Chirurgie ophtalmique des nouveaux animaux de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014

Formation

NAC

Auteur(s) : Christophe Bulliot*, Minh Huynh**, Hélène Vandenberghe***

Fonctions :
*praticien exclusif NAC à Nandy (Seine-et-Marne).
**résident ECZM, praticien exclusif NAC à Arcueil (Val-de-Marne). Article tiré d’une conférence présentée lors du congrès annuel du Genac au Puy du Fou, en septembre 2013.

Les prédispositions environnementales et comportementales, ainsi que la variété des affections oculaires chez les NAC expliquent la fréquence relativement élevée de la chirurgie ophtalmique chez ces espèces par rapport aux carnivores domestiques. L’emploi de techniques chirurgicales de base, applicables en routine, permet de prévenir de nombreux problèmes.

PETITS MAMMIFÈRES

Énucléation

L’énucléation est bien plus souvent réalisée chez les petits mammifères de compagnie que chez les chiens et les chats. En effet, ces animaux de petit gabarit ont des globes oculaires plus exposés, fragiles, et ils se battent parfois violemment, notamment les espèces belliqueuses (octodon, hamster, écureuil de Corée). En outre, une atteinte avancée de la structure interne de l’œil (altération de la structure du globe oculaire lors d’abcès intraorbitaire, abcès ou tumeur rétrobulbaire, glaucome, tumeur), ou une exophtalmie chez le lapin et le cochon d’Inde, peuvent justifier une énucléation.

La technique chirurgicale est globalement similaire à celle employée chez les carnivo­res domestiques. Il convient néanmoins de prendre garde à la présence d’un important plexus veineux rétrobulbaire, qu’il est possible de clamper après avoir effectué une dissection mousse de la conjonctive bulbaire tout autour de l’œil et désinséré les muscles aux ciseaux à iridectomie. Un clamp courbe (pince de Halstead) peut être utilisé, en veillant toutefois à choisir un instrument de faible poids afin de ne pas déchirer certains tissus, ou d’avoir recours à un aide. En dehors des cas d’abcès ou de tumeur intra-oculaire, il est possible de percer l’œil une fois le clamp en place pour améliorer la visibilité dans l’orbite (sauf lors de tumeur ou d’abcès). Une ligature est alors posée sous le clamp, l’œil est extrait, le clamp retiré. Le bord des paupières et des membranes nictitantes est réséqué avant la fermeture du globe oculaire par une suture (surjet ou points simples au monofilament résorbable 3.0 à 5.0).

Chirurgie des paupières

Les sutures sur les paupières sont souvent consécutives à des traumatismes (lésions occasionnées par des combats). Lors de la chirurgie, il convient de prendre garde à ne pas créer d’entropion ou d’ectropion. Ces derniers, rares chez les petites espèces, sont plus fréquents chez les lapins. Une incision en côte de melon et une suture en points sim­ples permettent, comme chez les carnivores,? de remédier au pro­blème. Les tumeurs pal­pébrales, surtout des mélanomes,? touchent essentiel­lement le furet et le hamster. Une dis­section mousse autour de la masse est alors effectuée.

Chirurgie des glandes lacrymales

Le lapin est sujet aux procidences et aux luxations de la membrane nictitante. Ces atteintes sont souvent asymptomatiques.? L’intervention chirurgicale est toujours à raisonner, d’autant qu’elle n’est pas dénuée de risque en raison de la vascularisation importante de cette structure, et du risque de déchirure musculaire plus important que chez les carnivores dû à une musculature striée.

Les tumeurs des glandes lacrymales sont rares chez les rongeurs de compagnie et concernent avant tout le cochon d’Inde (glande lacrymale ventrale). Elles peuvent être à l’origine d’une exophtalmie. Il faut alors effectuer une résection chirurgicale transpalpébrale, voire sous-conjonctivale.

