Les vétérinaires porcins se penchent sur la valorisation de leurs actes - La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013

Congrès de l’AFMVP

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les services sont pas ou mal valorisés en filière porcine, et pour l’essentiel non facturés. Une situation qu’il convient d’inverser, selon les spécialistes.

L’actualité chaude s’est une nouvelle fois invitée dans l’amphithéâtre d’honneur, frigorifiant, de l’école d’Alfort, les 12 et 13 décembre derniers, lors du congrès de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP). Parmi les thèmes traités, pour la première fois, celui de la valorisation de l’acte vétérinaire a été abordé, dans un contexte de réduction de l’usage des antibiotiques.

Développer un argumentaire marketing

Le modèle économique des intervenants en productions animales, et plus particulièrement ceux de la filière porcine, est majoritairement fondé sur la marge brute réalisée sur la vente de médicaments. Si ce modèle est performant, simple et culturellement ancré dans le fonctionnement des filières, c’est un archétype qu’il convient de changer, a expliqué Philippe Baralon (société Phylum) : « Il pose un problème majeur d’image – l’encadrement technique et sanitaire peut apparaître aux yeux du grand public comme proportionnel aux médicaments consommés – et limite significativement le développement des entreprises vétérinaires et des filières de production. » Plus encore que dans d’autres filières, les vétérinaires qui interviennent dans les élevages de porcs réalisent essentiellement des actes non rémunérés. « Or la gratuité des services peut mettre en doute leur qualité », a précisé notre confrère. Pour facturer un service, le vétérinaire devra alors expliquer à l’éleveur que le bénéfice induit sera supérieur au coût total (connu à l’avance) d’un aléa sans ce service. Pour cela, il faut développer un argumentaire marketing fondé sur la technique, et présenter une offre pertinente et claire. Mais auparavant, il convient de définir la cible du service proposé (tous les élevages), ses objectifs (révision des pratiques préventives, mise en place de critères d’alerte, etc.), son contenu (comme un suivi sanitaire permanent personnalisé payant sur la base de quatre à huit heures par an avec un service hot line, ou encore un recours accru au diagnostic vétérinaire et aux examens de laboratoire) et enfin son coût (de 150 à 250 € l’heure par exemple).

Bien connaître l’élevage pour évaluer la valeur ajoutée du service

Selon Derald J. Holtkamp (Iowa State University), pour démontrer aux éleveurs la valeur ajoutée de leurs services, les vétérinaires doivent être capables d’évaluer le retour sur investissement de leurs recommandations sur la progression de la marge brute des exploitations de leurs clients. Cette dernière repose sur la connaissance des coûts subis par le producteur (fixes, alimentaires et non alimentaires) et de son chiffre d’affaires. Ainsi, par la suite, il est possible de comparer des scénarios (par exemple le coût de la mise en place d’une mesure sanitaire et l’évaluation de son rapport coût/bénéfice) et d’estimer sa valeur ajoutée.

Par ailleurs, les frais variables (dont ceux imputables à l’alimentation, mais aussi à la santé animale) représentent une part importante du coût de production sur laquelle la technicité du vétérinaire peut intervenir.

Calculer le retour sur investissement des mesures prises

Isabelle Corrégé (Institut du porc, Ifip) a démontré l’intérêt d’estimer le retour sur investissement de mesures correctives via une méthode de calcul de l’impact financier des troubles de la reproduction (d’origine pathologique, zootechnique ou accidentelle). Notre consœur a cité l’exemple d’un élevage naisseur-engraisseur de 200 truies productives, où les performances de fertilité et de prolificité étaient dégradées par une maladie en 2011. Après la mise en place de la vaccination des truies et de mesures d’hygiène renforcées (coût annuel de 5 000 €), les résultats ont affiché un gain de marge de 24 800 € en 2012, soit un retour sur investissement de 19 800 €. Cette étude s’est appuyée sur les données des chaînes de gestion gérées par l’Ifip : la gestion technique des troupeaux de truies (GTTT) et la gestion technico-économique (GTE). Ces références, actualisées, sont des outils pour les évaluations techniques et économiques à la disposition des vétérinaires, qui peuvent les aider à valoriser leurs actes.

L’AFMVP en bref

→ Selon Corinne Marois-Crehan (Anses de Ploufragan), Mycoplasma hyorhinis, un mycoplasme présent dans les sécrétions nasales des porcs et notamment à l’origine de polysérites et d’arthrites, serait impliqué dans certains cancers humains. P37, une lipoprotéine exogène produite par le mycoplasme, serait en effet détectée dans plus de la moitié des carcinomes gastriques, du côlon et du poumon, ainsi que chez l’homme atteint du cancer de la prostate. Un test de polymerase chain reaction (PCR) en temps réel, récemment développé à l’Anses, a pour cible la protéine P37, mais les résultats ne sont pas encore publiés. Son seuil de détection serait dix fois inférieur à celui des tests de PCR “conventionnelle”.

→ Tanja Opriessnig (Iowa State University) a présenté l’épisode de diarrhée épidémique porcine qui sévit actuellement outre-Atlantique et qui est à l’origine d’une mortalité très élevée depuis juin 2013. Découvert en 1971 au Royaume-Uni, le virus a été responsable d’épidémies en Europe dans les années 80, mais les cas rapportés après 2000 sont rares. Son typage montre que les souches sont proches de celles responsables d’épidémies plus récentes en Chine. Actuellement, le virus est prévalent dans la majorité des états américains qui hébergent des élevages de porcs. La vigilance est constante afin d’éviter que la situation ne devienne endémique.

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