La colère des vétérinaires ! - La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014

Dossier

Auteur(s) : Marine Neveux

2013 restera une année historique pour notre profession. Les événements liés au projet de découplage partiel des antibiotiques émis par le ministère de la Santé ont exaspéré les vétérinaires. La profession a été choquée par ce projet sans fondement d’où une mobilisation massive, le 6 novembre dernier à Paris. Du client jusqu’aux organisations agricoles, jamais un tel engagement n’avait été ressenti auparavant pour soutenir la santé publique. Près de 8 000 confrères ont battu le pavé parisien, de la gare Montparnasse au ministère de la Santé pour manifester leur mécontentement.

Des engagements et des conséquences pour 2014

La réflexion d’un comité permanent de la santé publique vétérinaire, qui rassemblerait toutes les organisations professionnelles, et serait copilotée par les Directions générales de l’alimentation (DGAL) et de la santé (DGS), a été annoncé lors des rencontres syndicales en novembre à Nantes. La concrétisation est prévue pour cette année, un point positif et nécessaire afin d’éviter les jugements tranchés, pris sans concertation et sans fondement.

Au printemps 2013, le rapport de la mission interministérielle sur la mesure 29 est publié. Ce document démontre que le découplage de la prescription et de la délivrance n’est pas la voie pertinente. Selon les modèles européens, il n’existe pas de lien entre la place des vétérinaires dans la délivrance des médicaments et l’antibiorésistance. Les praticiens français font aussi figure de bons élèves, en témoignent les résultats satisfaisants du plan ÉcoAntibio, qui affichent une réduction de 40 % des usages d’antibiotiques entre 2007 et 2012. Les dossiers et les rapports confirment tous la tendance. En 2012 aussi, les vétérinaires ont prescrit 6,2 % d’antibiotiques de moins qu’en 2011 selon l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Alors faut-il craindre de nouvelles discussions en 2014 ? La voie du débat parlementaire peut révéler bien des chausse-trappes.

En novembre dernier, le ministère de l’Agriculture s’engage à s’opposer au découplage devant le parlement. Il reconnaît aussi que le couplage est un élément de la solution pour débanaliser les antibiotiques. Les conséquences du projet de loi d’avenir pour l’agriculture sont déjà prégnantes pour les confrères. L’opération transparence est lancée : toute remise commerciale est interdite sur les antibiotiques, la marge “avant” est plafonnée à 15 % pour les molécules critiques, un dispositif anti-cadeaux est préconisé, les ayants droit devront déclarer à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) les quantités d’antibiotiques vendues, etc. Reste aussi des questions en suspens comme celle de la définition des antibiotiques critiques vétérinaires, dont il n’y a pas aujourd’hui de “liste officielle”, mais qui devrait faire l’objet d’un arrêté à la suite du vote de la loi de modernisation de l’agriculture en 2014. Le sujet a aussi été évoqué au niveau européen à l’agence du médicament (humain et vétérinaire). Réponse en juin prochain.

Auparavant, la loi d’avenir pour l’agriculture est discutée début janvier à l’Assemblée. Les débats feront donc aussi de 2014 une année essentielle.

EN BREF

ÉVOLUTION DU DIPLÔME DE COMPORTEMENTALISTE

La formation, auparavant délivrée dans le cadre du diplôme interécoles (DIE) de comportement des animaux domestiques, permet désormais d’obtenir un certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV). L’enseignement a été remanié, aussi bien en termes de contenu que de durée, pour répondre au référentiel de ce type de diplôme et s’adapter à l’évolution de la discipline. Il s’agit d’un premier pas vers la reconnaissance du comportement comme spécialité en France, les responsables du diplôme souhaitant à terme qu’il évolue vers un diplôme d’études spécialisées vétérinaire (DESV).

V.C.

MOBILISATION MASSIVE AUTOUR D’UN CAS DE RAGE

Cela aurait pu menacer la santé publique et provoquer une hécatombe dans la population canine et féline parisienne, voire au-delà. Un cas de rage importé du Maroc a en effet été diagnostiqué chez un chaton mort à Argenteuil (Val-d’Oise) en octobre dernier et qui a eu accès à l’extérieur.