Chirurgie de l’orbite

Cette opération concerne majoritairement le cochon d’Inde et le lapin et consiste essentiellement en un curetage d’un abcès rétrobulbaire, conséquence d’un abcès dentaire. Les racines des dents jugales se situent en effet à proximité de l’orbite et un abcès rétrobulbaire peut entraîner une exophtalmie, voire une luxation du globe oculaire. Lors d’exophtalmie modérée, l’extraction dentaire seule peut suffire. Le pus s’écoule alors naturellement, ou via un drain si besoin. Il est aussi possible d’effectuer un curetage après une incision transpalpébrale, notamment lorsqu’une dé­for­mation est présente sous l’œil. Une énucléation demeu­re néan­moins souvent nécessaire, associée à un curetage de l’orbite en préservant sa vascularisation.

Kératectomie

Lors d’ulcère cornéen important, souvent consécutif à un combat entre deux congénè­res, une kératectomie partielle peut se révéler nécessaire, d’autant que la tarsorraphie est déconseillée en raison d’un risque de déchirure de la mem­brane nictitante. En cas d’échec, une blépharorraphie est également possible (points simples à l’aide d’un fil irré­sorbable de décimale 1.5 à 2, éventuellement complétés d’une tubulure pour limiter les cisaillements).

Lors de syndrome occlusif cornéen, qui touche le lapin, une membrane conjonctivale recouvre la cornée de façon centripète, la plupart du temps sans y adhérer. Le traitement de ce syndrome assez rare consiste en une résection chirurgicale, éventuellement associée à une kératectomie superficielle si des adhérences localisées existent.

REPTILES

Les serpents et certains lézards (gecko tokkay), dépourvus de paupières et dont l’œil est recouvert par une écaille translucide (lunette précornéenne), développent fréquem­ment des abcès précornéens, traités chirurgicalement. Les dacryocoeles (congénitales, par obstruction du conduit lacrymal consécutif à une infection ou à une néoplasie) et les abcès précornéens (à la suite d’un traumatisme de la lunette ou d’origine buccale) conduisent à une accumulation de larmes ou de pus entre la lumière précornéenne et la cornée. Une ponction à l’aiguille suivie d’une irrigation de l’espace situé en avant de la cornée avec un antibiotique et un antiseptique peuvent suffirent à résoudre le problème. Lors de stade avancé, une incision de la chambre précornéenne s’impose, en évitant le bord constitué de tissus germinatifs. Le pus est par la suite drainé et l’espace entre l’œil et l’écaille flushé. La guérison peut être longue et il convient d’effectuer régulièrement des contrôles de la cicatrisation. L’écaille se régénère au moment de la mue.

L’énucléation est envisageable, mais elle est rendue délicate par l’absence de paupière chez les serpents, empêchant toute blépharorraphie, et par l’adhérence totale des écailles avec les os du crâne, ce qui limite la réalisation d’une plastie cutanée. Le recours à des peaux synthétiques est alors une solution.

OISEAUX

Les particularités anatomiques de l’œil des oiseaux rendent la chirurgie ophtalmique délicate chez ces espèces. Seule la cornée est extérieurement visible. De plus, la présence d’os scléraux à l’intérieur du globe oculaire complique l’énucléation. Le chiasma optique est très court et ne permet pas une grande liberté de traction. Lors de perforation, d’abcès ou de tumeur, une énucléation ou une éviscération (plus simple en pratique) sont indiquées.

Les deux paupières puis le limbe sont incisés. La cornée, l’iris, le cristallin, les corps ciliaires, les os scléraux et le pecten sont réséqués. Enfin, les paupières sont suturées bord à bord. L’énucléation nécessite une canthotomie latérale, éventuellement étendue à l’oreille externe. Le globe est perforé, collabé, et son contenu (iris, cristallin, os scléraux, pecten) est vidé. Les muscles orbitaires situés autour de la sclère sont sectionnés. Le nerf optique et l’artère oculaire sont clampés à la base du globe, et le clamp est laissé en place durant au moins cinq minutes pour permettre une bonne hémostase. La troisième paupière est réséquée, avant une suture des paupières bord à bord.

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