Les affections des poches gutturales chez le cheval

Les poches gutturales contiennent des structures anatomiques importantes, dont de gros vaisseaux sanguins (artères carotides, maxillai­res) et des nerfs intervenant entre autres dans la déglutition (nerfs glossopharyngien, vague et hypoglosse).

Les affections des poches gutturales sont variées et à rechercher en cas de jetage anormal : alimentaire (dysphagie), sanguin (épistaxis lors d’hémor­ragie des vaisseaux), purulent (empyème).

LE TYMPANISME

Le tympanisme est une affection rare qui atteint spécifiquement les poulains jusqu’à l’âge d’un an. Congénital, il est dû à une accumulation d’air dans une des poches. Il s’agit d’une anomalie du repli de la muqueuse, qui forme un système de valve au niveau de l’entrée de la trompe d’Eustache dans la poche gutturale : l’air peut y entrer, mais ne peut en ressortir.

L’atteinte est le plus souvent unilatérale. Les poulains présentent alors un gonflement de la région parotidienne. Ce mécanisme se produit parfois à la suite d’une infection. La dilatation provoque un dé­placement et un écrasement du larynx et de la trachée, avec un bruit respiratoire plus ou moins intense. Lorsque le tympanisme est bilatéral, une dyspnée sévère peut se produire. De la dysphagie (présence de lait au niveau des naseaux) est parfois observée et peut entraîner une bron­cho-pneumonie par fausse déglutition. Le diagnostic est clinique et radiographique.

LA MYCOSE

La mycose des poches gutturales est due à plusieurs espèces de champignons. Cependant, les Aspergillus spp. sont impliqués dans une large majorité de cas. Il reste à déterminer pourquoi ce champignon, communément trouvé dans les voies respiratoires du cheval et dans l’environnement, est capable de devenir pathogène chez des animaux qui ne sont ni débilités ni immunodéprimés.

Lors de mycose, les manifestations cliniques sont la consé­quence, d’une part, de la nature des structures anatomiques (vasculaires ou nerveuses) situées sous la plaque mycosique et, d’autre part, du stade d’érosion de la muqueuse : les différents symptômes ne sont pas toujours présents (épistaxis, jetage muco-purulent et/ou alimentaire, dysphagie, hémiplégie laryngée, syndrome de Claude Bernard-Horner et autres signes oculaires, paralysie faciale unilatérale, port de tête anormal, toux, etc.). Tant que les structures nerveuses et vasculaires ne sont pas attein­tes et que l’inflammation reste limitée, la mycose peut rester asymptomatique plusieurs semaines, voire quel­ques mois. Une fois déclarée, elle peut conduire rapidement à la mort du cheval ou, au contraire, évoluer chroniquement durant des mois, avec des séquelles variables.

L’examen complémentaire indispensable est l’endosco­pie afin de mettre en évidence la ou les lésions mycosiques. Elles apparaissent comme des plaques diphtériques dont la couleur varie entre le blanc, le jaune, le brun et le noir. L’étendue de la plaque comme sa localisation sont variables.

L’EMPYÈME

L’empyème des poches gutturales se développe en général secondairement à une infection des voies respiratoires supérieures ou au drainage intraguttural d’un abcès des nœuds lymphatiques rétropharyngiens médiaux adjacents. Les streptocoques, notamment Streptococcus equi responsable de la gourme, représentent les agents pathogènes les plus fréquents.

L’empyème se traduit par l’accumulation de pus dans une ou dans les deux poches gutturales, ou par la formation de chondroïdes dans les cas chroniques : l’exsudat purulent pré­sent dans la poche gutturale affectée peut se solidifier, formant alors des concrétions ovoïdes, dures et lisses. Le diagnostic d’empyème repose sur l’anamnèse d’un jetage nasal mucopurulent abondant, intermittent et accentué le plus souvent lorsque le cheval baisse la tête. Il est alors fréquent d’observer, à l’endo­scopie, un exsudat mucopu­rulent qui s’écoule des orifices pharyngiens, de même qu’une quantité plus ou moins importante de pus sur le plancher de la poche ou des chondroïdes.

LES TUMEURS

Les tumeurs des poches gutturales sont des affections rares. Les masses néoplasi­ques les plus couramment incriminées sont les mélanomes (notamment ceux provenant de la glande parotide), mais des cas de carcinome épidermoïde, d’hémangiome, d’hémangiosarcome et de fibrome sont rapportés. Les masses les plus petites sont généralement asymptomatiques et non décelables à l’examen physique.

Dans les cas les plus graves et les plus invasifs, la néoplasie peut se traduire par un jetage nauséabond, voire une épistaxis lors d’ulcération ou de nécrose de la muqueuse de la poche.