Le vétérinaire contacté par sa dernière famille d’accueil, chez qui il est mort, a eu le réflexe de lui demander d’amener l’individu à l’Institut Pasteur, qui a porté le diagnostic de rage. Les autorités ont aussitôt lancé une alerte, largement médiatisée, pour retracer le parcours de l’animal avant sa mort. L’enquête épidémiologique, de lourde ampleur, a permis d’orienter une vingtaine de personnes vers un centre antirabique. Moins de vingt animaux non vaccinés, ayant été en contact avéré ou avec une forte probabilité, ont été euthanasiés.

V.C.

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES : DÉMANTÈLEMENT D’UNE FILIÈRE ILLÉGALE EN AUVERGNE

Avril 2013. La gendarmerie d’Auvergne annonce la mise en examen de deux pharmaciens au terme d’une garde à vue de 48 heures. Les deux figures syndicales, connues de la profession, livraient des médicaments aux Sociétés protectrices des animaux (SPA) et à des centaines d’éleveurs. Trois vétérinaires, qui signaient des ordonnances de complaisance, sont eux aussi mis en examen. Les grands titres nationaux s’emparent rapidement de la dépêche publiée par l’Agence France Presse sur le sujet. L’affaire judiciaire n’en est alors qu’à son début.

M.N.

RETOUR DE LA FIÈVRE CATARRHALE EN CORSE

L’année 2013 a marqué le retour de la fièvre catarrhale ovine en Corse, cette fois due au sérotype 1. Le virus, transmis a priori depuis la Sardaigne en pleine période d’activité vectorielle, a provoqué des cas cliniques à partir de début septembre. 123 foyers étaient confirmés au 5 novembre. Une campagne de vaccination généralisée est instaurée chez les ruminants domestiques, ce qui met à bas tout espoir d’obtenir pour la Corse un statut indemne comme cela a été le cas en France continentale fin 2012.

S.P.

CARCASSES DE BOVINS : BRUXELLES DIT OUI À L’UTILISATION DE L’ACIDE LACTIQUE

Un règlement paru au Journal officiel de l’Union européenne le 5 février 2013 a autorisé l’utilisation de l’acide lactique pour réduire la contamination microbiologique de surface des carcasses, demi-carcasses ou quartiers de bovins à l’abattoir, à l’exception de celles présentant des traces visibles de contamination fécale. Bruxelles a précisé que cette mesure s’appliquera dans les pays membres ainsi qu’à la viande de bœuf importée. De son côté, la filière avicole se penche sur la balance risque/bénéfice de ce type de pratique, étudiée lors des dernières journées de la recherche avicole.

N.D.

OXYDE DE ZINC POUR LES PORCELETS : NI OUI NI NON POUR L’ANSES

En mars 2012, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) avait saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur l’emploi de l’oxyde de zinc comme alternative aux antibiotiques, notamment la colistine, pour lutter contre les diarrhées des porcelets en postsevrage. L’Anses a rendu son avis en février 2013 et souhaite d’autres études avant qu’une AMM ne soit accordée à un prémélange médicamenteux d’oxyde de zinc. En voici les raisons : une efficacité non démontrée sur les formes graves qui n’est en outre pas comparée avec celle des médicaments actuellement utilisés, l’impossibilité de déterminer les doses et les durées optimales de traitement préventif, et l’écotoxicité du zinc, lequel peut induire des antibiorésistances.

N.D.

LE VIRUS A/H7N9 TUE DES HUMAINS

Le virus de l’influenza aviaire, faiblement pathogène de sous type A/H7N9, s’est invité sur le devant de la scène en 2013. Sa détection sur des marchés de gros de volailles a été notifiée officiellement par les autorités chinoises à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le 4 avril dernier. Sa particularité est d’être quasi asymptomatique chez les volatiles et de se transmettre relativement facilement à l’homme. Son taux de létalité chez ce dernier est estimé à environ 30 %. Le dernier bulletin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 26 décembre faisait état de 147 personnes contaminées dont 47 décédées, toutes chinoises. Pour l’heure, selon l’OMS, rien n’indique jusqu’à présent qu’il y a une transmission interhumaine.

N. D.

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