La visite pubertaire, un exemple de médecine préventive - La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013

SPÉCIAL AFVAC

Dossier

Auteur(s) : Valentine Chamard

La médecine préventive nécessite de repenser l’organisation des consultations et de proposer des visites personnalisées à chaque animal, adaptées à son espèce (le lapin par exemple), sa race (le cavalier king Charles) ou son âge (le chien “adolescent”).

Joëlle Finez-Leteneur, praticienne à Cuincy (Nord), a livré son expérience de la consultation pubertaire du chien, un concept récent, qui a émergé dans les années 2000 avec l’essor du comportement en tant que discipline, et la constatation qu’il existait un “désert médical” entre 4 et 15 mois d’âge, entre deux consultations vaccinales. Or il s’agit d’une période sensible en termes de mise en place du comportement, mais elle est aussi cruciale en ce qui concerne la croissance, les questions liées à la reproduction, l’adoption d’une ration alimentaire adéquate, etc. D’un point de vue financier, « le contexte économique donne pour le vétérinaire un intérêt marketing indéniable à ce concept qui ajoute une consultation supplémentaire au parcours médical du jeune animal, fidélise le propriétaire et propose des services autour de l’animal en “bonne santé”, manne économique indéniable en cette période de perte du nombre de consultations canines », indique notre consœur.

Fédérer l’équipe autour du projet

Or « si la systématisation de la consultation pubertaire peine autant à prendre son essor dans les cliniques vétérinaires, c’est parce que ce concept entraîne un véritable changement de paradigme entre la perception par le propriétaire du rôle du vétérinaire (qui passe du statut de soignant à celui de conseiller) et celle par le vétérinaire de son propre rôle, qui est le frein majeur à la mise en place de ce type de consultation ». Pour sa réussite, il convient de fédérer les différents acteurs autour de ce projet, de convaincre l’équipe de la valeur ajoutée de cette consultation supplémentaire. « Cela passe par l’explication détaillée au personnel des objectifs et du déroulé de la consultation, et l’écoute des éventuelles réticences. »

Promouvoir la consultation pubertaire

L’adhésion des propriétaires vient dans un second temps. Plusieurs voies de communication sont envisageables pour promouvoir la visite de “fin de croissance” (expression souvent plus évocatrice pour les clients). Cela peut être une campagne permanente, avec des fiches conseils sur le site internet et sur les écrans de la clinique, ou ponctuelle (newsletter, campagne de prévention sur la piroplasmose, reportage montrant le diagnostic précoce d’une ostéochondrite disséquante lors de cette consultation, etc.). Notre consœur conseille d’établir dès la première visite du chiot un plan de croissance personnalisé, un bilan des points à suivre, et de prescrire de façon systématique la consultation de fin de croissance dès la fin de la primovaccination.

Préparer la consultation pubertaire

« Pour que la consultation pubertaire soit valorisée, il faut qu’elle complète les consultations pédiatriques toujours trop courtes, qu’elle soit à la fois un constat et une anticipation du parcours médical ultérieur. Elle est une étape et doit donc être significativement différente », prévient notre consœur. Il faut également que les propriétaires, qui font la démarche de venir avec leur animal en bonne santé, « en aient pour leur argent ». Cette visite demande de la préparation. Il convient par exemple de se renseigner sur les standards (sur le site de la Société centrale canine, SCC) et les spécificités de la race (notamment pour proposer un test Multi Drug Resistance, MDR1 pour un border collie). Il est pertinent de demander au propriétaire, avant la visite (par e-mailing par exemple), ce qu’il en attend et quelles sont ses interrogations sur son animal.

Cadre de la visite

Notre consœur Joëlle Finez-Leteneur accorde 30 minutes à cette consultation, qu’elle facture avec une majoration de 30 à 50 % par rapport à la consultation de base. La visite se fait à l’âge de six à sept mois pour les petites races et de huit à dix pour les grandes. Elle se déroule dans la salle de consultation, mais peut aussi s’effectuer en partie à l’extérieur (pour observer la démarche, notamment). D’autres animaux (pour évaluer le comportement, par exemple) et d’autres personnes peuvent également intervenir pendant la visite.

Déroulé

La consultation débute par l’énoncé de son intérêt et de ses objectifs. Elle est suivie d’un examen clinique soigné, orienté et commenté, afin de le valoriser. Cette visite nécessite donc des compétences élargies et de la pédagogie. Un examen comportemental est également réalisé. Elle se poursuit par un entretien avec le propriétaire : si le praticien donne des informations, il est aussi à l’écoute de la demande des clients. Au cours de cet échange peuvent être abordés la nutrition, avec établissement d’une ration personnalisée, la courbe de croissance, la reproduction (en parlant du coût de la stérilisation, de ses avantages et de ses inconvénients), le lieu de vacances (prévention contre la leishmaniose, par exemple), etc. Des questions sur le comportement sont posées. Notre consœur s’appuie sur la grille 4A de Claude Béata qui permet d’évaluer l’agressivité, l’attachement, l’anxiété et les autocontrôles. En fonction du score, cela peut déboucher sur la prescription d’une consultation comportementale dédiée.

Lors de la consultation, il convient de réaliser une démonstration pratique, au choix : nettoyage d’oreilles, coupe de griffes, brossage de dents, ou encore la visite de la clinique pour montrer le matériel disponible. Notre consœur choisit également de développer un ou deux thèmes sur un support attractif (telle une tablette). À la fin, elle remet une fiche récapitulative (sur laquelle figurent les conseils donnés pendant la séance, la courbe de croissance, la hauteur au garrot, les données sur la fréquence cardiaque, etc.) et établit le calendrier des soins ultérieurs. C’est aussi l’occasion de parler d’assurance santé.

OBJECTIFS DE LA CONSULTATION PUBERTAIRE

→ Pour le vétérinaire :

– établir un bilan clinique et comportemental, dans une période charnière, hors de tout contexte anxiogène ;

– délivrer des connaissances techniques et scientifiques personnalisées, et se positionner ainsi comme un interlocuteur indispensable ;

– faire adopter des conduites de prévention (expliquer ce qui peut arriver à l’animal) ;

– fidéliser le couple animal-propriétaire, en créant du lien.

→ Pour le propriétaire :

– avoir le temps de parler de son chien avec le vétérinaire ;

– être rassuré sur le développement clinique et comportemental de son animal ;

– revenir sur les difficultés non résolues ;

– avoir des réponses à de nouvelles questions ;

– anticiper les éventuels problèmes grâce à un interlocuteur compétent.

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