. Le portage de nématodes est fréquent et asymptomatique, par exemple l’oxyure Passalurus ambiguus. La qualité de la flore intestinale, ainsi que la consommation de fibres alimentaires, joueraient un rôle dans la régulation des vers chez le lapin (probablement via une meilleure expulsion). Des parasitoses cliniques peuvent survenir lors d’infestation massive ou de baisse de l’immunité.

La conférencière privilégie le fenbendazole, la sélamectine ou la moxidectine. Lors de coccidiose à Eimeria, un traitement n’est nécessaire que si leur population est importante et l’espèce pathogène : dans ce cas, le toltrazuril, en une seule administration, est à préférer aux sulfamides pour prévenir l’antibiorésistance, mais son utilisation est “hors AMM”.

Plus rarement, le lapin peut être contaminé par des vers plats comme des trématodes (Fasciola hepatica ou grande douve, Dicrocoelium lanceolatum ou petite douve). En outre, il est parfois un hôte intermédiaire de cestodes canins dont la forme larvaire peut provoquer des lésions pulmonaires (difficultés respiratoires) ou cérébrales (méningite, exophtalmie).

Lors de gale à Psoroptes cuniculi, trois traitements à base de moxidectine ou de sélamectine, séparés de quinze jours, sont efficaces. En revanche, il ne faut surtout pas tenter d’enlever les croûtes en raison de la douleur engendrée et du risque de surinfection. Une affection sous-jacente ou un stress sont à évoquer face à la présence massive de Cheyletiella parasitovorax ou de poux.

Enfin, lors de dermatophytose, il est possible de réaliser quatre bains d’Imaveral(r), à quatre jours d’intervalle, puis de prévoir une culture fongique quinze jours après l’arrêt du traitement. Devant un portage chronique asymptomatique, notre confrère Emmanuel Risi conseille d’effectuer deux bains préventifs en présence d’un enfant ou d’une femme enceinte.

NOUVEAU VARIANT DE LA VHD

Depuis 2010, un nouveau variant de la maladie hémorragique virale est responsable d’épizooties en France. Il touche principalement des élevages situés dans les régions au nord et à l’ouest du pays, les cas plus au sud n’ayant été rapportés pour le moment que dans la faune sauvage.

Ce nouveau variant atteint pour la première fois des animaux vaccinés, quelle que soit la souche utilisée. Les statuts immunitaires des élevages touchés sont cependant très différents (protocoles vaccinaux variables, parasitisme, etc.).

Les signes cliniques et le mode de transmission sont similaires à ceux de la forme classique, mais le variant provoquerait davantage de formes chroniques chez des individus plus jeunes. Les élevages protégés par les vaccins dirigés contre les virus classiques disponibles en France comptent moins de morts (mortalité moyenne de 8 % avec des pics de 15 à 20 %) que les cheptels non vaccinés (mortalité moyenne de 18 % avec des pics jusqu’à 99 % dans une série de cas répertoriés).

À CHAQUE ÂGE SA CONSULTATION

Notre consœur recommande de privilégier un bilan spécifique selon l’âge du lapin, afin de prodiguer au propriétaire des conseils adaptés pour garder son animal en bonne santé.

→ Chez le jeune lapin, une visite d’acquisition et un déparasitage sont préconisés.

→ Chez l’adulte, il convient de revenir sur l’environnement et l’alimentation. Les traitements antiparasitaires doivent être adaptés au mode de vie du lapin (accès à l’extérieur ou non). Le traitement cestodicide est à aborder en cas de possession d’un chien ou un chat ou s’il s’agit d’un nouveau client.

→ Chez le lapin âgé, une visite semestrielle est conseillée (suivi dentaire, dépistage de l’insuffisance rénale et des cardiopathies).

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